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Lucie 68

Une petite page aujourd'hui, mais les choses avancent!^^

 

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Marsters toussa, sa poitrine se secouant violemment. Une épaisse fumée régnait dans la salle des machines, émanant de tout un fatras de tuyaux, de mécanismes anciens et de consoles qui l'étaient sans-doute encore plus. L'homme avançait péniblement depuis l'explosion, se frayant un chemin à travers les wagons de marchandises. Il n'avait pas osé ouvrir la porte que Ravert avait poussé pour le sauver : il n'avait plus aucune raison de revenir sur ses pas, et il savait que Paul était mort. Ce n'était pas le premier à avoir perdu la vie depuis qu'ils s'étaient tous retrouvés bloqués, mais sa perte touchait Marsters plus profondément encore. Il avait très vite appris à apprécier ce soldat terre à terre et toujours posé. Ravert avait été une présence rassurante, et Marsters et lui avaient longuement devisé sur bien des sujets. Le technicien de l'escouade était un homme brillant, et Marsters ne pouvait s'empêcher de considérer sa mort comme un parfait gâchis. Il lui avait sauvé la vie, accomplissant son devoir jusqu'au bout, mais ce n'était pas...juste. Marsters était perdu de toute façon, il n'avait gagné qu'un sursis. Ravert était celui qui aurait dû survivre, il aurait été parfaitement capable de s'occuper de la salle des machines, et il aurait pu retourner rejoindre les autres, utiliser ses talents de soldats pour aider à les protéger. Et il s'était sacrifié sans hésiter.

Une nouvelle quinte de toux affligea Marsters, et il fouilla dans son manteau pour en sortir une écharpe, qu'il se noua sur le visage. Il faisait bien plus chaud dans cette voiture-ci que dans toutes les autres, aussi il abandonna carrément le manteau, se disant qu'il n'en aurait de toute façon plus l'usage. Il contempla un moment son bras veiné de ce bleu de mauvaise augure, et il frissonna malgré la chaleur. Il repoussa les idées noires qui l'assaillaient, se concentrant sur la tâche qui l'attendait. Si les autres voulaient avoir une chance de sortir sans se faire instantanément sauter dessus par les bestioles qui rôdaient un peu partout, c'était à lui d'attirer leur attention. Il regrettait plus encore l'absence de Ravert, mais il devrait faire son possible sans lui.Cela ne devrait pas être si compliqué que cela : les machines semblaient proches de la surchauffe d'elles-même. Les systèmes qui n'avaient pas été interrompus par l'accident tournaient à plein régime, et Daniel Grümman n'avait rien pu y faire, privé de la plupart de ses contrôles à distance. La première chose à faire était de trouver un tableau de commandes... Marsters n'était pas mécanicien, mais il avait beaucoup étudié les informations techniques disponibles sur le véhicule avant le départ, pour le simple plaisir de la connaissance. Vu la situation, voilà qui allait lui être utile. Il finit par repérer ce qui avait tout l'air du système de commandes principal et, fixé à côté, une radio qu'il s'empressa de décrocher.

-Oui? fit la voix de Grümman. La radio était visiblement connectée à la voiture de tête.

-Grümman ? Je suis content de vous entendre ! C'est Marsters, je suis aux machines.

-Marsters, dieu soit loué ! Je transmets la discussion aux autres, allez-y !

Il y eut quelques grésillements, puis le canal fut clair :

-Kenneth au rapport. Je crois que j'y suis...

-Bien joué, monsieur Marsters! fit Canton Adams. Content de vous savoir en vie. Ravert ?

Kenneth déglutit, incapable de répondre tout de suite. Il dût laisser passer quelques secondes pour réussir à rassembler le courage de leur annoncer la mauvaise nouvelle, et il sut que son silence avait dû préparer le sinistre terrain.

-Il n'a pas survécu à l'explosion, major. Sans lui, je ne serais pas là pour vous parler, il m'a sauvé la vie.

-Reçu. La voix du major était calme, mais Marsters y décela assez de gravité pour savoir à quel point Adams était secoué. Et s'il l'était, il n'osait pas imaginer dans quel état se trouvait...

-Sungmin, je suis désolé, dit Marsters, sincère et blessé.

Quelques longues secondes s'écoulèrent, puis Jung répondit :

-Merci Ken. Paul vous estimait beaucoup, et il a fait son devoir. Je compte sur vous pour lui rendre justice.

-Je ferai tout pour, je vous le promets.

-Quel est le topo, monsieur Marsters ? reprit le major Adams. Vous allez vous en sortir ?

-Je pense, major. Je devrais pouvoir transformer ce wagon en une véritable chaudière. Si ces créatures sont effectivement attirées par la chaleur, je pense qu'elles en auront pour leur argent.

-Parfait. Nous allons nous préparer pour l'évacuation, dans ce cas. Une fois que vous aurez fini, revenez au plus vite, et nous sortirons enfin tous d'ici.

Tout d'abord, Marsters ne répondit rien, puis :

-Chaque chose en son temps. Je me mets au travail.

-Très bien. Appelez Grümman quand vous serez arrivé au bout. Nous comptons tous sur vous, monsieur Marsters, et je sais que vous allez réussir. Tout le monde est avec vous. Terminé.

-Terminé, fit l'ingénieur. Il avait l'impression que Canton Adams avait saisi quelque chose dans les accents de sa voix qui n'augurait rien de bon quant au destin de Kenneth Marsters, mais il n'avait rien dit. C'était mieux comme ça. Kenneth essuya la sueur qui lui coulait sur le front, puis se mit au travail.

Commentaires

  • Tu ne vas pas tuer Marsters quand même? :(

  • Tu l'aimes bien?^^

    Tu verras! C'est marrant, je l'avais créé au début pour des raisons purement fonctionnelles, sans rien de réellement prévu, et je crois que c'est devenu un de mes persos favoris.

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