Une page pour commencer la semaine!^^
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Adams la retint quelques instants encore, l'air un peu inquiet. Il ne savait pas trop si elle avait réellement calmé ses ardeurs, ou si la colère était prête à refaire surface. Quant à Delgado, il n'avait même pas poussé un cri quand elle l'avait frappé et n'avait rien dit ensuite. Il se contentait de les regarder en silence, sans la moindre réaction. Il donnait l'impression d'être sous le coup d'une attente, ou d'une profonde réflexion. Mais Martha ne lui accordait plus aucune attention, et le major finit par la lâcher. La femme chercha le regard du militaire, et c'était elle qui le retenait, maintenant, et ce sans même le toucher.
-Qu'y a-t-il, Canton, vous avez eu peur que j'aille trop loin avec notre saboteur ?
-Et bien, j'avais rarement vu quelqu'un d'autant en colère. La seule personne capable d'enrager autant que je connaisse, c'était mon vieux major d'instruction, le major Pinchalov. Et encore, j'aurais envie de dire qu'il me faisait moins peur.
-Ne jamais sous-estimer la colère d'une mère. Mais notre prisonnier n'a rien à craindre de moi. Et ce n'était pas moi qui était prêt à l'abattre, tout à l'heure, quand il a perdu la tête. Je vous ai vu sortir votre arme.
-Seulement en cas de dernier recours.
Elle ne répondit rien et ils restèrent là, comme s'ils se jaugeaient à nouveau, chacun essayant de savoir jusqu'où l'autre était capable d'aller. Sans doute auraient-ils pu rester ainsi encore longtemps, le reste du wagon semblant avoir disparu à leurs yeux, si Lucie n'était pas venue rejoindre sa mère. Elle tira le poignet de Martha pour attirer son attention, et réussit à rompre le charme :
-Maman ?
-Ça va ma chérie. Et ne t'inquiète pas, tu ne risques rien. Le major a la situation en mains, n'est-ce pas major ?
-On fait ce qu'on peut. Puis, après un coup d’œil sévère de la part de Martha, il se reprit avec un raclement de gorge gêné, presque malgré lui. Je veux dire bien sûr. Que j'ai la situation en mains. Au poil, même. Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait ajouté cela, et il était sûr que le major Pinchalov n'aurait pas approuvé. Il salua les Robbins de deux doigts portés à sa tempe, et il alla retrouver Delgado en compagnie de Horst.
-Je ne m'inquiète pas, dit Lucie, souriant à sa mère pour la rassurer. Je ne me suis pas vraiment fait mal quand le train s'est arrêté, et puis les soldats sont là pour nous protéger maintenant. Comme depuis qu'ils m'ont trouvée. Et monsieur Delgado ne me fait pas peur.
-Tu es courageuse, comme toujours.
-Parce que tu l'es plus que moi. Mais je ne dis pas tout ça pour te rassurer. Il ne me fait pas peur, parce que les rêves sont pires. Enfin, je ne sais pas vraiment s'ils sont pires, mais ils sont plus dangereux. Plus réels, aussi.
Martha ne regarda pas sa fille avec un air incrédule, pas plus qu'elle n'essaya de la rassurer. Sa fille rêvait depuis longtemps -depuis toujours, il lui semblait- de telles choses, et si elle n'avait jamais pu comprendre ce phénomène jusqu'à aujourd'hui, elle lui avait toujours accordé un certain crédit. Parce que c'était sa fille, et qu'elle ne pouvait pas plus la mettre en doute qu'elle ne pouvait arrêter de respirer. Seulement, elle n'aurait jamais imaginé que la situation prendrait une telle tournure qu'elle franchirait la dernière barrière qui séparait ces rêves étranges de la réalité. Martha en avait peur, plus que jamais, parce c'était là une chose contre laquelle elle ne savait pas comment protéger sa fille.
-Maman ?
La voix de la fillette était à présent plus insistante, et l'instinct de Martha lui souffla que les ennuis ne faisaient en réalité que commencer.
-Qu'est-ce qu'il y a, ma chérie ?
-Je crois qu'on va encore avoir des ennuis. Enfin, plus que maintenant. Le bleu...
-...le bleue arrive. C'est son territoire, ici, à la surface que nous sommes tous fous de braver, intervint Diego Delgado d'une voix plus forte. Il donnait l'impression d'hésiter entre afficher un sourire satisfait et une grimace craintive. Et avant que John Horst n'ouvre la bouche pour lui demander une explication, des coups sourds retentirent contre la cloison. Du siège où il s'était installé, Ed Travers bondit soudain :
-J'ai senti quelque chose se jeter contre le wagon ! Je l'ai senti, je vous dis !
-Major!lança Paul Ravert, la radio à la main. C'est Grümman. Il y a un problème, dehors.
Commentaires
Iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!
Comme c'est frustrant que ton histoire ne soit pas déjà publiée... J'aimerais avoir le chapitre suivant tout de suite :P