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Sleepy Hollow

Et hop, une nouvelle review, comme ça, en passant!^^

 

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Sleepy Hollow

 

Soyons francs. Sur le papier, cela n'aurait jamais dû marcher. Même en images, comment ne pas imaginer que cela puisse ne donner, qu'au mieux, une série nanarde sans réelle substance ? Quand la première bande-annonce a été diffusée sur la toile, j'ai rigolé, comme beaucoup : pas suite à un amusement sincère, mais de ce rire un peu jaune qu'on réserve à un produit qui n'est drôle que par erreur. Que savions-nous alors, qu'avions-nous vus ? Ichabod Crane -le héros de la célèbre histoire de cavalier sans tête écrite par Washington Irving (dont l'adaptation récente la plus connue reste sans nul doute le bon film « Sleepy Hollow » de Tim Burton)- se retrouvant projeté à notre époque, en compagnie du fameux cavalier sans tête. Un cavalier qui s'arme aussitôt de fusils à pompe et de cartouchières dans le but de faire venir l'apocalypse, la vraie, la biblique ; car on nous dit qu'il s'agit carrément d'un des quatre cavaliers de l'apocalypse (la mort, pour être précis). Et notre héros hors du temps qui se retrouve forcé à faire équipe avec une jeune policière américaine pour contrer les forces du mal et l'avènement du terrible démon Moloch.

 

Ouaip, si à ces quelques lignes vous n'êtes pas convaincu, je ne vous en voudrai pas. Moi-même, je n'y croyais pas. Mais ce qui ressemble au pitch d'un vieux film de série z ou au synopsis d'une fanfiction issue des délires les plus fous ne tarde pas à surprendre dès ses premiers épisodes...pour devenir une des meilleures surprises de l'année 2013 en terme de nouvelles séries. Et je suis le premier surpris à l'avouer ! Je n'avais d'ailleurs aucune intention de m'y mettre, jusqu'à ce que plusieurs reviews positives ici et là et l'encouragement d'amis enthousiastes me poussent à y jeter un coup d’œil guère motivé, par simple acquis de conscience (un peu comme ce qui m'avait poussé à lire au moins le premier « Twilight » : je ne vais quand même pas dire du mal d'une œuvre que je n'ai jamais lue!). Et bon sang, qu'est-ce que j'ai bien fait de céder ! Une fois mes dubitatives barrières vaincues, je me suis laissé emporter par le charme certain de cette série qui représente à merveille ce qu'on peut attendre d'une série télévisée tout simplement fun, et étonnamment bien écrite, surtout en ce qui concerne ses personnages et les relations qu'ils tissent entre eux.

 

Et puisque l'on parle des personnages, présentons-les un peu plus en détail, de même que le contexte de la série. « Sleepy Hollow » nous narre donc les aventures d'Ichabod Crane , qui se réveille en 2013 non loin de la ville éponyme, après un peu plus de dieux siècles sous le coup d'un sortilège. Anglais ayant rejoint les futurs américains lors de la révolution, il combattit un terrible adversaire servant les britannique : un soldat réputé imbattable dont il coupa la tête avant de manquer mourir lui-même. Plongé dans un sommeil magique par sa femme Katrina, une sorcière bénéfique, il ouvre les yeux sur notre époque, sans savoir pourquoi ni comment. Au même moment, son adversaire devenu le cavalier sans tête resurgit elle aussi, prête à semer la mort et la désolation sur son passage. Sa première victime ne sera autre que le partenaire de l'autre protagoniste principal de l'histoire, la policière Abby Mills. Tous deux formeront rapidement un duo soudé et efficace, apprenant par la même occasion qu'ils ne sont autres que les deux « témoins » censés se dresser face à l'apocalypse, dont le cavalier sans tête représente le premier héraut. Crane doit s'adapter à cette époque nouvelle tout en acceptant la vie laissée derrière lui, tandis qu'Abby lutte tout d'abord avec son scepticisme face à toutes les choses étranges qui se produisent, ainsi qu'avec son passé et la mystérieuse figure démoniaque que sa sœur et elle auraient croisée dans les bois, alors qu'elles étaient adolescentes... Nos deux héros n'ont alors de cesser de lutter contre le cavalier et toutes les autres créatures surnaturelles qui s'attaquent à la petite ville de Sleepy Hollow, à l'apparence si tranquille. Sorcières, démons, golems, ce ne sont là que quelques exemples des terribles adversaires qui œuvrent dans l'ombre pour faire régner la terreur et la mort sur Terre.

 

Avec un scénario si fourre-tout et, il faut le dire, trop gros pour être vrai, qu'est-ce qui fait que la série marche si bien ? Et bien il faut sans conteste s'attarder sur les personnages, leurs relations et le jeu des acteurs qui les incarnent. Tom Mison (Ichabod) et Nicole Beharie (Abby) partagent une véritable alchimie à l'écran dès leur première rencontre, une alchimie rendue d'autant plus efficace et plaisante du fait qu'à aucun moment une romance ne se met en place. C'est quelque chose de rafraîchissant, qui nous épargne l'éternelle dynamique du « vont-ils oui ou non se mettre ensemble ? », et qui permet d'explorer les bases d'une amitié homme-femme sincère, ce qui n'est pas si courant que ça et ce même à l'époque actuelle. Dans le rôle d'un homme projeté dans une époque nouvelle et inconnue, Mison excelle sans jamais en faire des tonnes : son adaptation progressive à notre technologie et à nos coutumes actuelles ne prend jamais le devant de la scène et ne sombre jamais dans le gag facile. Les interactions d'Ichabod avec ce monde nouveau sont la source principale de l'humour de la série, et sont toujours empreintes de finesses et ne se reposent certainement pas sur la base de « l'homme du passé ouvrant grand la bouche et les yeux devant la moindre chose nouvelle, avant de demander pourquoi de petits hommes sont dans un écran de télé ». Ichabod reste un homme éduqué et plein d'esprit qui ne tarde pas à s'adapter, tout en se laissant désarçonner par les slim jeans ou l'obsolescence programme des téléphones portables. Tom Mison campe le portrait d'un homme distingué, honorable et déterminé, tout en lui donnant la subtilité nécessaire à un homme ayant perdu tout ce qui faisait sa vie avant le grand sommeil. De son côté, Beharie n'est pas en reste, avec une policière prête à tout pour comprendre quel est le mal qui menace sa ville...et le monde. Abby est l'archétype de la femme moderne forte et capable, mais un archétype réussi. Son attitude cartésienne est peu a peu remise en question, et il ne lui faudra pas longtemps pour accepter les choses étranges et dangereuses qui se produisent tout autour d'elle. Un mystérieux passé n'y sera d'ailleurs pas étranger... Le principal attrait de la série, son moteur, son cœur, c'est la relation qu'elle entretient avec Crane : la formule des buddy movies typiques est ici grandement écourtée, et il ne faudra que peu de temps à nos deux héros pour s'entendre comme larrons en foire...ce qui semble au final plus naturel que nombre d'histoires traînant en longueur. On croit sans la moindre difficulté à l'amitié qui ne tarde pas à naître entre ses deux personnages, et chacune de leurs interactions, chacun de leurs dialogues, sont aussi naturels qu'incroyablement agréables à suivre. Encore une fois, le fait qu'aucune romance forcée ne soit jetée dans le lot ne peut que bénéficier à leur dynamique, qui n'oublie pourtant pas d'évoluer sans cesse sans jamais frustrer le spectateur.

 

Car « Sleepy « Hollow » n'est pas une série qui s'amuse avec nos frustrations, pas plus qu'elle ne s'attarde en longueurs et épisodes de pur remplissage. Chacun des treize épisodes (de quarante minutes) de cette première saison font avancer l'intrigue d'une manière ou d'une autre, et il se passe toujours quelque chose d'intéressant nous poussant à vouloir en savoir plus. Non pas seulement pour le mystère, mais pour le plaisir de voir évoluer ces personnages. Le rythme est bien ficelé, l'écriture efficace. Et même si la série ne se dépare pas d'un certain ridicule dans les enjeux, tenants et autres aboutissants de l'histoire ; mais dès que l'on s'habitue à cette histoire d'apocalypse et à un cavalier sans tête armés de cartouchières pour fusils mitrailleurs, on finit par accepter ce qui pourrait être ridicule et le transformer en quelque chose de purement fun. Car le fun est le maître mot de cette série, qui ne laisse du répit aux spectateurs que pour leur laisser le temps de s'amuser d'un trait d'humour bien placé ou de s'investir dans un personnage. Ce qui est d'autant plus aisé que les personnages se comportent avec une cohérence et une intelligence rarement vues dans une œuvre visuelle de fiction. Les héros se sont confiance les uns aux autres, aucun secret n'est gardé que dans le but du drame et de la durée, le scepticisme ne règne pas longtemps, et les relations des protagonistes sont réelles, censées et toujours bien amenées. Et croyez moi quand je vous dis que c'est bigrement rafraîchissant de voir des personnages se comporter ainsi ! Aucune frustration pour le seul but de faire s'étirer des intrigues n'est de mise dans cette première saison, qui se regarde très facilement d'une traite, tant nous sommes retenus en haleine par une écriture simple mais intelligent qui a pour mérite de ne jamais prendre le public pour des idiots. Et tout ça, cela fait un bien fou !

 

Outre les deux héros, le reste des personnages et du casting n'est pas en reste. Orlando Jones incarne le capitaine Irving, le chef de la police de Sleepy Hollow, dont le caractère tout d'abord sceptique ne tardera pas à laisser place à un homme prêt à tout pour aider ceux qui comptent pour lui. Lyndie Greenwood (vue notamment dans « Nikita », où elle joue Sonya) fait la sœur d'Abby, un personnage intriguant et dur au passé difficile, et représente un ajout bienvenu et dynamique à notre équipe de héros, et se révèle une très bonne surprise ; assurément une actrice à suivre. John Cho (connu notamment pour son rôle du jeune Sulu dans les deux derniers films « Star Trek) est présent dans le rôle du policier ayant littéralement vendu son âme au diable, présentant un personnage aussi tragique que pathétique. Le talentueux John Noble (Walter Bishop dans « Fringe », entre autre) est une fois de plus impeccable dans un rôle dont je ne vous gâcherai pas la surprise ; c'est un plaisir que de le voir récurrent dans cette première saison, et d'apprendre qu'il a été nommé au casting principal de la future saison deux, aux côtés de Lyndie Greenwood. Katia Winter est sans-doute celle qui marquera le moins, mais la faute est plus à attribuer au rôle relégué un peu au second plan de la femme d'Ichabod, la sorcière Katrina ; d'abord confinée au rôle de flashbacks ou de demoiselle en détresse, elle semble tout de même sur le point de gagner en importance.

 

Bref, vous l'aurez compris, « Sleepy Hollow » est pour moi le gros coup de cœur des nouveautés 2013 : du rythme, des personnages extras, une écriture au service de la logique des relations plutôt qu'à leur frustration, de l'humour bien placé et jamais gros et, plus que tout, du fun, du fun et encore du fun ! Si vous avez envie d'une série matinée de fantastique et de grosses ficelles, mais malgré tout fort bien écrite et mise en avant, vous aimerez sûrement suivre les aventures de la petite bourgade de Sleepy Hollow ! Et si vous êtes comme moi, après les révélations inattendues (et fort bien amenées ; car la série a su surprendre avec des twists inattendus, et bien insérés, qui ne tombent jamais comme un cheveu sur la soupe) de cette fin de première saison vous n'aurez plus qu'une envie : que la seconde arrive, et vite !

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