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  • "Un ami qui me comprenne, et des livres par centaines..."

    La vie n’est pas seulement comme mettre un chat dans une baignoire, elle est aussi –mais ça vous ne l’apprendrez à personne- compliquée. A vrai dire, s’il s’avère que vous l’apprenez à quelqu’un qui ensuite vous dira « Non non, moi je trouve pas. Rien de plus simple, tout baigne. Pas d’problèmes, ah ah. », vous aurez là tout de suite l’envie de lui proposer d’échanger la sienne avec la vôtre. Comme ça, pendant que le faquin devra composer avec celle que vous lui laissez, vous pourrez mesquinement ficher le bordel dans la sienne. La vie est compliquée, point. Ce qui n’empêche pas de bien la vivre, attention ! Même si, parfois –et même souvent- vous avez un peu de peine…

     

    C’est comme l’art de la conversation : vous ne savez pas comment vous y prendre. Tiens, pas plus tard que tout à l’heure tandis que vous promeniez votre chienne, un vieux promeneur inconnu mais sympathique que vous avez croisé a engagé la conversation sur « le temps qu’il fait » (c’est une obsession, ma parole, le temps qu’il fait, chez les gens !). Or, vous êtes tout bonnement incapable de tenir une telle conversation. Vous vous êtes donc retrouvé à bafouiller comme un gamin appelé devant la classe. Le vieux promeneur inconnu mais sympathique (à la sémillante moustache, pour ceux qui aiment les détails) a dû vous trouver bien bizarre.

     

    Bref, votre vie, vous aimez bien la vivre, mais vous n’avez pas pour autant l’impression de la vivre pleinement. Toujours cette satanée sensation d’incomplet, comme s’il manquait des pages à votre livre ; qu’on avait laissé les chapitres d’exposition en oubliant les paragraphes qui vous donneraient les clefs de lecture. C’est fou ce qu’on peut faire avec un livre, des métaphores aux coups de dictionnaire sur la tête des importuns. Bien sûr, le mieux c’est encore de les lire. Mais qui lira celui que vous êtes, hein ?

     

    Au travers de discussions forts intéressantes, vous en arrivez à la conclusion que vous êtes finalement assez seul. Oh, vous avez une famille et des amis qui vous aiment –et que vous aimez aussi- mais vous n’avez pas l’impression de vous sentir compris pour autant. Vous avez l’impression de ne dévoiler certaines parties de vous-même qu’en présence de tel ou tel personne –même proche- de votre entourage, tandis que vous en dissimulez d’autres. Du coup, vous pensez n’être jamais vous-même et pour finir vous ne savez même pas qui vous êtes vraiment. Vous ne vous sentez pas complet, même auprès de ces personnes qui vous aiment, parce que vous avez sans cesse l’impression d’être tiraillé et de vous adapter à votre interlocuteur. Parfois, vous rêvez d’avoir une personne dans votre vie auprès de qui vous pourriez simplement vous trouvez sans avoir besoin d’exacerber l’un ou l’autre trait de votre caractère tout en en taisant d’autre. Quelqu’un qui pourrait vous prendre dans ses bras en silence, sans vous harceler avec des « maisquestcquivapas ? » dont sont coutumiers les membres de votre famille à qui vous arrivez à vous confier et vos rares amis à qui vous vous laissez aller à livrer certains aspects de vous-mêmes. Pour vous, un ami ce n’est pas seulement quelqu’un qui vous parle et vous abreuve de conseils et de vérités, mais aussi quelqu’un qui sait se taire, et simplement rester avec vous sans toujours chercher à savoir. Un tel silence –qui n’en serait finalement pas un- vous apparaîtrait alors comme une des plus belles preuves d’amitié. Mais comme vos amies et amis –que vous aimez beaucoup, hein- ne sont pas du genre à ça et qu’ils ont plutôt tendance à vous assénez dès « je le savais/je t’expliquerai/je te l’avais bien dit/je ne te comprends pas, moi je… », vous n’avez encore pas trouvé une telle chose. Les gens se contentent de laisser un marque-page ici et là aux passages qu’ils comprennent, mais aucun n’a le courage de lire le livre entier, voilà tout.

     

    C’est là qu’intervient le titre de votre note. Cette phrase est en fait tirée d’une chansonnette du film de Disney « La Belle et la Bête » (oui, vous aimez bien les Disney ! Un problème ?) qui en plus d’être votre dessin animé préféré (pas seulement chez Disney, mais en général) a eu le génie de mettre en scène le personnage de Belle, qui vous paraît bien moins gourde que grand nombre d’héroïnes. Et l’un des passages chanté par la belle (ah ah) dit ceci :

     

    « Je veux m'envoler dans le bleu de l'espace,
    Je veux tout ce que je n'ai pas :
    Un ami qui me comprenne
    Et des livres par centaines,
    Sans m'occuper des gens qui jacassent. »

     

    C’est fou comme il suffit parfois d’un simple dessin animé ou d’une chanson pour entendre les phrases qui nous parlent. Comme quoi, pas besoin de les chercher dans des bouquins de philosophie rédigés par des types qui écrivent comme s’ils présentaient un théorème. En tout cas, ces quelques mots vous définissent très bien... S’envoler ailleurs, vouloir ce que vous n’avez pas, arriver à ne plus vous soucier de ce que tout le monde pense et, surtout, « un ami qui me comprenne, et des livres par centaines. » Même gosse, ce passage là vous scotchait devant la télé tellement c’était –c’est encore d’ailleurs- ce que vous n’étiez pas arrivé  à exprimer vous-même tout en s'accordant à votre amour de la lecture. Au moins, vous avez sans doute des centaines de livres (en tout cas une). Cela dit vous n’avez pas le temps de tous les lire, et celui que vous êtes reste toujours fermé, incomplet, comme un vieux bouquin rongé aux mites posé sur une étagère. D’ici à ce que quelqu’un le prenne au lieu du livre flambant neuf avec sa belle couverture mis en évidence devant les rebuts, vous avez sûrement le temps de voir venir et d’angoisser en vous posant plein de questions.

     

    Si vous affectionnez les Disney, il est vrai que ce n’est pas quelque chose de réel : la vie est compliquée. Mais ça, vous ne l’apprendrez à personne…

  • Bill

     Une histoire qui vous est venue comme ça... Parfois, il suffit de bien peu de chose. ^^

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    Bill était de bonne humeur. Il faut dire que Bill était un pigeon, et qu’en tant que tel il ne demandait pas grand-chose. De quoi picorer, des cibles pour se débarrasser du surplus de picorement et de belles colombes auprès desquelles fricoter lorsqu’il se sentait d’humeur canaille.

     

    Pour l’heure, Bill battait joyeusement le pavé, sa tête d’oiseau sans cesse en mouvement. Saccade sur saccade, il regardait autour de lui avait l’air étonné et globalement inexpressif qu’avaient les pigeons. Ses petites pattes maladroites tricotant gaiement sur le sol de pierre, il se demandait à quoi il allait bien pouvoir occuper son temps libre. Et, avouons le, un pigeon a beaucoup de temps libre. Peut-être parce qu’il ne sait pas ce que c’est. Alors il mange sur la première place venue, boit une goutte dans la première flaque venue et se soulage sur la première tête venue (ou parfois l’épaule, Bill ne visait pas très bien). Sans oublier les colombes. Très important, ça, les colombes.

     

    Comme Bill venait de prendre un bain dans la fontaine quelques rues plus loin, il avait le poitrail gonflé et le plumage ébouriffé typique des oiseaux mouillés. Il se sentait beau, il se sentait propre, et le fait qu’il eut à partager ses ablution avec deux mégots de cigarettes et une vielle canette ne le dérangeait pas outre mesure. Il en fallait bien plus pour déranger Bill le pigeon.

     

    Parce que c’était un crac, le Bill. Un as dans son domaine, une pointure ! Il roucoulait comme personne, et nul autre volatile citadin n’avait autant de classe que Bill quand il s’avançait pesamment de sa démarche de vieux propriétaire. Les jeunes pigeons courbaient l’échine devant lui et les colombes se pâmaient comme les plus romantiques des collégiennes devant la dernière star à la mode. Quant aux moineaux, ils gazouillaient de peur sur son passage. Quand Bill arrive en ville, on change de trottoir, sifflaient-ils aux nouveaux. Il y avait bien le vieux corbeau qui ne se laissait pas marcher sur les serres, mais comme il était vieux et sénile –d’autant plus qu’il digérait mal la perte de son fromage depuis que l’ami goupil s’aventurait de plus en plus loin dans la ville- Bille ne lui accordait guère d’attention. Il était le boss, et cela n’était pas un vieux corbac de malheur qui allait dire le contraire.

     

    Or donc, Bill était de bonne humeur. S’il avait su ce que c’était et que son bec aurait été physiologiquement adapté, il aurait sifflé avec l’accent allemand. Que voulez-vous, même les pigeons ne choisissent pas leurs prénoms… Mais comme Bill n’avait pas la moindre idée de ce que pouvait bien être un prénom, il n’en souffrait pas le moins du monde. Bill souffrait peu, parce qu’il ne savait pas grand-chose. Ce qui était le cas de la plupart des pigeons.

     

    Crâne de piaf, mais cœur léger, Bill se pavanait nonchalamment entre les réverbères ; il se disait qu’il n’avait bombardé personne depuis longtemps, et qu’il serait bientôt temps de mettre en route une nouvelle couvée de petits Bill des villes, farouches et solitaires, comme leur père !

     

    Aussi, perdu dans ses pensées aussi légères que les plumes qui garnissaient son arrière-train, Bill descendit sur la terrasse le cœur léger. Il ne savait pas que ce jour serait le dernier.

     

    En effet : a peine avait-il posé une patte indolente sur ladite terrasse qu’une tornade humaine jaillit d’une habitation, hurlant des imprécations. Bill n’eut pas le temps de comprendre. Il n’eut pas le temps de comprendre que certaines personnes n’aimaient vraiment, mais vraiment pas les pigeons. Et le malheur le choisit comme dindon de la farce.

     

    Sur la terrasse, il n’y avait plus qu’un petit tas de plumes et d’os brisés.

     

    Bill avait été de bonne humeur, mais comme Bill était un pigeon, en tant que tel il lui suffisait de peu de choses…

  • Recyclage

    Et oui, vous recycle une vielle note retrouvée sur votre vieux blog qui avait connu une vie plus qu'éphémère! Mais elle parle de McDo, et de viles personnes vous ont fait saliver aujourd'hui! Alle zou, recyclage!

     

    Vous êtes un monstre bourré de défauts et de vices. Parfaitement, de vices!

    L'un d'entre eux vous a soudainement sauté à la figure comme un pop-corn dans le micro-ondes alors que vous preniez votre repas de midi. Au McDo. Et vous vous avouez enfin ce terrible travers: vous aimez manger dans la chaîne de self-services du gros M jaune. Oui, vous aimez McDonald. Vous aimez les cheesburgers caoutchouteux dégoulinant de ketchup et de fromage industriel et leurs gros muffins au chocolat. Pire, vous aimez leurs frites dont la dose de sel semble varier d'un jour à l'autre à l'image de leur structure moléculaire même. Vous adorez ça. Comme un gamin, vous engloutissez avidemment et AVEC PLAISIR cette nourriture infâme.Oui, avec plaisir! Petit, vous collectionniez même les jouets et construisiez les décors avec les boîtes en carton. Et, comme si porter ce pêché ne suffisait pas, le clown détient son arme la plus redoutable, celle qui vous fait saliver rien que d'y penser: la sauce moutarde.

    Votre délice caché, votre honteux plaisir. Votre régal. Lorsque vous la sentez se répendre sur votre langue, votre palais perd tout contrôle, électrisé par la doucereuse sensation de bonheur que ce goût éveille en vous. La sauce moutarde du MacDonald n'est en aucun cas, comme certains impies bien-pensants se plaisent à le croire, une vulgaire moutarde mais bien une sauce à part! Une composition que vous n'avez jamais retrouvée hors de ces restaurants américains à service rapide ornés d'un M stylisé du plus jaune (tiens, comme ladite sauce moutarde), une saveur unique que les gardiens du savoir ronaldien gardent jalousement: une merveille face à laquelle vous perdez tout contrôle, vous conduisant comme le premier junkie venu en manque de drogue dure.

    Oui, vous qui me lisez avec vos yeux horrifiés et vos estomacs révulsés d'horreur, vous avez bien été témoins de cette sinistre révélation: moi, j'aime McDonald!

    Décidemment, vous êtes irrécupérable, enlisé dans votre honteux bourbier. Un paria perdu à jamais pour la société dite bien pensante. Parfaitement! Lecteurs qui me condamnez, vous avez raison, mille fois raisons: vous êtes un maillon au service de l'impérialisme américain s'étendant jusque dans nos vertes campagnes!

    N'empêche, là tout de suite, vous vous avaleriez bien un succulent double-cheese.

    Avec un peu de sauce moutarde...