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A, c'est Abélisaurus

 

Et oui, de temps en temps, il m'arrive de faire une note d'humeur concernant ma vraie vie à moi. C't'un blog après tout. Un peu d'angoisse existentielle lui est nécessaire, comme l'oxygène à la vie (ceci dit, j'y rajoute quand même des dinosaures, parce que tout est plus cool avec des dinosaures).

 

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Vous n’avez jamais su draguer. Non, vraiment. Pour vous, l’acte de courtiser son prochain ou sa prochaine vous est aussi naturel que, disons l’aptitude d’une poule à pondre des œufs carrés ailleurs que dans une bande dessinée de Carl Barks ou Don Rosa. D’ailleurs, vous rencontriez sûrement plus de succès auprès de la gente opposée si vous étiez un canard. Ca ne doit pas bien être compliqué, d’être un canard. Ils ont sans doute bien moins de paramètre à prendre en compte et, surtout, ils n’ont pas à parler. Ce qui représente sans nul doute votre plus grande faiblesse. Autant vous êtes capable de discourir des heures par écrit avec la première personne inconnue venue, autant  vous retrouvé face à face avec un premier inconnu venu pour de vrai vous plonge dans des abysses de terreur, de gêne et de perplexité. Et il ne s’agit pas uniquement de la drague, ça non : la moindre interaction prolongée avec une nouvelle personne vous perturbe et vous déstabilise, comme la première bestiole venue prise dans la lumière des phares. Lorsque vous allez acheter des yoghourts au supermarché du coin où le coffret dvd de la dernière saison d’une de vos séries favorites à la Fnac et que le/la vendeur/euse commence à parler de la pluie et du beau temps dans le simple but de faire la conversation, vous souffrez le martyr. Vous n’avez aucune idée de quoi rétorquer, et même une question aussi banale que « Il fait chaud, vous ne trouvez pas ? » vous force à réfléchir parfois une dizaine de secondes. La météo vous indiffère, et vous n’avez aucune opinion sur rien tant que vous n’êtes pas habitué à la personne qui vous cause. Et vos habitudes se créent lentement, sur de nombreux mois, voire années, et en aucun cas avec des gens obsédés par le temps qu’il fait.

 

Or donc, pour en revenir au sujet premier : si une simple discussion banale avec un inconnu au supermarché vous bloque à ce point, comment voulez-vous arriver à vous en sortir lorsqu’il est question de séduire quelqu’un d’autre ? Vous êtes tellement effrayé à l’idée de dire une bêtise que rien ne vient. Le moindre son lutte pour franchir votre gorge, tandis que vous réfléchissez aux dizaines de possibilités différents qu’aurait un interlocuteur d’interpréter n’importe quel mot ou phrase, de « Oui, moi aussi je trouve que les arbres sont verts. » à « percolateur ». Du coup, si vous remarquez une fille qui vous plait, vous passez instinctivement en mode évitement et gêne. Au gymnase, apercevant une telle personne se joindre à la file de la cafétéria dans laquelle vous vous trouviez aussi, vous aviez laissé sur place plateau, assiette et services pour vous précipiter dans les couloirs, loin de toute possibilité d’échec mais le ventre vide. Quant aux compliments, le seul que vous n’ayez jamais réussi à baragouiner dans une vaine tentative de drague, ça devait ressembler à quelque chose comme « Tu as de jolis sourcils ». Encore aujourd’hui, cette soudaine et impromptue fixation sourcilière vous hante, incapable de comprendre pourquoi les sourcils. Vous vous demandez ce que Freud en aurait dit et, depuis, vous vous la coincez avant de commenter le lobe délicat d’une oreille droite ou la rondeur d’une joue gauche.

 

Non, vous n’avez jamais su draguer, vous n’avez jamais ni compris ni appris comment faire. Le concept vous laisse toujours aussi perplexe aujourd’hui qu’à la période de vos quatorze ans. Un véritable savoir-faire qui vous est inconnu, et dans lequel vous vous réussissez à vous aventurer uniquement si vous savez d’avance que vous n’avez pertinemment aucune chance (personne trop jeune, trop âgée, en couple, de la planète Xygplut…). Allez chercher l’erreur… Vous faites en fait partie de cette catégorie de gens qui se laissent draguer par autrui. Non pas par paresse –malgré votre flemme naturelle- mais parce que vous ne savez pas le faire vous-même. Ce qui ne vous a pas empêché de passer parfois complètement à côté de tentatives vous visant, en partie parce qu’il vous paraît fort inconcevable d’attirer l’attention de qui que ce soit, en partie parce que vous naviguez dans la vie le nez en l’air à regarder les nuages sans voir ce qu’il y a sous votre nez. Bref, autant dire que jusqu’à aujourd’hui, cette technique du « laisser faire » n’aura que rarement porté ses fruits. Si votre vie amoureuse passée n’est pas nulle, elle est néanmoins ténue et particulière. Comme pour presque tout dans votre vie, ça vous est tombé dessus un jour sans passer par la moindre étape intermédiaire. Sortir avec quelqu’un, finalement, vous ne savez pas ce que c’est, vous ne l’avez jamais expérimenté, du moins de manière logique et conventionnelle. Pas de réel premier rendez-vous, ou de dîner aux chandelles, aussi désuète mais cocasse que soit l’expression. Bref, la drague, le couple, les sorties, ça vous laisse totalement « clueless », comme on dit en anglais (et parce que là tout de suite vous n’avez aucun équivalent aussi fort en français qui vous vienne à l’esprit et que vous regardez/lisez/écoutez bien trop de trucs en anglais).

 

Au jour d’aujourd’hui, il faut bien avouer que votre situation n’aide pas vraiment à la chose. Quand on a vingt-quatre ans, qu’on vit encore chez ses parents et qu’on n’a pas ne serait-ce que la perspective d’un emploi et d’une carrière, ça n’aide pas vraiment en soirée (où vous n’allez généralement pas, de toute façon). Attention, vous n’êtes pas là pour sombrer dans l’auto-apitoiement, mais pour énoncer des faits. D’autant que votre vie actuelle est le résultat d’un grand nombre de paramètre plus ou moins compliqués. Bref, en plus de n’avoir aucune idée de comment vous y prendre, vous avez de la peine à imaginer qu’on puisse s’intéresser à vous (bon, d’accord, un soupçon d’auto-apitoiement. Mais c’est normal, c’est un blog ! Hu hu. Ahem. Bref… ). Surtout parce que lorsque vous vous décidez enfin à parler, c’est généralement dans un domaine que vous maîtriser mais restant au combien particulier, comme votre faculté à citer un dinosaure pour chaque lettre de l’alphabet ou la portée sociale de Battlestar Galactica (c’est quand même plus fun que le temps qu’il fait. Franchement). Vous ne savez pas vous glisser dans l’entre-deux, cette zone de la conversation où vous et une autre personne êtes censés apprendre à vous connaître.  Voilà sans doute pourquoi vous êtes généralement plus à l’aise dans les groupe de plus deux personnes, parce que cela implique qu’il y aura toujours quelqu’un d’autre pour lancer et nourrir la conversation pendant que vous vous goinfrer de raviolis aux crevettes en songeant au dernier épisode de Lost (oui, bon, ce n’est plus d’actualité, mais Lost restera toujours Lost !). Et puis à l’idée d’arriver un jour à démarrer une relation amoureuse, vous ne pouvez vous empêcher d’imaginer la rencontre avec les parents de l’être aimé :

 

Pseudo belle-maman : -C’est un plaisir que de faire votre connaissance ! Fifille nous a tellement parlé de vous, mais on est content de mettre maintenant un visage sur ces mots ! Vous voulez plus de poulet ?

 

Vous : … *luttant pour surmonter votre angoisse d’être confronté à de nouvelles personnes* Ngh.

 

Beau-papa éventuel : Alors c’est vous qui voulez souiller le corps de mon unique fille chérie ? Alors c’est vous qui fréquentez pupuce ?

 

Vous : … *rendu perplexe par une question dont la réponse vous semble évidente, tout en ayant la désagréable impression d’être dans la ligne de mire d’un redoutable avion de chasse* Nft ?

 

Pseudo belle-maman : Mais reprenez donc des courgettes !

 

Beau-papa éventuel : Et vous avez les moyens d’entretenir la prunelle de mes yeux, avec votre dégaine minable de type qu’a aucunement l’air d’avoir travaillé dur une fois dans sa vie ? Et vous faites quoi dans la vie ?

 

La fille : Papaaaa !

 

Pseudo belle-maman : Allons Arthur, ne gêne pas notre invité ! Plus de salade de pommes de terre?

 

Vous : Euh… *retrouvant –hélàs !- la faculté d’articuler des sons n’étant pas uniquement constitués de consonnes* Ben… Pas grand-chose. Enfin c’est-à-dire que je ne sais pas encore… euh, pas trouvé ma voie… En fait, l’AI, tout ça, hem… Mais euh… J’aime bien écrire, oui, et pis les dinosaures. Vous connaissez le Neuquensaurus ? Je reprendrai volontiers des patates, madame Michud !

 

Les autres : *silence gêné et inconfortable*

 

Et après, vous ne serez plus jamais capable d’apprécier une bonne salade de pommes de terre. Bon, oui, vous forcez un peu le trait, mais c’est inévitablement le scénario qui vous vient en tête. Cette désagréable impression de ne pas être un bon investissement sur le long terme : vous n’y connaissez que dalle à la véritable vie de couple, et vous n’avez même pas vraiment eu l’occasion d’être le stagiaire qui photocopie les polycopiés. Votre expérience sentimentale est erratique et aussi intense que diffue, et vous êtes au final très dépourvu concernant ces choses-là. A plein d’autre choses aussi, comme les mathématiques ou Emmanuel Kant.

 

Tout ça pour dire… Ben, que c’est quand bien même embêtant. Que la drague, et tout ce que cela implique, ça ne manque pas de vous laisser perplexe (vous l’avouez : vous adorez ce mot. Franchement, il  y a peu de mots qui, à la sonorité, sont si proches de leur sens. Un peu comme « cocasse »). Vous n’y comprenez rien, vous ne savez pas vous y prendre et vous n’avez aucune idée de par où commencer. Vous avez surtout l’impression d’avoir un train de retard (ou même toute une gare de triage) en la matière, et si dans la vie de tous les jours cela ne vous préoccupe pas forcément, quand ça vous vient finalement à l’esprit et que vous vous retrouvés confronté à votre solitude, vous vous dites que c’est quand même ballot, tout ça. Et que toutes les filles du train (d’après un de vos anciens articles), au final, vous ne saurez jamais les aborder. Et vous direz bien que descendre toujours seul sur le quai, c’est un peu relou, mais ça ferait trop Grand Corps Malade ™.

 

Et si jamais, la lettre Z, ça peut être Zizongosaurus ou Zéphyrosaurus. Ca dépend si vous êtes plutôt sauropode ou non.

Commentaires

  • Tu m'as coupé l'herbe sous le pied ^^ j'allais citer Grand Corps Malade

  • Que veux-tu, c'est parce que chuis tendance. Ouais. =D

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