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Lucie 2

Bon, j'ai réussi à pondre à nouveau une page aujourd'hui! Oui, bon, une page par jour, c'est bien peu, mais mine de rien, si je commence par là et que je m'y tiens, je devrais finir par me remettre en selle et améliorer le rendement! Enfin, je continue d'y aller très tranquillement histoire de ne pas sauter en cours de route comme je l'ai trop souvent fait. Et pis c'est rigolo d'improviser aux trois quarts! Bref, les quelques lignes du jour!

 

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Comme tous ceux qu'elle connaissait, elle n'avait jamais vu à quoi pouvait ressembler le monde au-dehors du complexe géant de l'Hégémonie. Pour le dépeindre, elle n'avait que son imagination, nourrie par les bribes d'informations qui avaient survécu à travers les contes. Des contes qui ui remontaient à plus de quatre siècle, quand les vaisseaux de colonisation étaient arrivés sur ce monde pour y établir leur Hégémonie. La planète n'avait alors qu'un nom de code constituée d'une ennuyeuse succession de chiffres et de lettres, mais les premiers pilotes à l'apercevoir à travers leur cockpit la nommèrent Éclat. Parce que même vue de l'espace, l'éclat de ce monde bleu et blanc purs donnait envie à ceux qui le contemplaient de fermer les yeux, aveuglés par l'idée même de sa radiance. Mais les vaisseaux de l'Hégémonie n'avaient nulle part ailleurs où aller, et ils se posèrent sur Éclat pour ne jamais en repartir. Ils étaient vieux et usés par plusieurs générations d'un long voyage, et prévus pour se démanteler en de fantastiques usines qui devaient permettre aux colons de s'établir sur la planète. La surface était inhospitalière, déserte et dotée et d'un air si froid qu'il vous gelait les poumons si vous preniez de grandes respirations (Lucie ouvrait toujours des yeux ronds et sentait sa respiration s'accélérer quand les vieux piliers de bar mentionnaient cette légende). Partout où les yeux se portaient, il n'y avait que de la neige et de la glace et sous le froid, la pierre. Et à peine plus profondément, de gigantesques cavernes souterraines, où l'Hégémonie décida de s'établir, renforçant et isolant les plafond à l'aide des matériaux produits par les usine, séparant rigoureusement les installations de la rigueur mortelle de la surface, maintenant le tout avec les impressionnants piliers qui avaient poussé comme des champignons de béton. Réfugiés au coeur des quartiers étroits et des usines, la population n'avait eu d'autre choix que d'accepter leur nouvelle demeure, et d'apprendre à l'aimer. Seul le gouvernement avait à s'inquiéter de l'extérieur, pour que leurs citoyens n'aient pas à s'en soucier. Les images qui en avaient été prises étaient devenues rares, et les histoires ne vantaient pas leur intérêt : il n'y avait que deux couleurs à la surface, le bleu et le blanc. Deux couleurs que Lucie aurait tout donné pour voir de ses propres yeux un jour. Elle voulait respirer cet air glacial pour voir si ses poumons se gèleraient, et elle voulait voir si se doigts allaient finir par se congeler avant de tomber en morceaux, comme elle avait entendu le vieux MacDarwin le raconter. C'était ce genre d'histoire qu'elle préférait, avec celles qu'échangeaient les clients du bar concernant les rumeurs d'expéditions ici et là à la surface. Ici, même à l'abri de l'Hégémonie, la température n'était pas toujours chaude -tous s'en plaignaient assez en buvant leur gin- mais Lucie n'avait jamais eu froid : à la place, elle rêvait de froid. Et elle se réveillait ensuite l'esprit plus clair que jamais, sa tête emplie d'un bleu immense. De ce bleu qui poussait même les moins superstitieux des colons à éviter de contempler les images de l'extérieur. Il y avait dans ce bleu froid quelque chose d'implacable, de terrible et d'envoûtant, disaient les vieux au coin du feu, quelque chose qui vous poussait à vous abandonner à la blancheur, à l'éclat. Quand Lucie avait demandé ce qu'était vraiment cet éclat, elle n'avait eu droit qu'a des regards plissés et des toux gênées ; c'était à croire que personne ne le savait vraiment. Mais dans ce cas, se disait la fillette, pourquoi sa seule mention les rendait-ils aussi inquiets ? Alors ils changeaient de sujet, commentant le dernier dysfonctionnement de l'usine de textile, ou l'effondrement de la zone sud. Tour à tour étaient blâmés les ingénieurs responsables de l'entretien de la zone, les équipes d'ouvriers et le gouvernement lui-même ; ce qui était certain, c'était qu'il y avait eu un défaut dans la cuirasse de l'Hégémonie, et que ses services travaillaient jour et nuit avec une attention redoublée pour qu'il ne se reproduise jamais ailleurs. Et les ruines de la zone sud reposaient sinistrement, témoignage terrible de ce que pouvait coûter la moindre erreur sur Éclat.

-...secteur sept. Attention, tous les passagers pour Domaine sont priés de rejoindre dès à présent le secteur sept.

Lucie leva la tête à l'annonce des hauts-parleurs, essayant de repérer le plus proche, installé sur un pilier sous le plafond en dôme de la Grande Gare. C'était la première fois que la fillette s'y rendait, et elle n'en revenait pas de l'impression d'espace que dégageaient les lieux. On aurait pu y déplacer tous les immeubles serrées de son quartier, et peut-même quelques jardins souterrains, d'où provenaient les rares fruits et légumes de l'Hégémonie dont le développement pour un tel climat avait réussi. Et pourtant, malgré tout l'espace de la gare, l'endroit était bondé. Lucie avait l'habitude de la foule, comme quiconque vivant dans les complexes de l'Hégémonie, mais jamais elle n'avait vu autant de personnes différentes aller dans tous les sens comme cela, tous après un but bien particulier. Il y avait des groupes d'hommes sérieux vêtus de costume en lin synthétique qui devaient coûter les yeux de la tête, leurs mains serrées sur leurs mallettes, et des individus encore plus sérieux vêtus des uniformes bleus de la sécurité. Des ouvriers en orange étaient visibles partout, sortant d'un des métros qui faisaient le tour du complexe pour rentrer dans un autre. Tout un groupe d'enfants âge d'un ou deux ans de plus que Lucie étaient apparemment en sortie scolaire, et leur professeur essayait vainement de les compter tandis qu'ils chahutaient en riant. Non loin d'eux, Lucie n'en crut pas sa chance quand elle vit la chose extraordinaire qu'une dame âgée à l'air digne portait dans ses bras : un chat, un véritable chat vivant ! Son magnifique pelage couleur crème était constellé de tâches plus sombres qui constituaient un motif délicat, et il avait de magnifiques yeux verts. Sous terre, à l'abri des alliages de bétons, l'espace était une denrée rare et posséder un animal de compagnie était sans doute l'un des plus grands luxes auquel pouvait prétendre un citoyen de l'Hégémonie. Jusqu'ici, Lucie n'avait vu que deux ou trois fois le vieux chien du père MacDonald, une vieille chose efflanquée aux yeux presque aussi tristes que ceux de son maître et, lors d'une des rares sorties effectuées par son école, elle avait eu la chance inouïe de rencontrer le perroquet du conservatoire. L'oiseau rouge et jaune avait été la plus belle créature que Lucie avait jamais vue et, selon la maîtresse d'école, il était le seul oiseau encore vivant de leur secteur.


Alors que l'annonce pour les passagers qui se rendaient à Domaine retentit une fois de plus, Lucie se demanda s'il y avait des perroquets, là-bas. Domaine était l'un des rares autres complexes de l'Hégémonie, et il servait principalement de lieu de rencontre pour traiter d'affaires importantes. Y vivaient les citoyens les plus fortunés, et on y trouvait également le parlement. A ce qu'on disait, il y avait là-bas quelques vrais arbres issus d'une longue descendance, et Lucie était persuadée que c'était à Domaine que vivait la vieille femme au chat. Elle avait des vêtements délicats, en fausse fourrure, et du maquillage. Lucie se demanda un instant comment serait la vie parmi les arbres, dans lesquels grimper avec des chats, mais fut vite distraite par quelque chose d'autre. Il y avait tellement de choses à regarder ! Elle entendit un éclat de rire, sur sa droite, et tourna la tête, curieuse. Un petit groupe fendait la foule avec aisance, sans se soucier de cette dernière qui s'écartait spontanément sur leur passage. Et Lucie comprit très vite pourquoi : il s'agissait de soldats. Pas des gardes bleus de la sécurité de la gare, non, mais de vrais militaires aux couleurs bleu, rouge et or de l'Hégémonie.

Commentaires

  • Bon, ben moi, je vais m'abonner à ce feuilleton qui, je l'espère, sera régulier: c'est officiel Maître Renard, ton histoire a déjà une fan :P

  • Merci beaucoup! Content que ça te plaise!^^ Et j'espère vraiment tenir le rythme! o/

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