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Genèse, le remake

Réactualisation de vieilles idées et de concepts qui me trottent depuis longtemps dans la tête concernant la création de mon propre monde fantastique. Le texte qui suit, tout neuf, réactualise un texte datant de nombreuses années. Le sujet est le même, les idées de base aussi, mais l'ensemble a profité de toute une réflexion afin de le remettre en mots mieux que jamais.

 

Là aussi, si je suis inspiré et que je reste motivié, j'aimerais bien continuer à m'y mettre régulièrement, ne serait-ce que parce qu'il y a encore beaucoup de choses concernant Iqhbar que j'aimerais mettre en mot. ^^

 

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Iqhbar: La Genèse


"Au début, il n’y avait rien. Bon, techniquement, il y avait bien quelque chose, mais il n’y avait pas encore de mots pour le nommer, et puis partir de rien a toujours donné un certain cachet aux histoires de créationnisme. Personne n’a envie d’apprendre que son monde n’était qu’une boule de poussière dans laquelle un être suprême s’est cogné le gros orteil un lendemain de cuite. Si l’être suprême ne l’a pas lui-même mise au four de la création pour en faire une boule, il n’y a là guère de gloire. Voilà pourquoi il est plus commode de dire qu’au début, il n’y avait rien (ou alors peut-être un très gros four). Et le problème du rien, c’était que sans quelque chose à l’aune duquel se définir, et bien il n’était pas grand-chose. Peut-être est-ce cette prise de conscience qui généra spontanément l’univers, ou alors ne s’agit-il là que des caprices du hasard cosmique. Toujours est-il que du néant émergèrent matières, formes et mouvements. En comparaison, il était maintenant capable de comprendre le rien. L’ironie étant qu’il n’avait du coup pas pu survivre à la compréhension de son concept. Bref, d’un rien à la fois petit et immense car il était tout, on était maintenant arrivé à un gros bordel. D’aucun persistent encore à croire que ce fut une belle boulette de l’univers et que ce dernier s’en serait bien mieux tiré sans exister, mais ce ne sont là que des divagations de négationnistes. De grands frustrés, si vous voulez mon avis !

 

Donc, il n’y avait rien et puis après, il y avait quelque chose. Difficile de dire si tout ce quelque chose est apparu spontanément comme une colombe sous le chapeau de l’univers, où si ce dernier s’est constitué petit à petit. Beaucoup, tièdes, diront « un peu des deux »et pour une fois ils n’ont sans doute pas vraiment tort. Le passage d’un état à l’autre a dû être soudain, la première molécule venue faisant d’un coup basculer le statut quo. Ensuite, à partir de cette molécule (qui n’avait rien demandé à personne) ou d’autre chose, le reste ne s’est pas construit en un jour. Mais il s’est bâti malgré tout, à son rythme, prenant son temps à coup de longues accumulations de matière ou par sursauts rageurs, faisant voler les supernovas. Toujours est-il que ce qui était un coin plutôt tranquille s’est vu devenir bruyant (métaphysiquement, car il n’y a bien que la métaphysique pour faire du bruit dans l’espace) et engorgé, un peu comme le quartier du coin pendant la construction d’un vulgaire rond-point. Il y eu des étoiles, des comètes, des satellites, des trous noirs, un tas de phénomènes auxquels on n’a jamais donné de nom car n’ayant jamais pu être observés ou étant tout simplement partis dans une autre dimension plus accueillante et, ce qui nous intéresse tout particulièrement, il y eu des planètes. De toutes les tailles, de tous les types, mais toutes sphériques et répondant à des lois relativement barbantes qu’il n’est pas de mon domaine d’expliquer. On a beau dire, lorsqu’il s’agit de science, l’homme comme l’être supérieur manquent singulièrement d’imagination. Enfin, des planètes, donc, et il en est une dans ce sac de billes intersidérales qui nous intéresse tout particulièrement : celle que, bien longtemps après sa création, on appellera Iqhbar (enfin, entre autre chose ; disons qu’il s’agira du plus répandu et du plus prononçable, même si pour une peuplade des profondeurs d’une des jungles d’Ostrie il s’agit encore de Jnmga’kkk, se devant d’être prononcé en faisant trois tours sur soi-même pour ne pas le confondre avec une insulte mortelle).

 

Iqhbar a donc commencé sa vie de planètes comme la plupart de ses consoeurs : en étant ronde, grisâtre, désertique et en tournant sur elle-même ainsi qu’autour d’un soleil. Rien de palpitant dans tout cela, ni rien ne prédestinant le monde foisonnant de vie qu’elle aura fini par devenir. Juste un caillou de plus, pas vraiment petit, mais pas vraiment gros non plus. Rien de fantasque, pas même le moindre anneau planétaire pour briller en soirée. Uniquement une surface cabossée et sans couleurs se déroulant à perte de vue et un ou deux volcans pour les formations rocheuses les plus audacieuses. Autant dire qu’on ne sait pas ce qui a bien pu les attirer là, et sans doute ne le saura-t-on jamais. Mais ce furent ce monde qu’elles choisirent. Oh, peut-être en ont-elles choisi d’autres dans l’univers, mais le monde sur lequel nous sommes apparus présente logiquement bien plus d’intérêt.

 

Depuis longtemps, elles erraient. Même si là encore, le terme n’est pas vraiment bien choisi. Il serait plus juste de dire qu’elles erraient depuis toujours, mais le vide ayant alors cette prérogative, on s’est contenté d’imaginer que ça faisait un bail. Un sacré bail, même. D’où vinrent-elles ? Comment étaient-elles apparues ? Tout simplement, qu’étaient-elles ? Trouver les réponses à ces questions se révèle aussi impossible qu’à celles concernant la véritable naissance de l’univers. Et puis peu importe leurs origines, quand tout ce qui compte fut qu’elles croisèrent la route de ce caillou insignifiant qu’est aujourd’hui notre monde. Qui ne devait pas être si insignifiant que cela étant donné qu’il retint leur attention. Oui, elles… D’autres auraient pu les appeler dieu ou théorie de ceci ou cela ou leur donner bien d’autres noms encore, mais personne ne l’a jamais fait. L’idée même de les nommer a toujours semblé irréalisable à ceux qui connaissaient leur existences. Elles étaient… elles, tout simplement. Un pronom féminin, sans doute associée au don de la vie et de la création. Je ne saurais dire à coup sûr. Toujours est-il qu’elles existèrent, et qu’elles choisirent notre monde.

 

Elles parcouraient les galaxies et sillonnaient l’univers tel un banc de dauphins du cosmos, pleins de vie et curieux de tout. Elles assistèrent à la naissance de soleils et à la mort d’étoiles. Elles contemplèrent la formation d’un trou noir et celle de toute une galaxie plus d’une fois. Elles écoutèrent l’écho du son originel, de la première chanson universelle et glissèrent le long d’énergies étranges et inconnues. Chaque nouvelle forme, chaque nouveau phénomène, même aussi infime que la découverte d’une nouvelle molécule, était pour eux source d’un émerveillement sincère et d’une joie sans bornes. Elles n’en perdaient pas une miette, transmettant informations, sensations et souvenirs à leurs semblables. Peut-être finissaient-elles, un jour, par mourir, s’éteindre, mais leur conscience survivait à travers la mémoire –là encore à défaut d’un autre mot- de leurs sœurs. Elles étaient un tout, mais chacune était unique. Et il en est parmi elles qui observèrent la naissance d’Iqhbar et qui, au lieu de continuer leur chemin sans fin, s’arrêtèrent. Je n’y vois aucune raison particulière si ce n’est qu’il leur fallait bien commencer quelque part. A mon sens, penser le contraire ne serait que se bercer d’illusions, de même que de prêter des sentiments, des motifs humains à ce qu’elles étaient. Et celles qui s’étaient arrêtées pour contempler notre monde avaient envie de pousser l’expérience plus loin encore. Toujours elles n’avaient été que les spectatrices, et maintenant qu’elles avaient pleinement atteint cette conscience de soi, cette conscience d’exister, elles voulurent agir. De jouer avec ces particules et ces éléments, de ne plus regarder mais de les manipuler, d’aller au plus profond de toute chose et de les modifier.

 

A cet égard, n’importe quelle planète vierge aurait fait l’affaire, mais c’est Iqhbar qu’elles choisirent. Comme je l’ai déjà dit, sans doute sans la moindre raison particulière. Longtemps, elles expérimentèrent, agencèrent, modifièrent jusqu’à la composition même du monde. Terrain de jeu pour entités cosmique, il leur permit d’apprendre, de se tromper et d’apprendre plus encore. On pourrait même imaginer que ce ne fut pas leur premier essai, que d’autres mondes avant celui-ci avaient attiré leurs esprits. Toujours est-il qu’à notre très infime connaissance, Iqhbar fut celui où elles s’impliquèrent le plus. Jusqu’à ce que, un beau jour (enfin, probablement pas, il devait sûrement y avoir une tempête de lave ou un orage d’azote), la vie finisse par apparaître. Et une fois de plus, nous ne pouvons que nous perdre en conjectures quant à son origine réelle. Il est évident qu’elles y furent pour quelque chose, mais de là à les assimiler à des êtres divins capables de créer la vie à partir de pratiquement rien et un peu de pas grand-chose… Je me plais à penser que notre situation de départ n’est pas unique, qu’elles avaient –elles ou de leurs semblables ou ancêtres- rencontré la vie au cour de leurs voyages. Et qu’elles ont contribué à l’insuffler en Iqhbar dans le but d’enfin faire réellement partie de ce cercle de la vie. Depuis des temps immémoriaux elles avaient contemplé le spectacle puis contribué au décor, maintenant elles avaient envie d’en comprendre les devants de la scène et d’influencer les premiers rôles. Curieuses et enjouées, elles s’émerveillèrent une fois de plus de l’apparition de cette vie, une vie qu’elle sentait couler en elles parce que cette fois-ci, elles n’étaient pas étrangères à son développement.

 

Ce fut le début d’une nouvelle et incroyablement longue période de temps où leur influence se répandit à la surface et dans les profondeurs d’Iqhbar. Qui sait combien de merveilles ont-elles contribué à créer ? Combien d’écosystèmes et de formes de vie ont-elles regardé s’épanouir, guidées par leurs connaissances issues d’un éternel voyage à travers l’univers ? Elles s’enhardirent, désireuses de voir cette vie prospérer et, plus que tout, capable de créer elle aussi. C’était sans doute pour elle le summum de la création que de permettre à ses enfants d’être les créateurs à leur tour. Et c’est ainsi, du moins je le pense, que la conscience s’éveilla pour la première fois parmi des êtres vivants partout sur Iqhbar. Alors que le monde se modifiait, que ses continents bougeaient et que ses montagnes tremblaient, les premiers peuples prirent conscience de leur existence. Ravies, elles les observèrent atteindre   -à une échelle infiniment plus petite- ce même état d’esprit. Beaucoup attribuent ensuite la diversité des espèces conscientes peuplant actuellement notre monde aux influences divergentes de plusieurs d’entre elles, désireuses de concevoir plusieurs manières de vivre cette conscience nouvelle acquise. Ce qui est certain, c’est que toutes nos races et tous nos peuples descendent de ces premiers êtres conscients, nés du plaisir simple de contempler la vie dans toute sa diversité. Et il ne serait pas non plus idiot de voir en la magie l’empreinte de leurs actions à elles, infimes courants de leur puissance. Elles nous éveillèrent à la vie, nous offrirent la magie, et donnèrent à notre monde tout son potentiel.

 

Mais il serait faux de dire alors qu’elles ont fait de notre monde ce qu’il est aujourd’hui. Car elles n’ont plus agi qu’une seule fois depuis l’éveil de notre conscience et la diversité des premiers peuples. Après avoir réveillé les formes de vie qu’elles avaient aidé à s’épanouir, elles surent qu’elles avaient accompli leur voyage dans la recherche et la modification de la vie. Dès le moment où nous fûmes capables de réfléchir par nous-mêmes, elles nous laissèrent le relais. C’était à nous de nous débrouiller, maintenant, et c’est nous qui avons fait d’Iqhbar ce qu’il est de nos jours. Elles n’avaient plus qu’à contempler le fruit de leur labeur planter ses propres graines, comme elles l’avaient peut-être déjà fait tant d’autres fois dans le passée, dans tant d’autres galaxies. Et puis elles avaient encore tellement de choses à voir, tellement de phénomènes devant lesquels s’émerveiller et de connaissances à partager qu’elles reprirent leur voyage.

 

Et c’est là, à ce moment précis que nous pouvons dire qu’Iqhbar était née."

 

Inus, le Scribe qui a toujours été

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