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Ecriture - Page 35

  • Lucie 35

    L'intermède passé, voici le retour de "Lucie" aujourd'hui, avec un peu plus d'une page!^^

     

    _____________________________________________________________________________________

     

     

    -Vous avez dit quelque chose ? s'enquit Kenneth Marsters, curieux.

     

    -Oui, que ça pourrait être pire.

     

    -Aïe.

     

    -Oui hein ?

     

    -C'est jamais bon signe. C'est une des premières choses que j'ai apprise dans mon domaine de recherches : dès que quelqu'un a la malheur de dire ça, tout ne peut qu'empirer.

     

    -Pourquoi forcément empirer ? Pourquoi est-ce que ça ne pourrait pas s'améliorer ?

     

    -Impossible. C'est aussi universellement vrai qu'une loi de la physique.

     

    -C'est bien ce que je pensais, mais vous auriez au moins pu faire l'effort de prétendre le contraire afin de me rassurer...

     

    -Vous êtes le genre d'homme qui a besoin d'être rassuré, caporal ?

     

    Marsters décocha un vif sourire amusé à l'attention de Velázquez, qui le lui rendit bien. Le soldat était content de l'avoir dans les parages : il le trouvait sympathique, et prêt à tout pour se rendre utile plutôt que de rester à se tourner les pouces. C'était ce qui avait poussé l'ingénieur à demander au major Adams la permission de se joindre à André Velázquez et Paul Ravert dans leur petite expédition.

     

    -Je sais me rendre utile, avait-il déclaré avec un aplomb tranquille qu'on ne se serait guère attendu à voir chez un homme de sa stature. Plus que si je reste ici. Je pourrai aider le soldat Ravert pour ce qui est technique : je suis familier avec les systèmes de ce train.

     

    -Qu'est-ce que vous dites de ça, Paul ?

     

    -Que si il dit vrai, ça me faciliterait la tâche si besoin est.

     

    -Au point que je laisse un simple civil trébucher sur les talons de deux de mes hommes ? Demanda-t-il à Kenneth. Mais Adams n'avait posé la question que pour tester son interlocuteur ; il l'avait déjà jaugé, et était curieux de voir comment il allait réagir.

     

    -Je suis peut-être un civil, et je pense être un homme simple, mais je trébuche rarement, major.

     

    -Dans ce cas... Vous savez vous servir d'une arme ?

     

    Le major avait ouvert son paquetage, dont il sortit une petit arme de poing de rechange, qu'il tendit à Marsters. Ce dernier s'en saisit s'en trembler et vérifia qu'elle était chargée avant de repérer le cran de sécurité.

     

    -Si besoin est. Je suis plein de ressources.

     

    -On dirait bien. Soit, allez-y. Je préfère trois hommes sur le coup que trois, après tout. Merci de votre aide, monsieur Marsters. Caporal, prenez soin de notre volontaire, même s'il semble tout à fait capable de se débrouiller tout seul. Et mettez-vous en route, nous...

     

    -Hé ! Vous n'allez pas5 vous en tirer comme ça !

     

    Agacé d'avoir été ainsi interrompu, Canton Adams n'avait pu dissimulé l'ennui que lui causait ce délai et, plus encore, la personne qui en était responsable. Ed Travers s'était approché pour les rejoindre, sa casquette vissée sur ses cheveux roux et le visage presque aussi écarlate que ces derniers.

     

    -Que puis-je pour vous, monsieur Travers ? Et si vous pouviez être bref, le temps est...

     

    -Si Marsters y va, moi aussi ! Je suis le responsable de ce voyage, et le représentant du service de transports ! Je ne vais pas vous laisser crapahuter dans mon train sans moi ! Et j'ai la seule clef, vous avez besoin de moi !

     

    -Votre train ? Depuis quand ?

     

    -Depuis que j'ai été nommé à ce poste, et je vous prie de ne pas me parler sur ce ton, major ! Je ne suis pas un de vos petits soldats !

     

    -Non, vous n'avez rien d'un soldat, en effet...

     

    -J'exige d'accompagner vos hommes !

     

    -Comme je sais pertinemment que vous n'allez pas me foutre la paix, et que la décence m'interdit d'arracher votre clef à votre petit corps malingre, je vais accepter mais.. Non, taisez-vous ! Pas un mot, laissez moi finir ! Bien. Vous allez faire exactement tout ce que le caporal et le soldat Ravert vous diront, vous ne ferez rien sans leur accord, et vous ne les quitterez pas d'une semelle, est-ce bien clair ? Et avant que vous ne me répondiez, sachez que je vous tiendrai personnellement responsable pour la moindre bévue de votre part, et que vous ne pourrez pas compter sur votre statut de civil pour échapper à mon courroux. Compris, monsieur Travers ?

     

    Le responsable avait blêmi, son assurance ayant physiquement manqué de peu de s'écouler par chacun des pores de sa peau. Paralysé par le regard du major, il aurait volontiers pris la décision de se replier si cela n'avait signifié perdre la face plus avant. Il avait alors rassemblé les derniers morceaux de sa dignité et s'était raclé la gorge avant de répondre, d'une voix bien plus aiguë qu'il l'aurait voulue :

     

    -Bon, ça va, j'ai compris...

     

    -Parfait. Allez-y maintenant... Quoi encore, Travers ?

     

    -Je n'ai pas droit à une arme ?

     

    Le major s'était contenté de le regarder sans rien dire, et le rouquin n'avait rien ajouté avant de prendre la suite des autres. Mais il n'avait pas tardé à se rattraper en se plaignant et en rouspétant tout au long du chemin que parcourait le petit groupe le long du train. Au moins, ils n'avaient rencontré aucun problème plus grave, traversant des wagons déserts jusqu'à arriver à celui où ils avaient, plus tôt, rencontré leurs premiers passagers. Velázquez intima le silence à Travers, qui obéit non sans avoir la mine boudeuse, et fit signe à Paul Ravert de s'avancer en éclaireur. Ils avaient régulièrement tenté de contacter Stuart Moore durant leur avancée, mais sans jamais avoir de réponse. Ravert s'engouffra dans la voiture, avant de ressortir une vingtaine de secondes plus tard.

     

    -Alors?

     

    -Rien, fit le soldat. Aucune trace de Stuart. Mais il y a autre chose... Et ce n'est pas très joli.

     

    Il échangea un regard lourd de sous-entendus entre Velázquez et ce dernier, suivi des deux civils, entra à son tour dans le wagon qu'était censé garder Stuart Moore.

     

  • Lucie 34

    Et hop, une nouvelle page en ce morne dimanche (c'est le propre de presque tous les dimanche, de toute façon^^), où l'on en apprend un peu plus sur un des premiers persos introduits.

     

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    André Ladislas Montauban Velázquez ouvrait la marche, sa petite troupe sur les talons. Il portait son long fusil en bandoulière, la main posée nonchalamment sur la crosse au cas où il aurait à s'en saisir rapidement. Le caporal doutait que cela finisse par être le cas, mais il était d'un naturel prudent, bien dissimulé derrière l'attitude d'un homme qui ne prenait rien au sérieux. Si ce n'était, peut-être, une bonne partie de cartes, son apparence et les ordres du major Adams. Personne ne prenait les ordres du major Adams à la légère, sous peine d'en regretter longtemps les conséquences. Au sein de l'armée, les soldats étaient de toute façon entraînés à suivre les directives de leurs supérieurs sans discuter, mais Velázquez n'avait jamais rencontré un officier aussi implacable que Canton Adams. L'homme n'était pas mauvais, pas plus qu'il ne se montrait injuste avec ses hommes, mais il y avait en lui une telle intensité à laquelle très peu de personnes étaient insensibles, et Velázquez ne faisait pas exception. Adams n'était pas n'importe quel officier, pas plus que Velázquez n'étais pas n'importe quel soldat. A vrai dire, le blond moustachu ne s'était retrouvé engagé dans les forces de l'Hégémonie que suite à un fâcheux, improbable et flamboyant concours de circonstances - comprenant entre autres un étrange accident dans un des plus prestigieux vergers du Domaine avec une limousine électrique, la fille d'un vieux dignitaire religieux de l'Hégémonie, un violon antique et hors de prix et une chèvre qui n'avait rien demandé à personne mais dont l'étonnant rôle jouée dans cette affaire prête encore à débat aujourd'hui. Issu d'une lignée de riches propriétaires et investisseurs dont le pouvoir et le prestige remontaient à l'aube de la colonisation d’Éclat par l'Hégémonie, celui qui n'était en ce moment que le caporal Velázquez avait toujours été destiné à une vie dorée et confortable. La famille Velázquez faisait partie de ce qui se rapprochait le plus des vestiges d'une aristocratie plutôt bien établie dans les hautes sphères de l'Hégémonie. Ses membres officieux ne possédaient ni titres, ni pouvoir spécial d'un point de vue gouvernemental mais faisait partie d'une sorte d'élite de la société, où les plus méritants pouvaient se hisser avant d'y établir une véritable dynastie sur plusieurs générations, pourvu que ses héritiers continuent de se montrer aussi capables et efficaces que leurs ancêtres. En tant que premier fils au sein de sa fratrie, André était depuis son enfance préparé à prendre la suite de ses parents au sein des affaires familiales et, s'il s'était toujours montré doué dans tout ce qu'il entreprenait, il ne s'était finalement que rarement intéressé à un domaine qui l'ennuyait. Et beaucoup de choses ennuyaient André Velázquez, notamment lorsqu'il s'agissait de choses aussi rébarbatives que l'administration d'un conseil ou la gestion d'un patrimoine. Ses frasques étaient connues dans tout le Domaine, et sa dernière folie avait poussé ses parents à le mettre devant le choix suivant : soit il s'enrôlait au sein de la plus prestigieuse université de l'Hégémonie pour y reprendre des études poussées et n'en ressortir que bardé de diplômes, soit il s'engageait dans l'un des nombreux ordres dérivés des anciennes religions chrétiennes qui avaient court sous la surface, soit il faisait son service au sein de l'armée. Les études poussées n'ayant guère d'attrait pour lui -il s'estimait d'une intelligence trop peu conventionnelle pour cela- et la seule idée de se mettre au service d'une religion ou d'une autre ne le laissant qu'avec un fou rire irrépressible, il avait opté sans hésiter pour la tenue de soldat, et ce à la grande surprise de ses parents, qui pensaient surtout par ce choix le pousser à reprendre en main don destin d'héritier plutôt que d'être envoyé ailleurs. Mais André avait vu clair dans leur jeu, et il avait sauté sur l'occasion d'échapper un peu plus à leur contrôle et de s'éloigner de ses obligations pour se retrouver très vite confronté à celles, toutes aussi nombreuses et bien moins poliment formulées, du monde militaire.

     

    Et pourtant, malgré son passif et son caractère, le soldat Velázquez avait curieusement réussi à s'épanouir dans ce milieu sans un seul instant perdre de sa superbe. Ne serait-ce que parce qu'il avait trouvé au sein d'un tel système un véritable sentiment d'appartenance, et un encadrement qui lui faisait le plus grand bien même s'il n'aurait jamais accepté de l'avouer directement. Il avait navigué d'un corps d'armée à un autre, toujours curieux et avide d'apprendre, les oreilles et les yeux grands ouverts, monnayant confort et avancement au rythme de son art du dialogue et de la persuasion. Et il compensait son indolence et son goût de l'indépendance par un talent certain dont tout ce qu'il entreprenait, ce qui avait agacé plus d'un de des supérieurs désireux de lui faire ravaler cette arrogance naturelle -mais jamais mal intentionnée- née d'une confiance en soi innée et en aucun cas usurpée, et qui avait fini par le faire intégrer dans l'escouade du major Adams, où l'on avait estimé en haut lieu que son approche peu conventionnelle serait des plus précieuses. Autrement dit, on avait décidé en haut lieu de se débarrasser de se foutu gosse de riche en le mettant dans les pattes d'un major reconnu pour être aussi strict que difficile d'accès lui-même, en espérant que ces deux là passent plus de temps à se marcher sur les pieds l'un de l'autre que de leur hiérarchie. Et si Adams rappelait souvent Velázquez à l'ordre et se montrait agacé par ses manières plus souvent qu'à son tour, il avait fini par apprécier l'homme qui se cachait derrière et le soldat efficace qu'il était devenu. Quant à Velázquez lui-même, il aimait faire tourner son supérieur en bourrique quand il en avait l'occasion, mais respectait cet officier et les valeurs qu'il incarnait plus qu'il n'avait jamais respecté quelque figure d'autorité que ce soit. A eux deux, ils formaient un duo efficace, bien que mal assorti. Et puis Velázquez avait d'autres raisons de vouloir conserver cette affectation, dont une qu'il n'était même pas encore sûr de pouvoir s'avouer directement, ne serait-ce que parce que ce n'était pas son genre. Bien entendu, sa famille -ses parents en premier- avaient poussé des hauts cris quand ils avaient appris que l'escouade de leur héritier était envoyée à Haven, où les postes étaient généralement permanents. Ils avaient bien tenté de faire usage de leurs connexions pour empêcher un tel transfert, mais André avait refusé de jouer le jeu. C'était là sa décision et il ne laisserait personne l'en dissuader. Et puis il avait bien assez de frères et sueurs doués -et surtout plus sages- pour prendre sa suite au sein du Domaine. Non, pour la première fois depuis toujours, il se sentait plus que jamais à sa place, et il n'avait aucune envie que cela change. Quoi qu'on puisse bien lui dire. Et ce même cela impliquait parfois de lui faire prendre la tête d'un petit groupe d'hommes pour explorer un train ancien bloqué au milieu de nulle part dans un environnement hostile, dangereux et très désagréablement glacial.

     

    -Ma foi, ça pourrait être pire, se surprit-il à murmurer tandis que lui et les autres avançaient prudemment. Et, sans trop savoir pourquoi, quelque chose lui disait qu'il allait finir par regretter ces quelques mots...

     

  • Lucie 33

    Et deux p'tites pages, en ce vendredi!^^

     

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    -Des signes d'activité, deux wagons plus loin que celui dont avez dû court-circuiter la porte pour venir jusqu'ici.

    -Vous avez vu quelqu'un ?

    Grümman se racla la gorge, comme s'il n'était pas tout à fait sûr de lui :

    -Pas vraiment. L'image est mauvaise, je pense que cette caméra a été abîmée. Leur entretien n'a jamais été de la plus grande priorité. Mais il y a du mouvement, j'en mettrais ma main au feu, si seulement on avait un bon feu autour duquel se réchauffer. Cette saloperie de système de chauffage est en vraie perte de vitesse, et je n'aurai bientôt plus de café...

    -Capitaine Grümman ? le coupa Adams.

    -Oui ?

    -Venez en au fait.

    -Ah, oui, pardon. Un sas d'urgence est ouvert, c'est ça que j'ai vu. Que je suis en train de regarder en ce moment. Et je doute fortement que ce soit juste à cause du vent, même agité comme il est aujourd'hui.

    -Vous pensez que c'est votre homme ? Detroit, c'est bien ça ?

    -Affirmatif, major. Je ne vois pas qui d'autre aurait pu l'ouvrir. Ce qui n'est pas normal, c'est que le sas soit resté ouvert. Stan est un gamin enthousiaste, mais consciencieux. Il n'aurait jamais oublié de refermer derrière lui, c'est certain.

    -Le sas a peut-être été endommagé lors du choc ? Il ne fermerait plus correctement ?

    -C'est possible. J'en doute, ces systèmes sont parmi les plus solides du train, mais je n'aurais jamais cru que nous pourrions être arrêtés ainsi en pleine course, alors qui sait ? Ou alors, il n'a pas eu le temps de refermer derrière lui, mais je ne vois pas pourquoi. Qu'on soit pressé de rentrer, avec un tel climat dehors, je le comprends tout à fait mais, une fois à l'abri à l'intérieur, pourquoi se presser ?

    -A moins qu'il soit tombé sur quelque chose qui ne lui ait pas laissé beaucoup de temps pour réagir. Ou quelqu'un.

    -Vous pensez toujours que quelqu'un est responsable de tout ce bordel ?

    -Et vous, capitaine Grümman ?

    Il y eut un silence un peu plus long, et le major pouvait presque entendre Grümman grimacer derrière sa radio :

    -Dieu sait que je n'aime pas ça, mais vous devez avoir raison. Je ne vois vraiment pas ce qui aurait pu se passer d'autre. J'ai vérifié et revérifié les données disponibles et les systèmes de commandes, je ne pense pas que ça vienne de nous. Et Stan n'avait rien trouvé non plus. En cas de panne soudaine, nous avons assez de contingences pour en être avertis, ne serait-ce que pour nous donner une cause probable. Et il semblerait que rien à l'extérieur ne soit en faute non plus, vu qu'il n'y a rien sur ce foutu caillou gelé... Non, quelqu'un a dû agir depuis l'intérieur, probablement au niveau des machines. Et quelqu'un qui savait assez ce qu'il faisait pour éviter de nous faire dérailler et de nous précipiter dans le décor. Et avant que vous ne le demandiez, j'ai passé en revue les images dont je disposais, mais les enregistrements ne sont pas tous fonctionnels, et la plupart ne contiennent que quelques minutes d'archives, voir une heure ou deux tout au plus. Ça fait de nombreux mois que Stan et moi bassinons Ed Travers pour qu'il fasse quelque chose à ce sujet et remette tous les systèmes de sécurité en ordre, mais ce couillon est doté d'une capacité inouïe à faire traîner les choses.

    -Vous n'en savez pas plus, alors ?

    -Toujours pas. Je sais que Stan comptait se rendre du côté des machines pour en avoir le cœur net, il en saura certainement plus que moi. A vrai dire, je me disais que vous en sauriez plus que moi aussi...

    -Ah bon, capitaine Grümman ? Comment cela ?

    -Et bien c'est vous, le soldat. Vous et vos gars. Je n'aime pas me poser de questions, alors je n'ai pas chercher à savoir pourquoi on m'a demandé de transporter une nouvelle escouade de plus, ni pourquoi vous n'avez pas tenu à vous mêler aux autres passagers dans le voyage, mais...

    -...mais vous vous demandez si notre présence ici à quelque chose à voir avec un mystérieux saboteur sorti de nulle part. Je ne vous en veux pas de vous poser cette question-ci, d'autant que je me serais posé la même à votre place, mais je n'en sais pas plus que vous.

    -Pas de transport secret de prisonnier dangereux, alors ?

    -A moins que cela ne soit assez secret pour que même moi je ne sois pas au courant, je ne crois pas, capitaine Grümann.

    -Bon, ça ne coûtait rien de demander, on ne sait jamais...

    -Est-ce que vous êtes toujours branché sur ce fameux wagon, capitaine ?

    -J'ai basculé sur le canal direct, je ne le quitte pas des yeux.

    -Le sas est toujours ouvert ?

    -Affirmatif.

    -Bon, et bien j'imagine qu'il est de notre devoir d'aller y faire un tour, histoire de voir de quoi il s'agit. Merci, capitaine.

    -Je ne fais que mon devoir, comme je l'ai toujours fait. Et, dites, major...

    -Nous nous occuperons de rechercher votre jeune ami par la même occasion, bien entendu.

    -Merci major.

    -C'est normal. Mais dites moi -et je risque de vous fâcher, mais je me dois de poser la question- ce Detroit est-il digne de confiance ?

    -Stan ? Je lui confierais ma vie, et même les commandes intégrales du train, c'est dire ! C'est un bon gamin, major, aucune chance qu'il soit mêlé à tout ça. Si vous aviez vu sa tête après le choc... L'idée qu'on s'en soit pris au train le trouble au moins autant que moi. Nous faisons partie de lui.

    -Je vous crois, capitaine. Mais je me dois de considérer toutes les pistes. Autre chose ?

    -Non major. Si ce n'est ce que me souffle mon instinct, et il n'a que rarement eu tort concernant ce qui se passe à bord de mon train. Faites attention à vous. Et... major ?

    -Oui ?

    -Prenez soin de Stan. Et quand vous l'aurez trouvé, venez m'ouvrir, s'il vous plaît. Finalement, je serai ravi de voir du monde.

    -Bien entendu. En attendant, gardez un œil sur les caméras, et votre radio à portée. Terminé.

    Canton Adams redonna sa radio à Paul Ravert et, les mains sur les hanches, contempla l'ensemble du wagon et de ses passagers :

    -Le capitaine Grümman nous a fait parvenir de nouvelles données qu'il nous appartient d'aller vérifier. Je vais envoyer une petite équipe sur place, et j'espère que cela nous permettra de mieux comprendre la situation. Velázquez ?

    -Major ?

    Le grand caporal laissa tomber ses cartes et se leva, au garde-à-vous :

    -Vous allez partir en mission pour moi. Prenez Ravert, et ramassez Moore au passage. Paul, contactez ce dernier, d'ailleurs, qu'il soit sur ses gardes.

    -J'ai essayé, monsieur. Seulement... Il ne répond pas. Peut-être que son communicateur personnel est défectueux.

    -Si il n'y avait que son communicateur de défectueux... Adams leva les yeux au ciel, avant de continuer :

    -Essayez encore. Je n'aime pas ça. J'espère que cet abruti n'en profite pas pour se la couler douce...

    -Stuart ? Stuart, tu m'entends ? C'est Paul. Prépare toi, on vient te rejoindre.

    Il secoua la tête :

    -Toujours rien, monsieur.

    -Ce n'est pas normal, même pour lui... Allez-y, et maintenez le contact. Et quand vous aurez trouvé Moore, sonnez lui les cloches ! Il va m'entendre, celui-la.