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Carré de ciel

Point de "Lucie" aujourd'hui, parce que j'ai eu envie d'écrire autre chose: parce que c'est l'automne, et que c'est une saison qui mérite d'être célébrée! ^^

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Vous avez toujours aimé l'automne. Après le voile solaire et agressif d'un été éclatant, vous accueillez avec un vif plaisir ce changement de saison comme vous retrouveriez un vieil ami (mais sans avoir besoin de lui payer un verre). Des septembre, il y a quelque chose dans l'air qui vous remplit les poumons d'une douce fragrance et qui fait circuler dans votre corps un peu rouillée une énergie revigorante et bienvenue. Et ça vous fait un bien fou ! Parce qu'autant le dire, en été, vous êtes rarement au sommet de votre forme. Plutôt que de vous gorger d'énergie solaire, vous avez plutôt l'impression que l'astre du jour, à trop haute dose, pompe plutôt la vôtre. Pourtant vous n'avez rien contre un beau ciel bleu et un temps sans nuages, mais le manque de variations climatiques vous ennuie. Vous préférez le ballet d'un ciel changeant qu'il soit gris, bleu ou rose. Trop de bleu vous donne le tournis, vous avez l'impression qu'il suffirait de lever le pied pour vous y perdre et y flotter à jamais. Et pour autant que vous appréciez la vastitude de l'univers, vous préférez le contempler les pieds sur terre plutôt que d'y dériver sans but et sans attaches. Ce qui ne vous empêche pas d'éprouver pour ce dernier une profonde fascination. Pour vous en rendre compte, il vous suffit généralement de sortir du métro à l'arrêt de la Riponne et de monter à l'air libre par l'escalier vous amenant directement sur cette place, qui cumule pour vous un nombre de significations toujours plus grand. Comme celle de ce fameux escaliers car, quand vous l'empruntez et que vous regardez en l'air et pour peu que le ciel soit d'une couleur totalement uniforme dépourvue de la moindre variation climatique, c'est pour découvrir un carré de ciel parfait. Il y a en endroit lors de cette montée où nulle construction, nulle forme, nulle ombre ne vient troubler l'étendue azurée et vous avez l'impression qu'il ne vous reste que quelques marches à gravir pour tomber tête la première dans cette étendue bleue ou grise. A chaque fois, pour peu qu'elle ne soit pas troublée par un nuage, la silhouette d'un avion, d'un oiseau ou la présence de trop de monde, l'illusion est pour vous si parfaite que vous vous y laissez prendre comme un enfant émerveillé par sa première perception de l'immensité du monde.

 

Et quand vous gravissez ces dernières fameuses marches pour émerger à l'air libre, vous ne l'appréciez jamais autant qu'en une belle journée d'automne. Il n'y a rien de tel qu'une fin d'après-midi en cette saison, où tout semble courir vers sa fin, des feuilles qui tombent aux journées qui se raccourcissent. Dans ce court moment avant que le soleil ne commence vraiment à ce coucher, et après qu'il ait paradé haut dans le ciel, il y a dans cette ambiance si particulière un vif sentiment d'exaltation qui a le chic pour vous toucher jusqu'au plus profond de votre être. Un bref moment où, prenant une grande inspiration, vous vous sentez plus en vie et en phase avec ce grand univers que jamais. Un bref moment qui vous donne aussi bien l'impression de durer toujours. L'air frais s'infiltre en vous, le vent caresse votre visage, les derniers rayons de soleil paressent sur votre peau et, tout autour de vous, le monde continue de tourner et vous avez tellement l'impression de réussir à suivre ne serait-ce qu'un petit moment le mouvement que vous n'avez même plus le tournis caractéristique qui afflige généralement votre personnalité angoissée. Mais ces quelques secondes n'ont pas de place pour les angoisses, ni pour les inquiétudes de toutes sortes, car c'est pour vous l'équivalent de respirer un bon coup et de se dire que tout va bien. Et à ce moment précis, là, tout de suite, tout va bien. Et le simple fait que vous puissiez vous le dire signifie à quel point vous avez évolué au fil de l'année qui vient de s'écouler. C'est comme se réveiller dans l'instant présent après une longue nuit de sommeil où vous ne faisiez que subir les cauchemars du passé et les rêves de l'avenir. Là, sous ce ciel d'automne et cette température qui s'adoucit, vous sentez votre emphase avec le présent grandir au fur et à mesure que les jours se font plus courts. Vous avez la furieuse et enivrante sensation de vivre, enfin ! Et autant dire que ça fait un bien fou !

 

Finies, les grosses chaleurs qui avaient tendance à ralentir votre esprit et ramollir votre corps (enfin, plus que d'habitude), vous poussant à vous retourner maintes et maintes fois les nuits de canicules. Fini, le soleil implacable vous cognant sur la tête et plissant vos petits yeux encore un peu ensommeillés qui n'avaient rien demandé à personne. Et si vous avez traversé l'été avec plus de facilité que de coutume quand on connaît votre tendance à dépérir et déprimer durant les plus beaux et actifs jours de l'année (à la grande stupéfaction d'une bonne partie de votre entourage, qui ne comprend pas très bien votre cycle particulier : l'automne et l'hiver favorisent chez vous l'énergie et la bonne humeur, tandis que le printemps et l'été marquent le déclin de vos forces engrangées durant les mois d'ombres), vous êtes tout de même ravi que l'automne ait ramené le bout de son nez. Il y a les couleurs éclatantes qu'il peint sur le paysage, que vous préférez nettement voir sur les feuilles que reflétées dans des lunettes de soleil, et cette teinte particulière du ciel, le tout agrémenté d'une atmosphère unique que vous avez presque l'impression de pouvoir goûter et faire tourner en bouche comme un bon vin (non pas que vous y connaissiez quoi que ce soit en vin ; de toute façon, au restaurant, les serveurs ont longtemps eu spontanément le réflexe de vous proposer un jus d'orange en apéritif qu'un verre d'alcool). C'est comme renfiler de vieux habits fidèles et confortables qui, sans trop savoir pourquoi, arrivent encore à vous surprendre et à vous donner l'impression de ne jamais encore avoir été portés. Alors vous avez envie de sortir les montrer, de parader dans vos beaux atours et de profiter de chaque jour, de chaque heure, de chaque minute de cette cape saisonnière. Jamais la vie ne vous paraît aussi courte que ces quelques mois de l'année, tout en vous paraissant aussi magique, entière, et valant pleinement chacun de ces jours, heures et minutes. Que ce soit lors d'une balade en ville en une de ces fameuses belles et sublimes fins d'après-midi, ou parmi les arbres parés de leurs plus belles couleurs dans les forêts rouge et or, vous ne pouvez faire autrement que d'avoir la pêche (malgré votre allergie aux fruits) dès que vous mettez le bout du nez dehors.

 

Et cette année qui vient de s'écouler, placée sous le signe de la stabilité bien plus que nombre de ses précédentes, l'automne vous paraît encore plus beau, encore plus grand, encore plus doux (et il lave même les blancs les plus tenaces sans laisser de traces!). Peut-être est-ce parce que vous êtes enfin arrivé à un point précis de votre vie où, plutôt que de basculer dans l'excès, vous êtes en train de trouver une sorte d'équilibre ô combien rafraîchissant et reposant. Vous vous sentez apaisé, et vous l'êtes encore plus quand vous regardez dehors pour contempler la saison qui avance. Mais apaisé ne veut pas dire assommé, au contraire, et vous n'avez plus qu'une envie : vivre. Pleinement, chacun des instants qui s'offrent à vous, sans perdre de temps. Du temps que vous avez trop perdu, mâtiné de regrets, mais que vous voulez vous efforcer de rattraper de la meilleure des façons : soit en gaspiller le moins possible, de cette matière jamais retrouvée. Chaque moment est précieux, c'est ce que vous réussissez à vous dire de plus en plus et -inouï!- à y croire ! Parce qu'il y a de belles choses sur votre chemin encore, alors qu'il y a peu encore vous croyiez bêtement ne plus y avoir droit. Mais maintenant, vous savez que vous avez encore plein de ces choses à découvrir, expérimenter, chercher, et que vous n'êtes pas près de vous ennuyer. Ou de manquer de ce souffle qui vous fait avancer dans cette vie qui vous donne toujours l'impression d'être un peu plus nouvelle. Vous n'avez même plus à y marcher seul, vous découvrant des connexions avec d'autres individus que vous étiez persuadé de ne plus jamais retrouver avec qui que ce soit. Votre route est arpentée par d'autres personnes, anciennes comme nouvelles, et vous n'avez plus envie de rester sur le bord du chemin avec un caillou dans la chaussure. Vous avez envie de marcher et courir à leur côté, de leur prendre la main et de ne plus la lâcher. Et vous avez envie de ne plus vous perdre de vue, maintenant que vous avez un peu l'impression de vous être enfin trouvé, et de vous sentir vous-même de plus en plus. Le vrai vous, qui n'aspirait qu'à remonter à la surface pour prendre l'air...et y rester, séduit par les partages, les échanges, les découvertes, les rires, les mains tendues, les baisers et les couleurs de l'automne.

 

De cette saison, on dit parfois qu'elle marque le début de la fin, et l'on s'attaque à la poésie de ses couleurs en rappelant que les feuilles qui tombent ne sont que les prémices de la mort des arbres, et que l'hiver suivra avec son froid et son obscurité. Vous, vous avez plutôt envie de voir cet automne comme symbole d'un changement, en accord avec votre nature cyclique (mais plus stable que jamais, on dirait bien). Du changement qui vous aura apporté tant ces derniers mois, cette année qui vient de s'écouler, et ce sur bien des points. Et des changements futurs qui vous attendent, de cette nouvelle étape de votre vie que vous allez entreprendre de découvrir avec le plus d'enthousiasme et de cœur possible, et sans même devoir vous y forcer. Vous n'avez qu'à prendre une grande inspiration, une belle fin d'après-midi automnale, pour vous le rappelez dans les moments de doute. Et pour vous rappelez que tout change mais qu'on n'a pas besoin de le vivre seul, que le monde est grand, l'univers encore plus, et qu'il recèle en lui une formidable réserve d'automnes.

 

Alors vous avancez dans le carré de ciel, et vous tendez la main : vous n'êtes plus obligé de tomber.

 

Commentaires

  • Je ne trouve pas de smiley approprié pour ce texte... C'est très frustrant!
    Je fais un essai:

    =^^)


    (c'est une mélange de =) et de ^^. Est-ce que ça fonctionne?)

  • =^^)

    J'adopte!^^

  • ^^

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