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Lucie 67

Au-delà de la page 100, l'aventure continue et la dernière ligne droit se met en place!^^

 

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-Qu'est-ce que vous avez foutu, espèce d'imbécile ?

L'habituel très calme Jung Sungmin avait cédé la place à un homme très en colère. Il avait saisi Ed Travers par le col et le secouait avec violence. Le responsable du train n'en menait pas large, sa tête rousse basculant dans les airs, essayant piteusement de s'exprimer ; mais de sa bouche ne sortaient que des borborygmes effrayées. Tout autour d'eux, les autres passagers regardaient la scène la bouche grande ouverte, encore sous le choc de l'explosion. De leur côté, les caporaux Jones et Velázquez n'avaient nullement l'intention d'intervenir pour calmer leur camarade. Ils s'étaient saisis de Digo Delgado qu'ils avaient jeté, à genoux, sur le sol du wagon. Ils l'encadraient de prêt, leurs armes braquées sur lui. Le major Adams avait la radio et parlait avec Grümman, espérant se faire une meilleure idée de ce qui avait bien pu se passer avec son aide.

-Arrêtez bon sang, vous allez finir par le tuer !

Ce fut Martha qui décida d'agir. Elle confia sa fille à Kent et se précipita vers les deux hommes afin de les séparer. Elle s'interposa entre eux, son corps menu ne manquant pas de force pour autant. Elle força le soldat à lâcher sa victime et se positionna devant Travers dans une posture de défense, bien décidée à ne pas laisser Jung récidiver avant qu'elle ne soit totalement sûre qu'il s'était calmé.

-Merci...souffla Travers, le visage Jung, mais Martha tourna la tête le temps de lui décocher un regard noir, et il déglutit nerveusement.

-La ferme ! Puis elle reporta son attention sur le médecin : Je sais que nous avons tous envie de lui filer au moins une bonne paire de claques, mais là, je ne vous reconnais plus ! L'étrangler ne servira à rien ! C'est à lui qu'il faut poser des questions !

Elle désigna Delgado, qui souriait doucement, d'un doigt accusateur, et Jung respira profondément, retrouvant le contrôle.

-Vous avez raison Martha. Mais Paul et Kenneth... Mon dieu...

-On n sait pas encore ce qui leur est arrivé. La femme posa une main réconfortante sur l'épaule de Sungmin. Il ne faut pas...

-Une des caméras encore fonctionnelles du capitaine Grümman se trouvait dans la voiture qui a explosé, les intervint le major, qui avait fermé sa radio, l'air grave. L'image n'était pas nette, il faisait trop sombre, mais il croit avoir vu Ravert et monsieur Marsters au bout du wagon. Il ne sait pas s'ils ont réussi à échapper à l'explosion, mais cela semble...difficile. Je suis désolé, Sungmin.

Le jeune homme pâlit mais garda son calme, serrant et desserrant les poings. Martha le serra plus fort, compatissante, tandis que de son côté, Travers pâlissait à vue d’œil.

-Je ne voulais pas...je ne savais pas...il m'avait dit que... répétait-il sans discontinuer sous les regards mauvais du reste du groupe.

-Expliquez-vous, Travers. Maintenant.

Adams se planta devant le civil, qui recula instinctivement avant de se retrouver dos avec la porte du wagon. Il semblait sur le point de défaillir, et donnait l'impression d'un petit animal pris dans les phares. Mais le major n'avait plus aucune pitié pour cet animal là.

-Diego... le prêtre, c'est sa faute ! Il m'a parlé, il m'a dit qu'il avait dans ses affaires une balise détresse, quelque chose pour appeler ses associés au cas où il se retrouverait coincé trop longtemps. Il m'a assuré qu'ils auraient de la place pour nous tous, qu'ils ne nous feraient pas de mal... J'ai essayé de ne nous sauver tous, je ne voulais pas faire de mal à qui que ce soit...

-Le sort du soldat Ravert et de monsieur Marsters nous est encore inconnu, mais s'ils s'en sont sortis, ce n'est pas grâce à vous, pauvre tâche ! Je ne sais pas ce qui me retient de...

-Major ! S'acharner sur lui ne servira à rien, laissez-le.

C'était Martha, intervenant une fois de plus pour calmer les esprits. Elle l'avait doucement saisi par le coude, et son contact lui permit de dissoudre le voile rouge qui commençait à lui monter devant les yeux.

-Ce n'est pas lui qui nous en dira plus. John Horst s'était joint la conversation, et il s'était approché de Delgado. Horst s'accroupit devant lui, grimaçant quand il sentit craquer les articulations douloureuses de ses genoux, puis logea son regard droit dans celui de son jeune collègue. Car c'est vous qui avez les réponses, n'est-ce pas Diego ?

Le silence se fit dans le wagon, et tous attendirent d'entendre ce que le prisonnier avait à dire. Jusqu'ici, il s'était contenté de sourire dans son coin, même quand les soldats l'avaient brutalement jeté à terre. Aux mots de Diego, il n'offrit qu'un petit ricanement.

-Hey, restez poli devant votre supérieur, mon grand. Vous n'êtes pas vraiment en position de trouver ça drôle. Velázquez avait enfoncé le canon de son arme dans le cou de Delgado, qui en rit de plus belle :

-Et pourtant, caporal, c'est bien là tout ce qu'il me reste à faire.

-Dites-donc...

-Laissez le parler, Velázquez, ordonna le major Adams.

-Oui, parlez Diego. C'est votre dernière chance.

-Et de quelle dernière chance s'agit-il, père Horst ?

-Avez-vous à ce point renoncé au salut, mon garçon ?

-Au contraire, j'ai toujours tout fait pour l'accomplir. Pour tous les hommes, et non seulement pour moi. L'Hégémonie traite avec des choses qui nous dépassent. Des choses que nous n'avons nul droit de vouloir espérer contrôler.

-Et de quelles...choses s'agit-il, exactement ?

-L'enfant le sait, elle.

Diego fixait intensément la fille du regarde. Martha se précipita aussitôt au côté de sa fille, tandis que Canton Adams saisit le prêtre par les épaules :

-Laissez la gamine tranquille, elle n'a rien à voir à vos histoires de malade.

Delgado éclata de rire :

-Et pourtant, major, elle à tout à y avoir ! Elle voit autant que moi, plus même !

-Faites le taire! lança Martha, avant de dire à sa fille : Ne l'écoute pas, ma grande. Tu n'as rien à voir avec lui, n'aies pas peur.

-Je n'ai pas peur, maman.

En effet, Lucie n'avait nullement l'air secouée, et avait conservé tout son calme. Ses grands yeux bleus regardaient tranquillement le prêtre attaché, sans inquiétude. Il y avait dans le comportement de sa fille quelque chose qui faisait froid dans le dos à sa mère, comme si Lucie comprenait quelque que chose que sa mère n'était même pas sur le point de commencer à intégrer.

-Non, je sais, tu n'as jamais peur, hein ?

Martha décida de sourire, et Lucie le lui rendit, l'air radieuse.

-Pourquoi convaincre Marsters de nous faire exploser, Diego ? Horst avait repris son interrogatoire, avec l'approbation du major. Je croyais que stopper le train était votre but. Votre...message.

-Oui, c'était là l'idée. Delgado souriait toujours, parfaitement calme, bien loin des délires qui l'avaient saisi plus tôt. Mais ceux qui devaient venir ne sont pas venus. Les troubles que vous suspectez, ceux qui ont dû se déclencher ailleurs pour empêcher l'Hégémonie d'envoyer des secours, ont également dû empêcher les miens de venir. C'était une possibilité, et si elle s'avérait, je devais passer au plan B. Vous m'avez...empêché de le lancer quand je le voulais. Je me suis...emporté, j'ai perdu le contrôle. C'était...regrettable.

-Regrettable ? J'ai un autre mot pour vous, grogna le caporal Jones, mais le major lui fit signe de se taire.

-Continuez, Diego, reprit Horst.

-Pourquoi pas ? Après tout, d'une manière ou d'une autre, nous allons tous mourir ici, réclamés par le bleu.

-Qu'est-ce que ce bleu dont vous parlez ?

-L'incarnation de ses forces avec lesquelles l'Hégémonie a voulu jouer. La punition des hommes sur Éclat. Le rêve glacé de ce monde. La réponse vous appartient autant qu'à moi. Nous n'aurions pas eu à nous en soucier si j'avais pu...

-Le plan B ?

-Le plan B. Détruire ce train devenait notre seule chance d'accéder à votre précieux salut. Travers n'est qu'un esprit faible que j'ai convaincu d'appuyer sur le bouton. Mais rien ne s'est passé comme prévu là non plus. Un seul des wagons piégés a sauté. Soit Moore n'a pas pu faire passer toutes les charges prévues, soit une seule d'entre elle a fonctionné. Ce qui ne m'étonnerait, notre groupe ne dispose pas exactement du meilleur...matériel de ce genre.

-Quel groupe ? Quels sont vos objectifs ? A quoi cela vous avance-t-il d'arrêter -puis de vouloir détruire!- notre principal moyen de transport à la surface ?

-Parce que nous n'avons rien à y faire, je vous l'ai déjà dit. C'est vous qui ne comprenez pas, et je n'y peux rien. La seule chose que je peux encore vous dire, c'est que nous allons bientôt tous regretter que le plan B n'ait pas marché. J'ai fait la paix avec mes actes, père Horst. Avez-vous fait de même avec les vôtres ?

John Horst resta silencieux, ses yeux clairs remplis d'une grande tristesse. Il était triste pour cet homme égaré, qu'il n'avait su reconnaître à temps, qu'il n'avait pu aider. Et triste pour lui, et pour l'échec que cela représentait.

-Diego, qu'a-t-il donc pu vous arriver pour vous fourvoyer à ce point ?

Mais la réponse de Diego Delgado -si réponse il y avait- devrait de toute façon attendre : la radio du major avait redonné signe de vie, et Adams fit signe à tout le monde de se taire pour l'écouter :

-Le capitaine Grümman à des nouvelles pour nous : monsieur Marsters a atteint la salle des machines, et la contacté via la radio fixe de cette dernière. Daniel, vous pouvez nous le passer !

Il y eut quelques grésillements, puis la voix de l'ingénieur se fit entendre, faible, mais nullement désespérée :

-Kenneth au rapport. Je crois que j'y suis...

Commentaires

  • Veux la suite! :D

  • J'y travaille, plus question d'abandonner si près du but! o/

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