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Trois heures trente, première partie

Pour changer un peu, vous avez décidé de publier ici une historiette qui vous trotte dans la tête depuis quelques heures. Vous n'avez aucun plan; comme d'habitude, vous laissez les mots venir les uns après les autres, au gré de votre inspiration. Vous ne savez pas pourquoi vous avez eu envie d'écrire une telle histoire, mais le fait que quand l'inspiration toque à la porte, on ne la laisse pas poireauter sous le porche.

 Une précision cependant: l'histoire qui suit est écrite à la forme du "vous", comme vous en avez l'habitude, mais aucun des personnages n'est réel (la preuve: vous ne fumez pas, vous). Du coup, le "vous/narrateur" n'est pas...vous, et la créature de ses rêves n'existe pas non plus. Vous dites ça pour qu'aucun de vos chers amis qui passent dans le coin ne se fassent des idées comme à leur habitude. 

 Sur ce, voici la première partie!

 

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"Votre main émerge à tâtons de la couverture pour agripper mollement le réveil matin qui lui faiblement sur votre petite table de nuit du dix-neuvième. Après votre main, c’est l’un de vos yeux –celui que vous sacrifiez à la lumière après de longues heures dans l’obscurité- qui suit pour se poser sur l’heure : trois heures trente du matin.

 

Ouais. Super. Vous n’avez pas besoin de faire un dessin pour expliquer la situation : vous n’arrivez pas à dormir. La créature qui dort à vos côtés monopolise le gros des draps et, comme d’habitude, a vampirisé toute la douce chaleur de votre corps d’athlète (bon, d’accord, un athlète sur le retour qui se laisserait aller un chouïa sur le chocolat devant le film du vendredi soir, mais un athlète quand même) en y collant des petits pieds aussi glacés que le regard de votre ancien professeur de mathématiques lorsque vous aviez oublié votre compas.

 

Bon, il est trois heures trente du matin et vous n’avez pas encore fermé l’œil. Ou en tout cas, vous n’avez pas dormi. Peut-être est-ce parce que les voisins du dessus ont encore laissé éclater leurs différents pour le grand ravissement de vos oreilles curieuses avant de se réconcilier tout aussi brillamment, ou parce que ces réconciliations là ont déteint sur l’humeur de la créature de vos rêves qui s’est soudainement sentie très câline. Ou alors vous n’auriez pas dû boire ces tasses de café avant de vous mettre au lit. Ou peut-être encore est-ce votre imagination débordante qui n’arrête pas de travailler sur votre prochain projet attendant tranquillement d’être présenté à un éditeur qui saura voir le génie visionnaire dont vous faites preuve. Si si, visionnaire, parfaitement !

 

Mais visionnaire ou pas, vous ne pouvez pas dormir. Silencieusement, avec autant de précaution qu’un lapin dans un terrier de renards, vous vous glissez totalement hors des draps. Votre chère et tendre, bien qu’endormie, saute sur l’occasion pour s’enrouler dans l’entier des draps. Tant pis, vous irez chercher une couverture plus tard dans l’armoire. Vous espérez simplement qu’il n’y aura pas que celle que tante Josiane vous a tricoté pour Noël dernier, la laine irrite votre peau de pêche (pêche d’athlète, comme on le sait).

 

Du coup, vous vous retrouvez en boxer assis sur la portion de matelas qui vous est allouée dans le deux pièces et demi que vous partagez avec la créature de rêve. Le coude sur la cuisse, le menton dans la main, vous fouillez la semi-obscurité du regard. Les lueurs de la vie nocturne que laisse passer la fenêtre –en plein été vous ne prenez pas la peine de fermez les stores- projette sur les murs des ombres diaphanes. Au loin, les rires cristallins des jeunes plein d’avenir qui rentrent de soirée parviennent à vos oreilles, tandis que les étoiles au firmament… Putain de merde, où a bien pu passer votre paquet de cigarettes ?

 

Agacé, vous ouvrez le plus délicatement le tiroir (du dix-huitième, celui-ci ; les antiquaires aiment bien bricoler) de votre table de nuit et en tirez un paquet de clopes à moitié entamé. A vrai dire, vous ne fumez presque jamais : après l’amour particulièrement intense, lorsque vous attendez fébrilement que l’éditeur vous envoie son retour ou lorsque, comme cette nuit, le sommeil vous fuit et les angoisses vous habitent.

 

Les fameuses angoisses… Voilà un moment qu’elles ne vous avaient pas rendu visite celles là. Du coup, vous êtes un peu étonné qu’elles vous retombent dessus comme le papier peint de la salle de bain (vous attendez encore le professionnel qui doit s’en charger ; visiblement, son dîner a pris plus de temps que prévu.). La main autour de la clope, vous grattez une allumette –les briquets ne vous aimant pas, vous y avez renoncé ; le dernier a explosé dans votre poche- et vous tirez une première bouffée salvatrice. Vous détestez le goût du tabac, quel qu’il soit, mais vous continuez quand même.

 

Votre gorge n’apprécie guère ; vous toussez. Derrière-vous, vous entendez la douce créature bouger.

 

Et merde..."

 

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