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Blog - Page 3

  • Crise de réalité

     

    Vous êtes terrifié. Votre crâne résonne sans cesse, comme la sensation du vertige lorsqu'on ôte le vertige : vous ne vous cognez pas partout en manquant de tomber, mais la cloche invisible vibre sous vos cheveux. Une nouvelle constante qui vous a assailli progressivement, avant que vous ne remarquiez enfin que c'était là.

     

    Mais ce n'est pas ce qui vous fait peur. Non, cette peur est primale, ancienne, universelle et, en ce moment totalement hors de contrôle. Vous avez peur de la fin. Sans raison palpable outre que son inéluctabilité. Tout à commencer il y a plus ou moins deux semaines où, perclus par vos soucis d'endormissements, vous avez repensé à cette maladie fort rare se traduisant à terme par un trouble de l'insomnie fatale. Vous aviez par hasard appris son existence quelque temps auparavant, la classant aussitôt sur la liste des choses terrifiantes dont vous auriez nettement préféré continuer d'ignorer l'existence (comme la sortie d'un nouvel album de ABBA ou l'existence des mars frits écossais). Et en y repensant, votre esprit a immédiatement cru bon d'en faire le point d'orgue de vos angoisses, les concentrant instantanément (comme des nouilles) sur la fatalité inexorable d'un tel diagnostic. Une angoisse irraisonnée, certes, mais n'est-ce pas là le sens des angoisses ? Et, plutôt que de s'arrêter là, cette fixation a ouvert la porte à cette ancienne peur que vous aviez réussi à mettre de côté depuis bien longtemps : la peur de la mort.

     

    A l'âge de douze/treize ans, la soudaine prise de conscience de votre mortalité vous avait plongé dans la première dépression de votre vie, allant jusqu'à vous faire manquer une ou deux semaines d'école à son paroxysme. Les années passant, la peur s'était étiolée, nageant à une distance de sécurité de vos craintes jusqu'à devenir diffuse, lointaine.

     

    Et voilà que vous replongez en plein dedans.

     

    Ce n'est pas la peur de tomber raide mort là tout de suite, mais la peur de l'inévitabilité de la chose. Le fait de savoir que, quoi qu'il arrive, cela va bien vous arriver un jour. Cette réactualisation de cette crainte s'est cristallisée en vous au point de constamment parasiter vos pensée depuis une quinzaine de jours. La cessation de l'existence -et l'incompréhension que cela représente- vous paralyse, un gouffre constant s'agitant au creux de votre estomac. Vous n'arrivez pas à vous changer les idées. Films, jeux, séries, lectures ne vous offrent que quelques minutes de répit ici et là avant de replonger votre esprit dans la terreur. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que le tout s'accompagne de ce que vous qualifieriez de « crise de réalité ».

     

    Il y a de ces gens qui s'extasient de l'infinité de l'univers et du miracle que notre existence représente. En ce moment, vous trouvez cela infiniment terrifiant plutôt que réconfortant. L'existence vous apparaît comme absurde. Pourquoi l'univers, pourquoi la Terre, pourquoi l'humanité, la vie, pourquoi vous ? Plus rien n'a de sens, au point que vous avez de la peine à vous concentrer sur le monde autour de vous. Vous pouvez vous mettre à contempler votre fourchette d'un air effaré, comme frappé de l'absurdité de son existence.

     

    Vous avez beau essayé de vous rassurer -vous êtes, de ce que vous en savez, dans une santé physique décente, et à 36 ans vous pouvez encore vous considérer comme jeune- rien n'y fait. La peur est là, surgissant à tout moment au premier pan de votre esprit, vous figeant sur place, déversant en vous les affres de l'angoisse ; et le reste du temps, vous la sentez là, diffuse, tandis que tout vous paraît absurde, aléatoire, dépourvu de sens. Vous regrettez terriblement de ne pas croire en la moindre puissance supérieure. Vous n'arrivez pas non plus à en parler vraiment, vous sentant ridicule. Il y a des problèmes bien plus tangibles, actuels, qui taraudent le monde autour de vous. Vous n'êtes pas malade, vous n'êtes pas condamné, vous n'avez aucun raison d'être à ce point désespéré. Même si vous savez que les angoisses -et les crises qui vont avec- sont irrationnelles, vous en avez presque honte. Mais c'est en train de vous dévorer de plus en plus, aussi essayez-vous de l'exprimer à travers quelques mots tapés sur votre clavier. Essayer de faire un peu sortir tout ça, d'une manière ou d'une autre.

     

    Il y a aussi la peur d'un futur possible, pas encore concret, qui ne se réalisera peut-être pas, mais qui vous pèse plus que vous ne le croyiez. Les antécédents de souffrance mentale et de sénilité dans votre famille maternelle, l'inconnu de ceux de votre famille paternelle. Avez-vous une voie toute tracée menant au brouillard cérébral, à la perte de vous-même avant la mort elle-même ?

     

    Et vous ne savez pas comment arrêter de penser à tout. Comment ignorer ces peurs qui ont longtemps été tenues à distance. Comment vous concentrer sur le moment qui compte: l'instant présent. Et dans ces cas-là, vous vous sentez également dévoré par une solitude qui prend de plus en plus de place. Vous commencez à vous dire que le fait de vivre seul, sans présence régulière, commence à vous peser. L'absence d'une présence solide, de contacts affectifs, de contacts physiques (pas uniquement romantiques ; simplement la sensation de la peau de quelqu'un d'autre contre la vôtre, d'un bras autour de vos épaules, d'être pris dans les bras et de prendre dans les bras. De pouvoir vous abandonner à une intimité que vous n'arrivez pas à retrouver.) Vous ne savez plus quoi trouver pour vous sortir de cette angoisse existentielle actuellement permanente, quoi trouver pour vous rappeler qu'il s'agit avant tout de vivre sa vie dans le présent et d'en profiter au maximum, sans craindre sa fin en permanence.

     

    Alors vous espérez que ça finira par passer. Que cet état ne sera pas constant, parce que vous ne sauriez pas comment le gérer. Vous espérez juste de pouvoir, enfin, retrouver la beauté de simplement se sentir en vie.

     

    D'être, enfin, rangé au côté du miracle plutôt que de l'absurde.

  • Chuter sur place

    C'est comme dégringoler, encore et toujours, la terre juste sous les pieds mais toujours hors de portée. Vous tombez depuis si longtemps que vous n'avez tout simplement plus l'impression de bouger. Tout est la même chose. C'est autour de vous que tout se passe vite, que le temps, les autres filent à une vitesse qui vous monte à la figure mais ne vous touche même pas, ne réussissant pas à vous entraîner au passage malgré tous leurs effort. Et les efforts ils en font, ils tendent le bras, ils tendent leur cœur, ils tendent leur âme, mais vous n'arrivez même plus à les effleurer du bout des doigts.

     

    Vous tombez en sur place. Aspiré par le vide, bien sûr, mais aussi retenu par ces réserves d'énergies bornées plantées en vous, qui vous tirent dans l'autre sens au point de vous tordre de plus en plus, vous empêchant de basculer pour de bon dans ce vide qui vit avec vous depuis toujours. Depuis avant même votre naissance, quand le vide s'attaquait déjà sournoisement à votre mère. Votre mère que le vide torture aujourd'hui à travers son esprit et sa mémoire, faisant d'elle une personne si différente qu'elle pourrait aussi bien ne plus être votre mère. Elle n'est plus votre mère. Le vide l'a tué, à sa manière, en la laissant debout, et vous commencez à peine à faire le deuil. Le deuil de la sagesse de votre parrain, emporté lui aussi par son propre vive il y a bientôt un an. Un rocher de votre existence effrité en un instant, des souvenirs comme de la poudre entre les doigts et une incapabilité de votre part à en souffrir autrement qu'en faisant le mur.

     

    Le mur face aux vide, ce mur qui vous aura permis de tenir jusqu'à aujourd'hui malgré les épreuves et les effondrements. Ce mur qui siphonne chaque jour un peu plus de votre énergie pour lui permettre de rester dressé face à tout ce que peut vous envoyer la vie dans les dents. Ce mur, générateur de cette endurance têtue qui vous aura permis de gérer et de survivre à des situations compliquées, qu'il s'agisse d'une crise de schizophrénie matérnelle alors que vous étiez enfant, en vacance avec elle, dans une chambre d'hôtel. Une endurance qui vous a fait mettre de côté les brimades et les insultes, mais aussi les espoirs placés en vous qui n'ont jamais aboutis. Une endurance qui vous permet d'être fonctionnel malgré votre atypie, malgré vos faiblesses, malgré votre fatigue, malgré vous manques. Une endurance qui vous permet non pas vraiment d'avancer, mais de ne pas basculer dans l'oubli et le désintérêt le plus total. Une endurance qui vous coûte tellement d'énergie que vous n'en trouvez plus pour écrire, rêver, imaginer. Autant d'éléments de votre vie pendant longtemps aussi essentiel que chacune de vos respirations qui s'en vont de plus en plus loin, vous asséchant l'esprit comme le beurre étalé trop longtemps sur la tartine de Bilbo.

     

    Où est passé celui que vous étiez ? Celui qui écrivait constamment un projet ou un autre, qui se lançait d'histoire en histoire sans même les terminer parce que ce qui comptait c'était de faire naître les idées là où elles venait. Il y avait tous les vous imaginés par d'autres : celleux qui vous voyaient brillant, paléontologue, libraire, bibliothécaire, écrivain, universitaire, même employé de commerce quand il n'y avait plus que le dépit. Mais pour les grandes aspirations comme pour les petites, le vide a continué de vous précipiter dans cette chute sans fin et sans impression de mouvement. Et votre énergie, siphonnée par vos mécanisme de défense. Pour être fonctionnel. Pour vivre au jour le jour, faire vos courses, entretenir votre appartement, vos factures, tout ce qui est nécessaire. Au point où la seule idée d'en arriver à la prochaine lessive vous terrifie tellement que vous sentez les larmes vous monter aux yeux et votre esprit épuisé se tordre face à la répétition des tâches essentielles.

     

    Vous persistez. Vous ne basculez jamais totalement dans le noir, vous ne coupez jamais tous les ponts, vous gardez un peu de cette énergie pour cela, pour ne pas faire du mal à vos proches, ou du moins le moins possible, en vous retirant d'eux. Des proches qui vous soutiennent de leur mieux, de manière indéfectible et inconditionnelle, et que vous aimez tellement, même si vous savez de moins en moins comment le montrer. Des proches qui ne suffisent pas à étouffer la solitude glaciale qui vous dévore de l'intérieur, vous donnant l'impression de vous ratatiner un peu plus vers l'intérieur chaque jour comme un trou noir qui s'écroule. Comme le vide. Comme de rêver chaque nuit d'une solitude vaincue, d'une vie vécue, d'une personne trouvée, et de vous réveiller chaque matin pour réaliser une fois de plus qu'il n'en est rien. Vous l'avez déjà dit, mais rien n'a changé : ce ne sont pas les cauchemars que vous redoutez. Ce sont les beaux rêves. Ceux qui se terminent.

     

    Une solitude qui vous étouffe. Un manque d'intimité que vous n'arrivez pas à trouver qui vous recouvre comme des sables mouvants. Un désir -non, un besoin- de contact physique, à un point tel où le manque en devient douloureux, comme si votre peau brûlait de l'absence d'une simple étreinte. Un contact physique que vous n'arrivez pas à trouver chez votre famille, chez vos amis, où chaque interaction de ce type est pour vous presque aussi douloureuse, remplie de tension et d'une résistance que vous n'arrivez pas à repousser. Rares sont les gens avec qui un tel contact vous met à l'aise. Il n'y a pratiquement que dans l'intimité d'une relation de couple que vous arrivez à vous y abandonner, à ce contact tant rechercher. A vous en nourrir, vous en apaiser. L'absence de cette intimité de couple, voilà qu'elle vous pèse de plus en plus, elle aussi. Jamais vous n'êtes autant vous-mêmes, autant à l'aise, qu'avec la bonne personne. Mais à quoi bon ? Qu'avez-vous à offrir à qui que ce soit dans le domaine amoureux ! Comment pourriez-vous assumer quoi que ce soit ? Être la personne que l'autre mérite ? Seriez vous capable de vivre avec quelqu'un ? D'apporter la moindre chose qui pourrait pousser une personne à vous aimer ? Vous avez perdu cette illusion. L'autre personne méritera toujours mieux, quelqu'un de plus fort. C'est une des choses que vous désirez le plus -vous plongez dans les bras de quelqu'un, être vous-mêmes, vous sentir en sécurité...et offrir sécurité vous aussi- et parfois vous avez l'impression qu'il y a quelque chose, que vous pourriez.... Vous ne savez pas comment ça marcherait. Vous avez tellement envie d'aimer, sans imaginer en être digne, sans imaginer que vous pourriez suffire à quelqu'un. Vous serrez contre vous un coussin, une peluche, avec l'énergie du désespoir, et vous gardez dans votre tête un fragment de souvenir, de quand cela vous paraissait possible, avec la bonne personne. L'espoir. La plus douloureuse des énergies qui s'amenuisent.

     

    Parfois, quand le vide recule un peu, vous souffler pendant quelque temps. Vous êtes plus à ce que vous faites, vous vous sentez moins seul au milieu des gens, vous profitez de vos activités et de vos proches tant que ça dure. Mais de moins en moins d'écriture, de moins en moins d'énergie pour autre chose que cette énergie du fonctionnel, pour continuer de gérer votre vie de tous les jours plutôt que de vous écrouler et de vous laisser aller sans considération pour les gens autour de vous. Ce dont vous espérez rester incapables jusqu'au bout, quel que soit le prix à payer.

     

    C'est comme dégringoler, encore et toujours, la terre juste sous les pieds mais toujours hors de portée. Tiraillé par la chute autour de vous, le vide à l'intérieur...et, parfois, une note d'espoir qui brûle dans votre cœur, ne laissant plus que des braises sur lesquelles vous ne savez plus trop comment souffler.

  • Où vous parlez jeu de rôles

    Le jeu de rôles sur table vous manque. A un point que vous n'auriez pas cru possible. Peut-être parce que votre point d'équilibre bancal de ces derniers mois s'est transformé en point de rupture, vous replongeant droit dans une dépression comme vous n'en aviez plus connue depuis votre première rupture. Non, c'est pire encore. Vous avez l'impression d'avoir le cœur brisé en permanence. Pour votre mère sans doute, l'élément catalyseur, où une énième phase complexe dans la gestion de sa schizophrénie la reconduite droit à l’hôpital psychiatrique alors qu'elle avait enfin eu une chambre sympa dans une bonne institution. Comme si vous faisiez soudainement le deuil de la personne qu'elle avait été, avec qui vous connectiez sur tous ces points qui vous rapprochaient tant : la lecture de sf et de fantasy, les bds, les séries que vous regardiez ensemble, les films Marvel qu'elle aimait tant et que vous alliez toujours revoir avec elle, et toutes vos discussions sur tous les sujets du monde, avec en face une femme réduite par la vie, mais qui n'avait jamais d'ouvrir son esprit et de s'intéresser à tout, avec le plus beau respect et la plus grande bienveillance du monde. Cette personne qui n'existe plus, à la mémoire fuyante et aux centres d'intérêts tordus, détruits. Cette personne avec qui vous ne savez plus comment connecter. Et votre dépression, votre myriade de troubles psychiques qui vous rendent la vie difficile depuis la préadolescence, sans parler de la fatigue chronique, qui se reprennent plus que jamais au jeu.

     

    Mais vous vouliez surtout parler du jeu de rôles, et de son manque qui prend une place de plus en grande en ce moment, au point de contribuer méchamment à votre dépression. Le jeu de rôles sur tables, il fait partie de votre vie depuis au moins vingts ans. Vous vous rappelez, jeune ado, du jour où votre mère vous avait emmené dans la seule boutique de jeu de rôles de Lausanne de l'époque, et où vous étiez ressortir avec le coffret du débutant pour Donjons et Dragons. Vous avez dessiné votre première carte, créer vos premiers personnages, écrit votre premier scénario, donné votre première partie en tant que MJ (maître du jeu).

     

    MJ que vous avez toujours été par défaut, certains de vos amis si essayant parfois brièvement quand un système ou un monde les intéressaient. Mais vous avez tenus bon ! Parce que cela permettait d'en faire, du jdr, ça permettait de faire vivre des histoires, de faire jouer des joueurs qui y prenaient du plaisir et qui n'auraient pas forcément souvent joué sinon. Vous avez fait de In Nomine Satanis / Magna Veritas votre jeu de prédilection : vous adorez son univers, plus sérieux et épique que l'on ne croit, et vous avez adoré ces campagnes avec différents groupes. Les fous rires bien sûr, mais aussi des arcs narratifs aussi inattendu que bienvenus, et des histoires magiques nées des improvisations aussi bien des joueurs que de votre part. Souvent, vous aimeriez bien remasteriser ce jeu, qui a été une part si importante de votre, l'univers et le système que vous connaissez mieux. Avec de nouveaux joueurs.euses, pour faire découvrir, revivre cet univers.

     

    Vous, vous n'en avait jamais fait une seule partie en tant que joueur.

     

    Vous vous rappelez des conventions, notamment les conventions Orc'Idées, chaque année au début du printemps, à l'université de Lausanne. Ces moments où vous avez découvert que dans le cadre du jeu de rôles, en tant que joueur, vous pouviez vous inscrire à n'importe quelle partie et jouer entouré d'inconnus...sans que cela ne soit un problème. Vous, qui êtes maladivement timide et souffrant d'une anxiété souvent paralysante, dès que vous vous glissiez dans la peau d'un joueur de jeu de rôles et de son personnage, ça disparaissait. Et purée, si ce n'est pas l'un des sentiments les plus puissants, agréables, plein de soulagement que vous ayez jamais connu. Enfin quelque instant de libération, de pure joie, de connexion immédiates avec des gens, que ce soient vos proches ou des inconnus.

     

    Pendant près de deux ans, vous aviez trouvé un groupe dans votre région, prenant la place d'un ami qui avait dû arrêter à cause de son nouveau boulot. Vous avez donc pu jouer pendant cette période, en joueur, et vous en gardez de bons souvenirs, même si ce n'étaient pas forcément les univers qui vous intéressaient le plus. Et puis vos chemins se sont séparés.

     

    Vous avez remasterisé ici et là, du INS principalement. Et quand la cinquième édition de Donjons et Dragons est sortie, le coup de cœur ! Une simplification des règles tout en permettant plus de possibilités de personnages et de role play que jamais, dans des univers fantastiques ! Vous avez essayé d'en donné un peu ici et là, avant de réaliser que vous étiez un peu à plat. Ces dernières années, l'énergie a baissé de plus en plus, rendant l'écriture de quoi que ce soit toujours difficile (ne serait-ce qu'un post de forum rp pouvant vous vider de votre énergie pour la journée alors même qu'ils vous faut moins d'une heure pour en pondre un). Et l'idée de masteriser devenait de plus en plus épuisante, frustrante parce que vous vouliez jouer, frustrante parce que vous vous en vouliez d'empêcher des gens de jouer en ne portant pas la casquette du MJ.

     

    Puis, ici et là à nouveau, par chance, vous avez trouvé trois tables Donjons et Dragons où vous avez pu joué. Aucune d'elle n'a duré plus de quatre sessions, les Mjs abandonnant ou disparaissant. Vous n'avez jamais joué comme vous le voudriez tellement : une table avec des séances régulières, avec la possibilité de faire évoluer un perso et ses interactions avec les autres sur la durée. Vous en rêvez la nuit. Le manque en est épuisant, presque physique. Vous êtes bombardés de contenu rôliste de toute part, qu'il s'agisse des bouquins sur lesquels vous craquez, des émissions sur le sujet, ou de toutes ces parties qui se mettent en place loin de vous (l'association suisse de Donjons et Dragons se concentrant beaucoup sur la Suisse-allemande). Vous avez tellement de personnages dans la tête qui ne peuvent pas sortir. Quand la dépression ne vous cloue pas au lit, à écouter de la musique pour essayer de ressentir quelque chose (et même la musique ne vous fait parfois rien ressentir du tout, ce qui ne vous étais encore jamais arrivé), ou à essayer de dormir pour passer le temps, vous pensez jeu de rôles. Vous rêves de vous y trouver une place, de jouer, de vivre ces instants de grâces où, le temps d'une partie, chaque semaine (ou toutes les deux semaines, bref, régulièrement), vous pouvez juste jouer un rôle dans un système qui vous éclate, réussissant à connecter avec des gens avec qui vous n'auriez osé causé en temps normal.

     

    En tant que MJ, quand vous aviez encore la foi et la force, cela permettait de tenir le coup. Rien que de voir les réactions de joueurs heureux, qui s'éclatent à leur table, qui font vivre leurs persos, qui improvisent des situations que vous n'aviez jamais vues venir (dieu que INS vous manque...)...c'était que du bonheur. Et vous espérez retrouver un peu de ça, un peu d'énergie au moins pour masteriser, pour des potes ou simplement des gens qui n'ont pas l'occasion de jouer autrement. Parce que vous vous sentez coupable de les laisser tomber.

     

     

    Mais plus que tout, vous avez envie, vous avez besoin de jouer. D'être pendant quelques heures, de temps en temps, ce personnage qui vous permettra de vivre quelque chose, et de partager ce quelque chose merveilleux qu'est une campagne de jeu de rôles avec d'autres personnes. De vous sentir enfin capable à nouveau de créer des liens, même l'espace d'une partie chaque semaine. D'être, enfin, bien. De remonter la pente.

     

    Mais là, cette bouée de sauvetage vous l'avez perdue, et vous ne savez plus comment la rattraper.