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Lucie 73

Une page pour commencer la semaine!^^

 

Je rappelle que l'on peut aussi lire le tout ici sur Atramenta, de manière peut-être plus agréable pour lire d'un bloc: http://www.atramenta.net/lire/lucie/38560/1#oeuvre_page  Je mets Atramenta à jour de temps en temps, dès que j'ai pas mal de nouvelles pages à mettre d'un coup.

 

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Daniel Grümman fronça les sourcils et se pencha pour mieux voir ce qui avait attiré son attention : l'une des diodes de sa console clignotait d'une manière qui ne lui plaisait pas du tout. Mais il fallait dire qu'en ce moment, rien ne lui plaisait. Il se retrouvait seul aux commandes, privé du soutien toujours si efficace du pauvre Stan, il était coincé au milieu de nulle part loin de sa famille, des monstres assaillaient toujours son poste de contrôle et son train lui donnait l'impression d'être à l'agonie. Le pauvre avait été brutalement arrêté, ses systèmes anciens et délicats malmenés, il était en train de brûler et des gens y avaient versé leur sang. Daniel avait toujours imaginé le dernier trajet du train autrement, comme une sorte de baroud d'honneur à la surface d'un monde difficile qui n'aurait pourtant pas réussi à briser les colons qui y avaient atterri et leurs descendants. Pour l'heure, les choses étaient sur le point de se passer bien différemment, et Éclat était sur le point de remporter la manche après tout, aidée par des hommes guidés par la folie et la peur.

Avec un grognement, Grümman se tordit pour atteindre un interrupteur situé en hauteur et l'actionna deux fois, puis trois, comme l'indiquait l'épais manuel qui lui servait de livre de chevet depuis au moins autant d'années qu'il en avait passées à diriger le train. Puis il pressa un bouton sur le clavier, attendit précisément cinq secondes et flanqua un coup sur la cloison à l'aide d'un petit marteau sorti de la trousse à outils de réserve. Parfois, il fallait annoter le manuel, et y ajouter un brin de méthode peu orthodoxe... Mais cette fois-ci, rien n'y fit. Le signal clignotait toujours, et Grümman n'arrivait pas régler le problème comme il l'aurait voulu. Et il s'agissait d'un sacré problème : un autre système avait lâché, celui qui permettait d'ouvrir individuellement les portes latérales qui menaient à la sortie. Elles s'étaient toutes bloquées en mode de quarantaine -une fonction qui n'avait jamais été utilisée mais qui avait été considérée nécessaire lors de la construction du véhicule qui allait circuler à la surface d'un monde hostile dotés de nombreuses propriétés inconnues- et il serait impossible pour les soldats et les passagers d'ouvrir celle de leur wagon de l'intérieur.

Grümman, sans cesser de réfléchir à la manière dont régler le problème -ce qui s'avérait difficile, avec le bruit de fond permanent des créatures qui se jetaient contre le métal extérieur de la voiture de tête- allait prévenir le major de ce développement malheureux quand il entendit deux détonations, légèrement espacées, dans le lointain. Il reconnut aussitôt le bruit de coup de feu, et bascula immédiatement l'affichage de son écran le plus grand sur le wagon des passagers tout en se saisissant de sa radio.

-Qu'est-ce qui s'est passé ?

Il n'eut que des grésillements pour réponse, et il allait répéter sa question avec plus d'insistance quand, enfin, le major lui répondit :

-Monsieur Miguel à tiré sur Sungmin, puis s'est suicidé.

-Nom de dieu, qu'est-ce qui s'est passé ?

-Le gamin a voulu convaincre Miguel de nous suivre de son plein gré. Il s'est emporté, ils en sont venus aux mains et il s'est emparé de l'arme de service que Sungmin avait à la ceinture. Honnêtement, je crois que le coup est parti tout seul. Il a ensuite décidé de s'assurer du seul moyen qu'il pensait avoir de rester aux côtés de sa femme, quoi qu'il arrive. Il est mort.

-Merde. Mais malgré l'horreur de ces nouvelles, quelque part au fond de lui, Grümman comprenait un peu la décision du vieil homme. Comment va Sungmin ?

-C'est grave. Il... Grümman n'avait encore jamais entendu hésité le major, ce dernier semblait secoué, même sil faisait de son mieux pour le cacher, et s'en sortait plutôt bien ; mais c'était le troisième homme qu'il perdait depuis l'arrêt forcé du train. Il ne s'en sortira pas, capitaine Grümman. Nous n'avons pas avec nous le matériel et le personnel nécessaire, et aucun de nous n'a les compétences de Sungmin.

-Je suis désolé, major.

-Merci, capitaine Grümman.

-Et je suis désolé de devoir vous annoncer une mauvaise nouvelle...

A l'autre bout de la radio, un soupir, et Daniel vit sur l'écran que le major était en train de se masser les tempes comme pour conserver son calme. Il pouvait aussi voir Sungmin Jung, étendu sur une banquette, avec les deux caporaux à ses côtés tandis que John Horst et Martha Robbins faisaient de leur mieux pour stabiliser la blessure. Arthur Kent se tenait à l'écart, la radio d'un des autres militaires à la main et, même s'il avait l'air choqué, parlait sans s'arrêter ; Daniel supposait qu'il avait été mis en communication avec Marsters.

-Quelle est cette nouvelle catastrophe, capitaine? finit par demander Canton Adams.

-Les portes de sortie, major. Le système a planté, elles se sont verrouillées en mode quarantaine. Il vous sera impossible de les ouvrir de l'intérieur. Et le feu progresse, major, il progresse rapidement.

-Il n'y a rien que vous puissiez faire ? On ne va pas se retrouver coincé si près du but, merde !

-Je peux contourner le système de là où je suis, improvisé une sorte de commande générale qui, une fois actionnée, ouvrirait toutes les portes d'un coup.

-Y compris la vôtre ?

-Y compris la mienne.

-C'est dangereux. Vous n'êtes même pas armé ! Je vais vous envoyer un de mes hommes...

-Non, major. Respectueusement, je décline votre offre. Vous aurez besoin de Jones et de Velázquez pour protéger tout le monde, et je ne suis même plus sûr que les portes internes entre votre wagon et la voiture de tête puissent s'ouvrir sans être bidouillées, comme Marsters et Ravert l'avaient fait plus loin dans le train. Ça prendrait trop de temps. De toute façon, quand Marsters aura... Quand il aura fait ce qu'il a à faire, peut-être que cela suffira vraiment à attirer toutes ces bestioles vers la salle des machines. L'ennui, c'est que mon poste de commandes est le point le plus chaud du train hormis celui des machines... Mais je suis prêt à courir le risque, major. Je n'ai pas vraiment le choix.

-Vous êtes sûrs ? Je ne vous en donnerai pas l'ordre, à moins que vous soyez absolument certain...

-Vous n'avez pas besoin de me donner l'ordre, major. Je ne fais là que mon devoir. C'est mon train, et je compte bien faire en sorte que cela reste le cas jusqu'au bout ! Et si j'ai de la chance, je pourrai foncer et vous rejoindre une fois que tout sera ouvert.

-C'est un honneur que de servir à vos côtés, capitaine Grümman. Merci.

-Pareil pour moi, major. Et merci à vous. Pour tout. Prenez soin d'eux.

-Comptez sur moi. Tout dépend de Marsters maintenant.

-Oui. Dès qu'il aura accompli son œuvre, j'ouvrirai tout d'un coup, et vous pourrez sortir.

-Bonne chance, capitaine.

-Non major, bonne chance à vous. Capitaine Grümman, terminé.

Commentaires

  • Surtout, ne te sens pas obligé de faire comme George R. R. Martin avec tes persos, hein? D'accord? Merci =)

  • Mais je ne me sens pas obligé!^^

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