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Seul

C’est un de ces jours où vous vous sentez mal. Enfin, plutôt une de ces période. Une longue période pleine de jours qui se succèdent, se suivent et, surtout, se ressemblent. Des jours où vous réveillez trop tôt parce que vous ne pouvez plus dormir. Des jours où il y a cette boule dans votre ventre qui essaie de remonter le long de votre cage thoracique pour venir se loger dans votre gorge. Des jours où la nausée devient un art de vivre, s’abattant sur vous par vagues comme les sauterelles voraces sur le champ de blé. Des jours où vous ne pouvez pas avaler grand-chose, et des jours où au contraire, vous compensez votre mal être par la nourriture (oooh, il est 16h30 ? allez, un menu complet au McDo avant le souper. Souper suivi de l’engloutissement d’une boîte de biscuits et d’au moins deux verres de lait. Une heure plus tard, vous avez cette sensation de faim qui revient vous tenailler l’estomac…).

 

Plus rien ne vous intéresse comme avant. Lire vous est pénible : après un ou deux chapitres, vous devez vous forcer pour déchiffrer les lettres qui s’alignent face à vos yeux fatigués. Ecrire, comme vous le faites maintenant, est une épreuve : vous débordez d’idées, mais vous n’arrivez pas à les coucher sur le papier –enfin, le clavier- et après quelques minutes d’écriture, votre esprit s’ennuie. C’est pareil pour tout : lire, écrire, jeux vidéos… A peine commencez-vous que vous en avez déjà marre. Vous pensez sans arrêt à ce que vous devez faire ensuite. Vous n’êtes pas à côté de vos pompes, mais sans cesse dans celles d’après. Le moment présent devient pour vous une véritable torture assaillie par les fameuses sauterelles de la  nausée.

 

Vous vous sentez seul. Et c’est sans doute le cœur du problème. Vous n’arrivez plus à vivre correctement dans le cocon familial, et vous vous coupez des parents. Vous aimez vos rares amis, mais parfois vous vous demandez si ce qu’il y a entre eux est vous est réellement de l’amitié. Entre leurs problèmes et les vôtres, vous ne savez plus où donner de la tête. Vous avez envie de sortir, de rencontrer du monde, mais vous ne savez pas comment le faire seul. Vous avez tenté de reprendre le contact avec des anciens amis dont vous aviez vraiment envie d’avoir des nouvelles, vous n’avez pas de réponses. Alors oui, vous vous sentez seul.

 

Fut un temps où vous adoriez sortir vous balader sans compagnie, au bord du lac ou en ville, vous installer dans un chouette coin et lire un bon bouquin. Ou simplement contempler le décor en écoutant de la musique ou tout à vos réflexions. Ce n’est plus le cas. Sortir seul devient une épreuve : vous vous ennuyez à peine arrivé en ville, et vous avez envie de rentrer chez vous. Seulement, une fois chez vous, vous n’avez qu’une envie : repartir. Vous avez parfois l’impression de passer votre vie dans le train. Quand vous êtes chez vous, vous vous sentez seul, vous vous sentez mal. Quand vous vous baladez, la vue de ces groupes d’amis qui font tant de choses ensemble, la vue de ces couples vous rend triste, et vous vous sentez mal.

 

C’est bien là le fond du problème. Vous n’êtes pas satisfait de votre schéma relationnel actuel, et vous vous sentez profondément seul. Et vous ne savez pas quoi y faire pour y remédier. En cheminant pensivement le long d’un pont, en ville, vous vous êtes brièvement demandé ce que cela faisait, de grimper le long de la rambarde et de sauter. Que personne ne s’alarme, hein, tout le monde s’est sans doute demandé cela une fois dans sa vie. Et puis, vous n’en avez pas l’intention, vous aimez trop la vie pour ça. Même si elle se trouve être plutôt difficile pour vous ces temps-ci. Et pourtant, elle ne devrait pas : vous êtes plutôt en bonne santé, vous avez votre famille, un toit sur la tête, de la nourriture… Et pourtant, vous avez cette sensation persistante qu’il vous manque quelque chose.

 

Le problème –du moins une part-, c’est toute cette réflexion. Penser vous fatigue de plus en plus. Vous avez l’impression que toutes les idées se mélangent dans votre tête, et vous n’arrivez plus à vous concentrer correctement. C’est comme… c’est comme vivre perpétuellement au cœur d’une tempête où le vent hurle sans arrêt et ne vous laisse pas un seul instant de répit. Parfois, vous passez des heures à ne rien faire, déchiré entre toutes les possibilités, ne faisant que penser et penser sans vous arrêter… Vous aimeriez juste pouvoir vous déconnecter. Dormir, par exemple. Dormir longtemps, jusqu’à ce que cela aille mieux. Dormir des jours, des mois et vous réveillez calme et serein. Mais vous savez parfaitement à quel point c’est illusoire.

 

Le fond de toute cette histoire, c’est que vous vous sentez seul, immensément seul, perdu au milieu de vos pensées qui tourbillonnent. Et que vous n’avez pas le courage d’y remédier. Ou, plutôt, vous ne savez pas comment vous y prendre pour ne plus ressentir cette solitude qui vous dévore. Vous n’arrivez qu’à attendre en pensant sans cesse dans toutes les directions, seulement l’attente ne résout jamais tout.

 

Et c’est tout ce dont vous êtes capable.

Commentaires

  • Je connais également.... -_-;;

  • J'aimerais retenir surtout cette phrase: "Vous avez parfois l’impression de passer votre vie dans le train".

    Sauf que j'aimerais aussi ajouter que la tempête mentale, c'est ce que je subis depuis plus d'une dizaine d'années. Et que le dilemme des potentialités multiples, je connais aussi.

    Ainsi que l'attente.

    Pour reprendre du Desproges que j'ai lu hier: "Je me heurte parfois à une telle incompréhension de la part de mes contemporains qu'un épouvantable doute m'étreint: suis-je bien de cette planète? Et si oui, cela ne prouve-t-il pas qu'eux sont d'ailleurs?"

  • Mais à part ça, ça a aussi du bon: ton style mûrit !

  • Mon style, mais pas ma sociabilité...

    Ce texte n'a rien à voir avec l'incompréhension des autres ou mes différences avec le monde extérieur. C'est juste...juste le reflet de ma solitude. Ces gens qui sortent, qui passent du temps ensemble, j'aimerais en être. C'est juste un texte sur ce que je ressens et ma solitude, rien de plus, rien de moins...

  • C'était juste parce que j'avais envie de citer du Desproges.

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