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La guerre des légumes

Diantrefosse, sac à papier, sabre de bois! Une historiette! Sur ce blog! Bon sang, j'ai un blog! Bref, que dire de plus si ce n'est... bonne lecture! o/

 

Est-ce qu'il y avait de la continuité dans ces historiettes? Qui était encore dedans? Il s'était passé quoi déjà? Heu... Bon, ben si y en a, celle-ci est la nouvelle. Hop. x)

 

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Vous entrouvrez la porte de la cuisine, y glissant un nez prudent ; des fois que quelque chose déciderait de s'en prendre à vous, autant ne sacrifier que votre organe olfactif. Il ne vous est plus bon à grand chose, de toute façon. Ce que vous devez aux patates : vous aviez distraitement oublié que vous étiez allergiques aux pelures de pommes de terre. Oh, pas le légumineux en soi, juste la peau. Parce que évidemment, votre système immunitaire ne pouvait pas opter pour quelque chose de plus classiques. Du coup, vos mains brûlent un peu aussi, mais ce n'est pas trop grave ; de toute façon, cela fait bientôt un quart d'heure que vous ne sentez plus votre pouce gauche. Ce qui vous embête un peu, vous l'aimiez bien, votre pouce gauche. Certains ont une meilleure oreille, d'autres un meilleur œil, vous, vous avez un meilleur pouce. Ce qui, en soi, n'en permet pas une utilité si formidable, mais qui peut s'avérer pratique une manette dans les mains. Bref, vous pouvez faire une croix sur les jeux vidéos les prochains jours. Malheureusement, vous ne tapez pas avec les pouces, vous n'aurez donc guère d'excuse pour ne pas bosser sur votre roman. La page blanche est impitoyable, et la noirceur de son âme n'a pas d'égale. Voyant que votre nez n'a rien, et enhardi par votre succès, vous vous engouffrez plus en avant dans la pièce, clignant des yeux face à la lumière de l'ampoule qui grésille. Et pas pour l'effet dramatique. Vos yeux se plissent à cause des oignons, et l'ampoule grésille à cause du bout de carotte qui vient de s'y consumer. Les restes des victimes gisent sur le champ de bataille, et vous devez à un miracle le fait qu'aucune de vos phalange ne gisent entre deux cœurs de poivrons. Vous avancez un pied, et un sinistre craquement se fait entendre dès que vous le reposer. Ce qui rappelle le bruit sec et sinistre de la nuque d'un soldat qui se brise sous le talon d'acier de son adversaire impitoyable n'est autre qu'une demi-carotte (et tout le monde sait qu'il y a peu de légumes plus impitoyables qu'une carotte aux abois). Entre vos jambes, Petit Chat se faufile et s'en va renifler une pelure à l'air bien trop innocente pour être honnête. Vous n'osez la ramasser, de peur de tomber sur une patate sournoise ayant décidé de faire la morte pour vous tromper. Autour de vous, le carnage est total, mais la victoire certaine.

Tout ça, c'est à cause du chou. Alors que vous faisiez vos courses, quelques jours plus tôt, vous êtes soudain tombé nez-à-nez avec un formidable spécimen de son espèce. Blanc comme les cimes de l'Himalaya au soleil, sphérique à la perfection telle un planétarium d'antan, et bombé comme...ben, comme un truc bombé. A court de métaphores, voilà à quoi vous avait réduit cette rencontre tout droit sortie d'un rêve ! L'emprise du légume était totale, sa volonté implacable ; vous n'aviez aucune chance de remporter un tel duel. A votre défense, vous étiez fatigué, votre écharpe vous grattait le cou, et une fois lâché dans supermarché vous devenez aussi influençable qu'un tas de pâte à modeler impressionnable (même si vous ne sentez pas aussi bon ; sérieusement, vous investiriez la moitié de votre fortune dans un kickstarter proposant de créer des shampooing odeur play-doh). Un enfant devant tous ces cadeaux de Noël se montrerait plus raisonnable que vous devant le rayon fromages et produits laitiers. Du coup, votre frigo déborde la plupart de temps de plus de parfums de yoghourts différents qu'il y a d'éléments sur la table périodique, des fois que vous risqueriez de rater une nouvelle expérience saisissante sur la nature du goût. Mais revenons-en au divin légume ! Ah, si vous aviez su qu'en vous en saisissant, vous prendre le chou n'aurait jamais été si bien employé... Que de terribles batailles auraient-elle pu être évitées avec le don de prescience, et comme il est vain de s'appesantir sur des espoirs impossibles ! Bref, le chou, donc. Autant dire qu'il a aussitôt fini dans votre chariot. Vous aviez alors repris votre route entre les rayons, sifflotant gaiement avec la satisfaction d'une prise réussie. A bien y réfléchir, une chose aurait pourtant dû vous mettre la puce à l'oreille : le chou, vous n'en raffolez pas tant que ça. Oh, vous n'avez rien contre, de la même manière que vous n'avez rien contre, disons, les napperons en dentelle ou les lampadaires. Disons que s'il y en a dans votre assiette pour une raison ou pour une autre, vous en manger sans avoir la moindre raison de vous plaindre (le chou donc ; si vous trouviez de la dentelle ou un lampadaire dans votre assiette, même dans votre fuite éperdue du conflit il y aurait des chances pour que vous vous laissez aller à une petite pointe de discussion polie.). Alors pourquoi acheter soudain un chou entier, vous qui ne courrez pas après (ça roule vite ces machins-là) et qui, surtout, n'en avez jamais cuisiné un, entier ou en kit. Peut-être aviez-vous été saisi par cet instant rare où l'on aperçoit soudain un élément constitué de l'essence même de l'élément qu'il représente. Comme si ce chou avait été le chou suprême, l'idéale platonicien de ses frères légumes, l'Elvis Presley aux feuilles aussi veloutées que la voix d'un crooner ! C'était une lubie, tout simplement. De célèbres et sanglants conflits avaient été déclarés pour moins que ça (du moins vous le supposez ; vous ferez des recherches plus tard.).

Le fait est que si vous aviez su... Fou que vous étiez, ivre du sentiment de supériorité d'une jeunesse (oui, parfaitement, vous avec encore des restes!) prêt à tout et déchue du moindre sentiment de responsabilités, vous avez ramené la carcasse de la bête vaincue dans votre antre. Avec la ferme intention de la mitonner comme jamais elle avait été mitonnée (vous l'espérez en tout cas ; vous appréciez rarement acheter des légumes déjà cuisinés une fois par quelqu'un d'autre). L'élue de vos jeunes jours vieillissants (s'il faut vraiment se coller à la réalité) n'étant pas censée rentrer d'un séminaire impromptu avant tard ce soir, vous aviez tout le temps de vous y atteler ! Plus de temps que pour figurer ce qu'était exactement un séminaire impromptu. Vous avez demandé, mais vous n'avez pas compris. Elle non plus, ce qui devait expliquer son air un peu paniqué lorsqu'elle avait franchi la porte de l'appartement. Quant à Petit Chat, les seuls trucs impromptus auxquels ils daignent s'intéresser sont ceux qui se déversent dans sa gamelle. Au moins, pensiez-vous, avec un chou, pas de risque d'impromptu. Les choux sont beaucoup de choses, mais impromptus, il y a peu de risques. Ce qui est vrai. En réalité, les choux sont uniquement des meurtriers psychopathes voués au mal le plus sombre pour le simple plaisir de voir le monde brûler. Le monde étant constitué de vos trois plaques dont la capacités de chauffage oscille entre les pieds froids d'un cadavre et la fournaise du magma en fusion. Trois plaques, parce qu'à la place de là où une quatrième aurait dû se trouver, il n'y a qu'un cercle en métal surélevé sur lequel repose un couvercle décoré de coquelicots saisissants de réalismes (de ceux dont les yeux vous suivent à travers la pièce lorsque vous vous déplacez). L'étrange appareillage était déjà là lors de votre emménagement, tel une étrange idole de temps plus anciens que vous n'avez jamais osé désacraliser. C'est très pratique pour poser les plats à spaghetti.

Les dix premières minutes, vous les avez passées à contempler le chou, qui reposait silencieusement sur une planche à découper. Vous aviez la désagréable impression qu'ils vous narguait, et vous commenciez sérieusement à vous sentir mal à l'aise. Vous étiez sur le point de mettre de la musique pour essayer d'endormir ses sens lorsque vous êtes finalement décidé à commencer par les oignons. Oui parce que dans un élan d'optimisme et d'énergie, puisque vous aviez décidé de vous attaquer à un chou, autant ne pas épargner les autres légumes du coin ! Votre riche idée constituait donc à trancher vifs toutes vos victimes sans distinctions de goûts ou de couleurs pour les mélanger dans une autre casserole. Le tout arrosé d'une sauce ou une autre, vous aviez encore le temps d'improviser un truc. Depuis quelques temps, vous essayer régulièrement de vous passer de viande pendant quelques jours, ce qui vous pousse à logiquement compenser via des solutions très simples, comme : plus de légumes. Vous avez même poussé l'effort jusqu'à acheter d'exotiques patates douces, votre esprit confus par le manque de protéines étant arrivé à la conclusion que leur consistance serait sans doute la plus proche d'un épais morceau de bœuf. Seulement, à rêver au dit exotisme des douces patates, on en oublie de faire attention avec les oignons, et on se retrouve des larmes plein les yeux. Ce qui ne fut pas arrangé par toutes les fois où vous avez distraitement essayé de les essuyer de vous doigts embaumés (votre sens pratique possède la capacité d'apprentissage d'un poisson rouge sous acides). Vous soupçonnez le chou d'avoir organisé une farouche résistance, envoyant les oignons subalternes au casse-pipe pour retarder l'échéance et handicaper vos sens fragiles. Il avait sans doute besoin de plus de temps pour ourdir son plan diabolique. Vous avez donc repassé de longues minutes à le fixer de vos yeux larmoyants, réfléchissant soigneusement à la suite de votre plan à vous. Toujours décidé à agrémenter le champ de bataille d'une victorieuse bande sonore pour vous donner du courage, vous avez enclenché la musique, les hauts-parleurs à fond, avant de vous rabattre sur les carottes. Si elles pensaient que vous le aviez oubliées, elles se trompaient lourdement ; elles n'échapperaient pas non plus à l'hécatombe. Que dites-vous, au génocide ! Alors vous avez rincé, pelé, tranché (et pas, forcément dans cette ordre, compte tenu de votre distraction légendaire), le tout dans un rythme endiablé ! Seulement, le rock des années huitante ne faisait pas la meilleure musique de guerre ; la débâcle des flans au caramel du printemps dernier aurait pourtant dû vous servir de leçon. Vous avez donc passé beaucoup de temps à récolter des bouts de carottes un peu partout dans la cuisine, et on n'a pas combattu tant qu'on a n'a pas dû décoller un morceau orange d'un joint de cuisine. Petit à petit, vous efforts furent récompensés, les légumes ne faisant pas le poids face à votre abnégation coutumière (à savoir : essaie, et si ça ne marche pas, essaie encore jusqu'à que l'un ou l'autre parti cède ou se lasse). Les oignons étaient hachés malgré les larmes, les carottes étaient plus ou moins toutes rassemblées, les pommes de terre et leur peau de dragon étaient vaincues, les sparadraps avaient été appliqués, les poivrons vidés et découpés... Quant aux patates douces, elles n'avaient de doux que leur nom. Plus encore que leurs cousines locales, elles s'étaient révélées être un adversaire aussi trompeur que sournois. En essayant d'y trancher dans le vif, vous avez failli vous casser le poignet, inconscient de la résistance offerte par ces petites bêtes. Ce n'est qu'à la sueur de votre front et au travail acharné de vos petits muscles épars que vous avez réussi à les émincer. Toutes, sauf une, qui avait réussi à emporter dans la tombe l'un de vos plus fidèles compagnons : elle reposait maintenant dans un coin, la lame d'un couteau fichée en son centrer, le manche gisant tristement quelques centimètres plus loin. En regardant bien, vous aviez encore presque l'impression de voir le métal vibrer.

Ne restait donc que votre ennemi, votre némésis, le général d'une armée vaincu qui n'avait alors plus rien à perdre tandis qu'il vous restait encore presque tous vous doigts ! C'était le dernier duel, la guerre qui allait mettre fin à toutes les guerres, l'apogée d'une longue soirée de souffrances et de traîtrises dans les tranchées de votre cuisine (le sol de votre appartement étant étrangement inégal). Bref, c'était lui ou vous. Et malgré tous vous efforts, vous n'étiez pas sûr de pouvoir remporter le combat. Le chou n'avait encore affronté personne, tandis que vous aviez épuisé toutes vos tactiques, l'essentiel de vos ressources, et presque tout le mercurochrome. Tel Rambo pris au piège dans la jungle ennemie, il ne vous restait qu'à vous jeter sur l'infâme oppresseur, un couteau entre les dents. Enfin, non, pas entre les dents. Disons, prudemment tenu à bout de bras. Vous auriez bien fait cercle autour de lui d'un air dramatique, allant jusqu'à marcher au ralenti, mais la cuisine étaient bien trop petite, et vous aviez déjà failli glisser sur un demi poivron (ce qui aurait mis une fin abrupte au conflit ; ce sont les vainqueurs qui écrivent les histoires, et ils étaient heureux que les légumes ne sachent pas le faire). Vous ne pouviez plus reculer, maintenant. Le moment était venu. Vous aviez saisi la sphère d'une main aussi ferme que possible, faisant tout pour éviter de croiser le regard plein de défi du chou (ce qui n'est pas difficile que ça au fond, d'éviter le regard d'un chou). Vous aviez alors abattu votre lame de bourreau, décidé à lui accorder la dignité d'une fin rapide tout en sachant pertinemment que l'horrible adversaire ne se serait pas privé de vous faire longuement souffrir dans les pires tourments de l'enfer. Mais le scélérat n'avait pas dit son dernier mot (ni même de premier d'ailleurs) : la pointe avait rebondi sur la courbe parfaite, ricochant le long des feuilles pour manquer se planter dans la paume de votre autre main, ébahie de se faire assaillie ainsi par sa sœur de toujours. Car ce n'était pas dans la cuisson, mais dans la coupe que se livrait l'âpre bataille, diraient plus tard les nombreux et pertinents -bien qu'un brin dramatiques- livres d'histoire écrits sur le sujet. Il vous fallait revoir votre stratégie, ce n'était pas une vulgaire pomme que vous alliez devoir tailler en pièce, mais un vieux roublard qui avait vu ses armées mourir et qui n'allait certainement pas reculer maintenant, pas sans périr dans un vaillant baroud d'honneur.

La lutte fut épique. Tellement épique vous ne trouvez plus de mots pour la décrire. Aucun n'aurait pu fait honneur à une si homérique bataille, et il est des choses qui se doivent de rester dans les cauchemars des souvenirs les plus sombres, ceux que les vétérans n'échangent qu'entre eux et à demi-mots avant d'emporter le reste dans leur tombe. Il suffit de dire que le chou tomba. Littéralement. Au moins trois fois. En plus d'être résistante, la chose était glissante. Mais l'eau lavait toutes les salissures, et les feuilles hachées rejoignirent bientôt les autres légumes mourants dans la grande casserole de l'au-delà, où bouillonnait déjà la sauce fumante. Une sauce piquante coréenne ramenée par votre chère et tendre suite à son séjour au pays du matin calme. Sauce un brin périmée, ce qui ne vous faisait pas peur car vous partez du principe qu'une sauce piquante ne se gâte pas mais gagne en caractère comme du bon vin. Le résultat en sera le récit d'autres batailles, le lendemain, sur lesquelles l'histoire aura la décence de garder le silence. Pourtant, vous aviez adouci le tout avec du miel. Rien n'adoucit un plat comme du miel. Et rien ne colle comme du miel. Des heures plus tard, vous aurez encore le sentiment d'avoir les mains poisseuses après vous les être lavées au moins douze fois. Vous n'apprendrez-donc jamais.

Et voilà pourquoi vous revenez maintenant sur le champ de bataille désert, pour jeter un œil prudent sur la mixture en train de gargoter joyeusement au fond de sa casserole. Voilà un bon moment que cela mijote. Une heure ? Un peu plus, un peu moins, vous avez perdu le compte. Vous humez le délicat fumet qui s'en échappe, ou plutôt son absence vu l'état de vos narines, sans doute à jamais éclopées par les horreur de la guerre. Alors vous tendez l'oreille, pour mieux saisir se fameux gargouillis. Ce fameux gargouillis, donc. Pourquoi n'y a-t-il rien qui gargouille dans votre cuisine ? Pourtant, quelque chose fume, c'est donc que cela cuit ! Et là, horreur : il y a bien quelque chose qui cuit, mais ce n'est pas la potée de légume. Il s'agit du manche en pastique du couteau brisé, qui commence à se souder à la plaque. La mauvaise plaque. Celle que vous avez allumée par erreur et que vous vous empressez d'éteindre dans un mouvement de panique, tandis que votre esprit affolé est persuadé d'entendre raisonner à vos oreilles le rire sépulcral issu de l'âme néfaste de tous ces légumes froids. Vous avez subitement envie de pleurer un chouïa, et plus à causes des oignons. Vous ne comptez plus le nombre d'années depuis que vous vivez dans cet appartement, et vous confondez toujours aussi bien les interrupteurs des plaques que les interrupteurs du salon. D'un œil morne et fatigué, un peu éteint, vous contemplez le plat froid et l'état désastreux de la cuisine. Votre ventre se décide à faire entendre les gargouilles qui manquaient, et votre désespoir n'a d'égal qu la déconvenue d'un Napoléon en exil. Vous songez à rendre les armes, découragé à l'idée de devoir attendre un temps fou avant de vous mettre à table, quand vous entendez tourner une clef dans la serrure.

« Coucou ! » lance une voix aimée. « Alors, finalement, il s'avère qu'impromptu, ça a à voir avec... Qu'est-ce qui s'est passé ? »

Elle vous fixe, interdite face à votre air misérable. Puis, soudain :

« Pizza ? »

Vous confirmez d'un air las. Petit Chat se met à ronronner : il adore les champignons, et vous n'aviez même pas eu le bon goût d'en prévoir pour la casserole. Les légumes attendront, ils ont bien mérité un peu de répit.

Se décollant du plafond, une feuille de chou rescapée se met à tomber en tourbillonnant paresseusement ; en tendant bien l'oreille, on entend comme un frôlement de satsifaction.

Commentaires

  • Tout simplement excellent! Sacré chou va! Promis, la prochaine fois que je fais une poule au pot, je te vengerai en le découpant en rondelles!

  • Merciii! -^^-

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