Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Lucie 78

Une pageounette aujourd'hui.

 

_______________________________________________________________________________

 

 

Ed Travers s'était précipité à l'extérieur avec les autres, enveloppé dans son lot de vêtements chauds. Et il aurait presque instantanément fait demi-tour, frappé par le froid intense, si le train n'était pas en train de brûler derrière lui. Il lui fallait maintenant tenter sa chance avec les autres, et malgré tout ce qu'il pouvait penser d'eux, il était bien rassuré de se trouver aux côtés des militaires et des fusils qu'ils brandissaient devant eux. Adams les avaient fait courir dès que le signal de Velázquez avait brillé dans la nuit, et ils se dirigeaient tous vers lui quand une nouvelle déflagration retentit, projetant des éclats de métal surchauffés dans les airs. L'un d'eux passa à quelques centimètres seulement du visage de Travers et alla se planter dans la neige dans un grésillement de chaleur très vite vaincu par la température ambiante. Pour le groupe, ce fut la débandade : les passagers s'égaillèrent, apeurés par le déchaînement de l'incendie. Puis l'un d'eux se mit à crier -peut-être John Horst- et Travers le vit désigner quelque chose dans leur dos, en hauteur. Le responsable du train ralentit pour retrouver son souffle et en profiter pour regarder derrière lui. Il plissa les yeux pour mieux voir, et vit une forme se découper au devant des flammes, sur le toit du wagon des passagers. Une forme sinistre, qui leva la tête située au bout de son cou musclé pour pousser une série de cris perçants. Elle était seule, mais n'en était pas moins terrifiante. Tout en hurlant, elle donnait l'impression de les fixer comme un prédateur fixait sa proie. Puis elle se recroquevilla sur elle-même...avant de se lancer dans un bond aussi gracieux que puissant, fendant les airs griffes en avant.

Ce fut au tour de Travers de hurler, et il se remit à courir, plus vite qu'il ne l'avait jamais fait. Il vit les silhouettes de ses camarades faire de même dans la nuit, et les armes des soldats crépitèrent dans la nuit. Adams et Jones tiraient régulièrement, couvrant le groupe dispersé du mieux qu'ils le pouvaient. La neige vola aux pieds du monstre, qui parut hésiter. Ed en profita pour foncer plus encore, dans le sillage de Matha Robbins et de sa fille. La femme tenait fermement la gamine par la main, et cette dernière réussissait à tenir le rythme malgré ses petites jambes. L'écouteur de l'appareil à musique que lui avait confié Travers tressautait autour de son cou. Luttant pour conserver son souffle, il les dépassa en trombe, les yeux fixés sur la lampe de Velázquez, droit devant eux. Était-ce des arbres derrière lui ? Oui, cela y ressemblait. Ils pourraient tous se dissimuler sous leur couvert. Le major Adams avait eu la même idée, et sa voix puissante leur ordonnait de se précipiter vers le bosquet. Pour Travers, il n'eut pas besoin de le dire deux fois. Il pouvait toujours entendre les cris lugubres de la créature ; fort heureusement, elle semblait être la seule sur leur piste. Ce qui n'était pas une raison pour ralentir.

-Allez, allez !

Le caporal parti en éclaireur les encourageait, un genou à terre et le canon de son arme pointé droit devant lui. Travers fut le premier à l'atteindre, et il s'écroula sous le premier arbre qui s'avançait, totalement hors d'haleine. Martha et Lucie arrivèrent sur ses talons, sous la protection vigilante d'Adams. Arthur Kent les rejoignit, lui aussi à bout de souffle, ses lunettes de travers sur le nez. Samantha Jones fermait la marche, et... C'était tout, Travers ne vit personne d'autre.

-Où est John ? demanda Martha la première, regardant autour d'eux.

Les deux prêtres avaient disparu.

Les commentaires sont fermés.