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Lucie 49

Ca reprend, avec un nouveau passage du journal d'Arthur!^^

 

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« Journal d'Arthur Kent, deuxième jour

 

 

 

...passé une nuit plutôt tranquille étant donné les circonstances. Ce n'est pas comme si ces gros lézards allaient venir cogner à notre porte, mais j'ai été plutôt rassuré de voir qu'à mon réveil ce matin, l'escouade montait encore la garde. Je crois avoir été le premier à me réveiller parmi les civils, ce qui ne m'étonne guère : je n'ai jamais été un gros dormeur, je crois que je suis d'une nature trop anxieuse pour ça. J'ai toujours l'impression de perdre mon temps dès que je ferme les yeux. Et puis les idées fusent toujours mieux la nuit, ce n'est pas une légende... J'ai lutté le plus possible contre le sommeil, histoire de gagner quelques pages, mais j'ai quand même fini par m'écrouler. Après une telle journée, je ne pouvais pas faire autrement. Ça fait un sacré paquet d'émotions à gérer, et je ne commence que maintenant à réaliser qu'un homme est mort hier. Que sa mort est réelle, loin de toute fiction, et que je n'y peux absolument rien. Pourtant, je n'ai jamais connu Stuart Moore. Parmi les passagers, il n'y a que Lucie qui l'aura rencontré, et je ne pense pas qu'elle soit particulièrement affectée ; elle est encore à cet âge où les enfants ne perçoivent pas encore très bien la finalité de la mort. Du moins je le crois, il est très difficile de savoir à quel point cette petite fille appréhende ce qui l'entoure. Je vois surtout la perte de cet homme se refléter sur ses camarades soldats. D'après ce que j'ai pu entendre de leur bouche, Moore n'était pas l'ami de qui que ce soit, mais il faisait néanmoins partie des leurs, et l'escouade en est inévitablement affectée. Mais ces soldats tiennent remarquablement bien le coup et continuent d'être une présence solide et rassurante. Pour un peu, j'oublierais le scepticisme dont j'ai toujours fait preuve à l'idée que l'Hégémonie continue d'entretenir un corps d'armée alors qu'il n'y a jamais eu personne ici contre qui défendre nos frontières. Mais je me rends compte que notre plus grand adversaire n'est autre que cette planète elle-même, et que nous aurons toujours besoin d'hommes et de femmes courageux, déterminés et bien entraînés pour y faire face. Et je suis stupéfait de voir à quel point nous connaissons peu ce monde alors que nos ancêtres s'y sont établis il y a de cela plusieurs siècles. Nous nous sommes retranchés aussi rapidement que possible sous la surface, à l'abri derrière des tonnes de roche et de béton, désireux d'échapper très vite aux conditions extrêmement difficiles qui ont toujours fait rage dehors. Mais nous ne pourrons nous terrer indéfiniment dans notre trou si nous voulons nous développer correctement. Haven en est la preuve. Et je commence aussi à me demander si cela suffira.

 

J'ai partagé du café avec André et Samantha -je réalise qu'il m'est déjà plus aisé de les appeler par leurs prénoms, c'est dire si l'adversité créée des lien- après m'être levé, les deux caporaux étaient les soldats de garde à mon réveil. Je crois que Samantha était sensée terminer seule la nuit, assurant le dernière tour de garde, mais qu'André s'est décidé à lui tenir compagnie. Je les ai observés un moment avant de les rejoindre, et il faudrait être aveugle pour ne pas percevoir le lien fort qui les unit. Il n'y a sans-doute qu'eux-mêmes pour encore détourner les yeux, comme c'est souvent le cas dans ce genre de situation. J'aurais bien envie de leur dire d'arrêter de perdre ainsi du temps qu'ils ne pourront jamais récupérer -pour avoir trop attendu moi-même, je ne le sais que trop- mais je crois que je ne me le permettrais jamais compte tenu de mes maigres performances dans ce domaine... Mais le café était chaud, à défaut d'être particulièrement savoureux -sans doute pioché dans les rations standards du train ou, pire, des militaires eux-mêmes- et la compagnie des caporaux agréables. Ils sont loin de posséder l'esprit obtus qu'on peut s'attendre à trouver chez un officier de carrière, et les manières pompeuses et grandiloquentes d'André cachent une personnalité très riche qui s'accorde à merveille avec la franchise aimable de Samantha. De leur placement dans ce train pour Haven, je n'ai pas appris grand chose de plus. Ils ont reçu l'ordre de s'y rendre pour rejoindre la garnison qui s'y trouve, voilà tout. Apparemment, l'Hégémonie y envoie régulièrement des escouades, mais les soldats ne sont au courant d'aucune raison particulière. Il en s'agit peut-être autrement des chefs d'escouade, mais je me vois mal aller interroger le major Adams -et lui, je me vois mal l'appeler par son prénom même dans la sécurité de mes pages- sur le sujet. J'en parlerai peut-être à Martha, je pense que s'il y a une personne à bord capable de tirer les vers du nez du major, c'est bien elle. Je crois que je ne vais d'ailleurs pas tarder à pouvoir le faire, les autres ont terminé de se réveiller, et je peux apercevoir de l'agitation... Je n'ai pas le temps de m'enquérir de tout cela que Paul vient nous trouver pour nous annoncer une sinistre nouvelle : madame Miguel est mourante. »

 

 

 

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