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Lucie 19

Et hop, la petite pageounette du jour, vite fait!^^

 

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-Heu...lâcha l'écrivain, perplexe. Est-ce que...

-Oui, je l'ai entendu aussi, dit Ken.

-C'est peut-être le courant qui revient ?

-Hein ?

-Non, bien sûr que non. J'ai juste eu l'impression que l'un d'entre nous se devait de placer une telle réplique.

Le même son se fit entendre, comme des coups irréguliers de chaque côté du wagon. Ce n'était pas insistant à la manière de quelqu'un qui frappait à la porte, et le bruit s'arrêtait soudain avant de reprendre, de manière aléatoire. Les trois passagers échangèrent un regard, et s'approchèrent de l'unique fenêtre de la voiture où ils se trouvaient. Kenneth et Arthur durent joindre leurs forces pour remonter entièrement le store intérieur, grippé, qui révéla la blancheur éclatante de l'extérieure, tamisée par la vitre teintée. Ils contemplèrent au-dehors, comme trois enfants le nez collés à une fenêtre, mais aucun d'eux ne se sentait particulièrement enthousiastes. Un nouveau choc se fit entendre, et tous essayaient de discerner des détails dans le paysage uniforme au-dehors. -Des secours, peut-être?

-J'en doute, Arthur, le renseigna Marsters. Même si les opérateurs ont pu contacté le complexe, ils ne pourraient pas être arrivés aussi vite. L'Hégémonie ne dispose pas vraiment de véhicules d'urgence adaptés à ces conditions. Ce train est sans-doute le seul transport qui parcourt Éclat. Et même communiquer avec la gare s'avère difficile sur la plus grande portion du trajet, il est bien possible qu'il leur faille un temps certain pour réaliser que quelque chose ne va pas. Lorsqu'ils ne nous verront pas arriver à Haven, au pire.

-Autant dire qu'on va rester un temps certain coincés ici...

Martha paraissait hésiter entre l'agacement et l'inquiétude.

-J'en ai bien peur, reprit l'ingénieur. Mais Travers a dit que le train avait assez de réserves pour palier à ce genre de situation.

-Tout ça ne nous explique pas ce qui peut bien faire tout ce bruit, on ne voit vraiment rien...

-La tempête est peut-être en train de s'intensifier. Il a pu s'être mis à grêler par exemple.

-Vous n'y croyez pas vraiment non plus, à vos explications, hein ?

-Pas vraiment, non. Même si je ne vois pas trop ce que ça pourrait être d'autre.

-Regardez !

Les deux hommes sursautèrent et suivirent le doigt de Martha, qu'elle avait posé contre la vitre :

-Je crois que j'ai vu quelque chose ! Ça c'est déplacé très vite !

Mais ni l'un ni l'autre n'avaient vu le moindre mouvement, et Martha avait si peu de détails qu'elle se demandait déjà si elle n'avait pas rêvé. L'inquiétude lui jouait des tours, et elle commençait à se sentir très fatiguée.

-Tiens, les coups ont cessé, fit remarquer Arthur Kent.

Tous les trois restèrent un instant de plus devant la fenêtre, en silence et totalement immobiles, dans l'attente d'ils ne savaient pas quoi. Et un peu plus loin de le wagon, dans la petite zone de transition où se trouvait la porte au verrou particulier qu'ils ne réussissaient pas à ouvrir, la paroi donnait l'impression de se découper. Ce qui provoqua un autre bruit, mais différent des précédents, plus mécanique, tandis que Stan Detroit finissait d'ouvrir le sas.

-Bon sang !

Les trois autres se précipitèrent à sa rencontre, alertés par le vacarme du sas, que le jeune homme referma péniblement derrière lui avant de tomber à genoux dans le couloir. Engoncé dans les couches multiples de sa combinaison extérieure, il avait l'air d'un bibendum un peu piteux, et il était impossible de discerner ses traits. Il resta là quelques longues secondes, à reprendre son souffle et à laisse la chaleur relative de l'intérieur regagner ses os. Autour de son capuchon, l'épaisse fourrure synthétique était constellée de givre.

-Ça va mon vieux ?

Arthur s'était penché pour poser une main sur l'épaule du nouvel arrivant, qui hocha la tête et produisit un son étouffé de sous sa cagoule. Kenth et Marsters l'aidèrent à se redresser, sous l’œil méfiant de Martha. Le type rabattit péniblement -ses mains étaient prisonnières de moufles épaisses- son capuchon et rabaissa son passe-montagne, révélant une peau rougie par le froid.

-Nom de dieu... fut la première chose qu'il laissa échapper. Merci. On dit qu'il fait froid dehors, mais personne ne se rend compte à quel point avant d'y mettre les pieds ! Si je n'avais pas pu ouvrir ce sas, je ne sais pas ce que j'aurais fait...

-Qui êtes-vous ?

-Oh, c'est vrai qu'on ne s'est pas vus avant. Je suis Stan, l'aide du conducteur.

-Qu'est-ce que vous fichiez là-dehors ?

-Monsieur Grümman -c'est le chef opérateur- et moi étions coincés dans la voiture de tête, sans possibilité de vous contacter ou de relancer toute la machinerie. Alors j'ai fait une chose stupide : j'ai sauté dans les vêtements d'urgence pour déplacement en extérieur, et j'ai longé le train jusqu'à ce que je trouve un sas qui ne soit pas bloqué. La pire balade de mon existence.

-C'était vous les coups contre le wagon, alors ? S'enquit Ken Marsters. Stan Detroit eu l'air intreloqué :

-Hein ? Ah non, pas du tout. Je ne me suis pas amusé à cogner contre le train en passant, j'avais autre chose à faire...

-Quelque chose l'a fait, en tout cas. Martha a cru voir un truc bouger dehors, mais ça ne pouvait pas être vous, vous êtes venu de l'autre côté...

-Je n'ai rien vu dehors non plus. Il faut dire que même avec les lunettes de protection, à part garder le nez collé par terre ou contre les wagons à la recherche des sas, on ne regarde pas trop autour de soi...

-Alors de quoi s'agissait-il ?

Personne ne répondit, car personne n'en avait la moindre idée. Et c'était ce qui rendait le tout plus inquiétant encore.

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