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Livre

  • De l'infinité des librairies

     

    Vous aimez les librairies. Ce qui ne devrait pas être une surprise pour quiconque vous connaissant un tant soit peu. La lecture, ça fait partie de vous à un point tel que dès la petite enfance, vous en êtes devenu indissociable. (1) Et où trouve-t-on des livres ? Dans les librairies, pardi ! Et dans les bibliothèques, bien entendu, mais vous êtes moins attiré par ces dernières. Vous y allez rarement, tout simplement parce que vous oubliez que vous en avez l'opportunité la plupart du temps, et que quand vous en ressortez, c'est presque toujours sans rien avoir trouvé. Il y a quelque chose dans l'ambiance de bibliothèque -du moins celle de votre ville- qui ne vous happe pas autant que vous n'auriez cru. Vous ne savez pas pourquoi. Vous aimeriez bien être un capybara (le meilleur rongeur) de bibliothèque.

     

    Vous vous sentez tout de suite plus chez vous en libraire. Notamment la grande librairie de la ville, où vous effectuez la grande majorité de vos commandes et achats livresques. Vous vous y sentez toujours bien, il y règne une activité bourdonnante mais agréable, et vous vous sentez un peu lié aux client.es qui arpentent ses rayons, toustes uni.es dans la recherche du bon bouquin pour le bon moment (il ne faut jamais sous-estimer la force du bon moment, qui peut faire et défaire les livres les plus formidables comme les plus inattendus). Même lorsque vous n'avez aucun objectif en tête, si vous êtes en ville et que vous passez à côté, vous allez y rentrer. Aussitôt à l'intérieur, c'est comme de faire escale dans une jolie gare sur le trajet en train de votre vie (ou quelque chose dans ce goût-là). Du moment que vous êtes en librairie, le monde au-dehors s'arrête ou, du moins, ralentit un peu. Du moment que vous êtes en librairie, tout est possible. Du moment que vous êtes en librairie, le multivers vous tend les bras.

     

    Récemment, la chouette (2) libraire du rayon anglais vous a recommandé un roman de science-fiction touchant justement à la théorie des mondes parallèles, ici mise en pratique dans un récit d'une diabolique efficacité ! Il s'agit de « Dark Matter », de Blake Crouch. Un livre que vous avez dévoré en deux séances au cours de la même journée, ce qui n'était pas forcément partie gagnée ! Mais suite à un début plutôt terre-à-terre, l'intrigue a su vous captiver, mettant en scène les mondes parallèles à l'aide d'une imagerie puissante et d'un scénario finement maîtrisé ! Mais, plus que tout, vous pensez qu'on mesure un livre à l'impact qu'il continue d'avoir sur nous, et celui-ci vous trotte encore dans la tête des jours après, et vous y repenserez sûrement ici et là tout au long de votre futur.

     

    Tout ceci vous amène au thème des décisions prises, des issues évitées, des actes manqués et des rêves inassouvis, réalisés ou qui se sont vu changés suite à une cascade de décisions semblant au préalable sans importance. Et cela vous fait réfléchir. A ce que votre vie serait, si ces variables étaient rentrées en jeu à des moments charnière. Si vous aviez fait ceci à la place de cela. Si vous aviez osé. Peut-être seriez-vous alors quelqu'un de totalement différent, aujourd'hui. Peut-être que ces possibilités -cette infinie variations de vous- vous auraient propulsés sur des routes qui vous sembleraient aujourd'hui totalement impossibles, inimaginables, voir farfelues ! (3)

     

    C'est le genre de questionnement qui vous anime, depuis quelques mois. Une soudaine reprise de conscience de votre mortalité, de la vie qui défile à vitesse grand v telle un vol d'oies aux becs ouverts sur une remise en question de leur existence et oh purée est-ce qu'on n'est pas en train de foncer sur cet avion et qui se rappelle du cheminohseigneurnonpitié... ! Et se dire que la mort arrive, si ce n'est pas facile à avaler (même avec une cuillère de miel), c'est aussi se rappeler qu'avant, il y a la vie. Et franchement, être en vie, vous trouvez ça plutôt chouette. Malgré toutes les difficultés que ça représente. C'est banal, on vous dira, mais les banalités ont leur importance, surtout lorsqu'il s'agit de continuer à faire un pas derrière l'autre. Sans les banalités, on n'en serait pas là.

     

    C'est banal, aussi, de se demander comment sa vie aurait tourné si des décisions différentes avaient été prises. Si on était allé jusqu'au bout de tel rêve, de telle idée, de telle lubie. On si on avait évité ceci, cela, si on n'avait pas engagé la conversation avec cette personne, ou si on avait osé parlé à celle-ci. Est-ce que le sens de la vie se trouve dissimulé derrière l'une de ces portes, tel un chat Schrödinger (la réponse étant que peu importe l'état du chat, ce dont est sûr c'est qu'il sera peu jouasse à l'ouverture) ?

     

    Dans une autre vie, peut-être que vous auriez échappé aux tares qui vous poursuivent. Peut-être que vous seriez « un élément productif de la société ». Peut-être que vous seriez dans un corps plus sain, un esprit plus sain, une vie moins douloureuses. Peut-être que vous seriez de ces gens qui, plutôt que de lire des livres, se content de quelques décorations froide et blanches dans un appartement artistiquement vidé. Peut-être que vous auriez DEUX plantes vertes (ce qui ferait de la compagnie à Pamela, la plante grimpante qui vous suit depuis plus ou moins dix ans, fidèle constante végétale de votre vie hors du nid parental). Peut-être que vous seriez devenu paléontologue, suivant votre rêve d'enfant jusqu'au bout (trop de poussière et de genoux par-terre, le dos tout plié). Peut-être que vous seriez écrivain, à la suite d'un autre rêve lointain.

     

    Dans une autre vie, peut-être que vous auriez une famille. Non pas parce que c'est ce que la société aurait voulu, mais parce que vous auriez eu envie de la fonder, cette famille. Avec la bonne personne (qui, comme les bons livres, dépendent souvent du bon moment). Vous y pensez souvent, dernièrement. Non pas que vous regrettiez tant que ça que cela ne soit pas le cas, mais parce que cette vie vous semble tant aux antipodes de celle que vous vivez actuellement, qu'elle en devient souvent curieuse. Connaître ce que cela implique d'avoir des enfants, des êtres issus en partie de vous, avec lesquels existe un lien qu'on ne peut comprendre autrement. Qu'on ne peut qu'imaginer. Parfois, vous vous demandez si par vos choix, vous vous êtes coupé de quelque chose d'important, d'unique, du cosmique pur à l'échelle humaine. Mais cela n'est pas pour vous, une vie comme ceci. Vous n'êtes probablement pas équipé pour. C'est le regret de la curiosité qui vous saisit parfois, ou du moins est-ce ainsi que vous le vivez. Parce qu'il serait probablement trop dur de faire autrement.

     

    Peut-être qu'il y a une vie où vous auriez parlé à cette personne. Peut-être qu'il y a une vie qui vous attend, quelque part dans les recoins du multivers comme dans les recoins de la libraire où chaque livre s'ouvre sur un nouveau monde.

     

    Peut-être... Il y a quelque chose dans un bon « peut-être », ou du moins un « peut-être » radicalement différent, qui se trouve être plutôt séduisant, souvent triste, parfois difficile. Peut-être que vous pourriez être quelqu'un de profondément différent, si les dés étaient tombés différemment, si vous aviez agi différemment, si vous aviez osé différemment...ou peut-être qu'au finale, vous seriez juste vous, à nouveau. Et quoi qu'il arrive.

     

    Qui que vous seriez alors, vous espérez juste que dans l'infinité des réalités possibles, il y aura pour vous toujours une librairie.

     

     

     

    1. Tout ça grâce aux dinosaures. Vous avez appris à lire en recopiant des nom de dinosaure de mémoire, avant même vos premiers jours d'école. Les dinosaures, c'est chouette. Voilà. Vous aviez juste envie de cette petite précision qui a sans doute changé votre vie.

    2. Vous aimez les livres, et vous aimez les mots. Une suite logique, on vous dira, ce qui ne la rend pas moins...chouette ! Chouette étant votre mot favori lorsqu'il vous vient en tête de dire du bien de qui ou quoi que ce soit. Il y a juste quelque chose de profondément joyeux et sincère dans ce mot qui peut tout aussi bien devenir une expression sincère qui, pour vous, veut dire beaucoup !

    3. Surtout celle avec la chèvre jaune !

  • Photo

    Une photo de vous et du dernier Pratchett, parce qu'il le vaut bien. Et vos lecteurs ont de la chance, vous vous êtes rasé ce matin! =D

     

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     La classe non? XD (remarquez le jouliet vieux Faucon Millenium au-dessus de Gaston Lagaffe :P)

  • Timbré

    Tel est le titre du dernier Terry Pratchett qui vient de paraître. Et un nouveau Pratchett, pour vous, c'est comme une mâne du ciel. Vous ne vous en lassez pas: vous en avez déjà lues cent-cinquante et quelques pages et c'est toujours aussi bon, aussi drôle, aussi incisif, aussi pertinent, aussi anglais et aussi profond. Des personnages hauts en couleur, un univers fantastique travaillé et, surtout, une bonne dose d'humour lié à une intelligence subtile offrant comme toujours de nombreuses pistes de réflexions. Et tout cela superbement traduit de l'anglais par Patrice Couton, traducteur officiel de Pratchett dont le talent et la fidélité de traduction sont exemplaires.

     

    Ce livre aura mis du temps à parvenir jusqu'à vos vertes contrées: il n'est sorti que ce mois en Suisse alors qu'il a été écrit en 2004 en Angleterre. Mais ce trentième roman de la fabuleuse série des Annales du Disque-Monde -que vous conseillez fortement à tout lecteur intelligent et vif d'esprit appréciant autant le rire que les larmes, le burlesque que l'épique. vous allez le savourez! En effet, vous avez appris en surfant sur le net que Terry Pratchett souffrait d'alzheimer et, dorénavant, chacune de ses publications revêtira pour vous une importance toute particulière quand vous les aurez entre les mains; sans compter les anciennes, que vous relisez régulièrement et toujours avec le même plaisir.

     

    Car s'il y a bien un auteur dont vous vous réclamez, ou du moins que vous considérez comme un maître de l'écriture, c'est bien Terry Pratchett. 

    En bonus, le quatrième de couverture de ce trentième opus du Disque-Monde, qui se révèle déjà excellent après quelques cent-cinquante pages (sur près de cinq cents):

     

    " "Je vous offre un emploi, monsieur Lipwig, déclare le Patricien. Celui de ministre des postes".

    Pour Moite von Lipwig, imposteur, arnaqueur professionnel, faux et usage de faux, recel d'abus de toute sorte, le choix est simple: remettre sur pied le service postal moribond d'Ankh-Morpork ou... la corde. Une décision épineuse.

    Mais peut-être faut-il un filou pour réussir là où tant de ses prédecesseurs ont échoué. Surtout que la compagnine interurbaine des clic-clac (Note de vous: les clic-clac sont l'équivalent du télégraphe dans le Disque-Monde) est tombée aux mains de financiers peu scrupuleux (sauf pléonasme).

    Alors... Assistera-t-on à une tentative de rédemption dans le monde timbré du courrier, un monde en attente d'un affranchi?"

     

     Et oui, chaque annale du Disque-Monde a un thème, et c'est maintenant à la poste que s'attaque Terry Pratchett avec le talent, l'humour et l'intelligence que l'on lui connaît! Et quand un des personnages est un golem qui 'appelle Monsieur Lapompe, on ne peut s'attendre à que du bon!

     

    Et en extra-bonus, la première phrase du chapitre un, qui donne tout de suite le ton:

     "On dit que l'idée d'être pendu au petit matin aide considérablement l'esprit du condamné à se concentrer; malheureusement, il se concentre inévitablement sur le fait qu'il habite un corps qu'on va pendre au petit matin."

     

    Allez, vous avez encore plus de trois cents pages à lire! -^^-