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Humeur - Page 11

  • Les autres gens

    Cette fois, il ne s'agit pas d'une historiette. Mais d'une humeur qui vous a pris tout à coup et que vous avez eu envie de maladroitement coucher sur le papier...

     

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    Vous regardez par la fenêtre. Et à travers elle, une fenêtre. Non, vous ne comptez pas vous lancer dans un exercice impromptu de métaphysique ; c’est simplement que ce qu’il y a en face de votre fenêtre, et bien c’est une autre fenêtre sur la façade du bâtiment voisin, encore illuminée malgré l’heure tardive. Vous aviez envie de prendre l’air, de vous débarrasser de cette sensation d’étouffer qui vous poursuit entre vos quatre murs, de sentir du vent sur votre visage fatigué. Car il est des fois où vous avez besoin de quelque chose d’aussi simple, d’aussi élémentaire qu’un souffle sur votre peau pour vous rappeler que vous êtes… vivant.

     

    Alors vous avez ouvert votre fenêtre, et comme il ne sert pas toujours de regarder en l’air pour trouver les étoiles en pleine ville, vos yeux sont attirés par la lueur d’en-face. L’illumination anonyme d’une ampoule de l’autre côté de la cours qui, dans l’état d’esprit où vous êtes, pourrait tout aussi bien représenter la couleur d’un nouvel horizon s’étendant sur un monde inconnu. Contrairement à ce que l’on croit, il n’y a pas besoin de voyager à l’autre bout du monde ou de monter dans une navette spatiale pour voir un nouveau monde. Non, nul besoin de jungle impénétrable. Là, ce n’est qu’une rangée de géraniums ayant connu des jours meilleurs qui se dressent devant la vitrine de l’inconnu, sur un rebord en granit d’où pend une mangeoire à oiseaux. A dix mètres en face de vous, un autre immeuble, un autre appartement, une autre fenêtre. Et pourtant plus lointain que l’extrémité du globe. En fait, vous en savez plus sur les mœurs de peuplades éloignées que sur la vie des êtres humains dont vous partagez la cour.

     

    Qui sont-ils ? Que font-ils ? D’où viennent-ils, et où vont-ils ? Ce ne sont pour vous que de vagues silhouettes sombres qui glissent derrière leur vitre comme des fantômes, des silhouettes spectrales déphasées par rapport à votre propre quotidien, à votre propre monde. A quoi pensent-ils, ces gens que vous ne connaissez pas ? Regardent-ils à travers leur fenêtre pour se poser pareilles questions sur leurs voisins ? Probablement que non. A leurs voisins, ils ont sûrement plutôt tendance à demander du sucre, et leurs questions trouvent sûrement des réponses plus pratiques que les vôtres. Ils sont occupés à vivre leur vie, jour après jour, nuit après nuit. Des figurants du théâtre de votre propre existence, mais dont les buts sont sûrement plus significatifs que tout ce qui pourrait bien vous passer par la tête. Et dieu sait ce qui peut y passer d’étrange… Ces gens là, savent-ils où ils vont ? Vous aimez à le croire. Vous avez besoin de le croire. De vous dire que la plupart des êtres ont trouvé leur but, et s’emploient à le réaliser.

     

    Parce que cela vous permet d’espérer.

     

    C’est la possibilité infime qu’un jour, ce soit vous qui deveniez l’anonyme derrière la fenêtre d’un autre. C’est une façon tordue de justifier votre optimisme, convaincu de voir un jour un monde meilleur.  Au fond, qu'est-ce que l'optimisme, si ce n'est la tendance de ceux qui ne peuvent atteindre leur but à toujours espérer un avenir meilleure? Vous êtes un optimiste parce que c’est ce qui vous permet de tenir. De rêver à quelque chose. N’importe quoi. Un but. Un objectif. Comme ces gens de l’autre côté de votre cour. L’ont-ils réalisé, ce rêve ? Quel était-il ? En ont-ils encore ? Sont-ils satisfaits ? Que voulaient-ils devenir et que sont-ils devenus ?
     
    Et au-delà de cette autre fenêtre, dans la ville qui s’endort, d’autres fenêtres comme autant d’étoiles urbaines et solitaires. Vous ne pouvez vous empêcher de vous demander ce qui se passe sous ces toits inconnus, quelles vies s’y déroulent… C’est une multitude d’univers différents du vôtre, une multitude qui vous donne le tournis rien que d’y penser. Et pourtant, vous ne pouvez vous empêcher. Si semblables, et pourtant si différents, tous ces gens. Cela aurait-il pu être vous derrière cette fenêtre-ci plutôt qu’une autre ? Qu’ont-ils fait de différent de vous ? Sont-ils à ce point satisfait de leur existence qu’ils ne se demandent jamais ce que cachent les autres fenêtres ?
     
    Et vous, êtes-vous à ce point dépité de votre propre existence que vous vous demandez autant à quoi ressemblent celles des autres ? Avez-vous tellement de peine à être qui vous êtes, à simplement savoir qui vous êtes vraiment que vous vous prenez tant à rêver de la vie d’un autre ? D’être le figurant plutôt que le premier rôle de votre vie ? Vous avez tellement peur de cette solitude qui vous bouffe, tellement peur de ne jamais vous en sortir, de ne jamais trouver… quoi que ce soit que vous ayez à trouver, que vous rêviez d’une autre vie ? Alors vous vous perdez dans toutes ces fenêtres, car derrière la vôtre vous n’êtres plus sûr qu’il y fasse bon vivre. Et vous vous demandez quelles sont leurs vies, à eux.
     
    Les autres gens.
  • Sunny day

    Photographie écrite d'un moment, d'un instant, d'une humeur... d'un dimanche.

     

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    Vous avez froid. D’un geste absent, vous réajustez la couette sur vos épaules, les yeux perdus dans l’éclatante lueur cathodique de votre écran tandis que le reste de la pièce est plongé dans la pénombre. Comme fond sonore, une musique triste au rythme lancinant passant en boucle sur youtube, se fondant avec le tapotement de vos doigts sur le clavier lorsque vous répondez à tel commentaire ou tapez telle adresse. Votre œil glisse sur l’heure inscrite en bas à droite de votre ordinateur, il est à peine passé dix-huit heures. Retour au reste de l’écran, où défilent les mêmes pages encore et encore dans l’espoir fou qu’elles affichent quelque chose de nouveau, capable de vous faire sourire, capable de vous surprendre. Mais comme partout ailleurs le temps semble figé sur la toile, prenant au piège les mouches au cerveau fatigué, attirées par la lumière froide.

     

    Pour la énième fois de la journée, vous vous levez. Vous faites quelques pas dans l’appartement vide, passant d’une pièce à l’autre comme on zappe les programmes à la télé. La télé, allumée sans espoir d’y trouver d’autre réconfort que celui d’un bruit de fond vague et abrutissant. Il n’y a personne, les parents sont partis souper chez des amis, vous n’avez pas eu le courage de franchir la porte pour les accompagner. Un autre jour. Il y a juste la chienne, étalée dans son panier ou le canapé, indifférente à l’ambiance particulière qui dégouline dans l’atmosphère. Le couloir,  la cuisine, la lumière qui s’allume, les placards qui s’ouvrent, se referment. Vous n’avez rien trouvé, parce que vous n’avez rien cherché. Vous brassez de l’air, donnant l’illusion de mouvement dans cette stagnation hebdomadaire. Le salon, avec son grand canapé vide éclairé par intermittence, au bon vouloir de l’écran de la télévision que plus personne ne regarde. Dehors, sur la grand’route, les voitures passent une par une, leurs phares blafards crevant la nuit en train de tomber avant de disparaître aussitôt. Le perpétuel bourdonnement des automobiles en pleine course vous berce un instant, tandis que vous vous imaginez à la place d’un de ces conducteurs anonymes, les mains vissées sur le volant et le regard fixé sur un but. Vous pensez à ce que peuvent être toutes ces existences, vous rêvez à une vie qui n’est pas la vôtre. Vous grimacez ; le sol est froid sous vos pieds.

     

    La chambre, de nouveau. Un jerricane de jus d’orange à moitié entamé, des mangas et des bouquins à demi-lus, un livre de jeu de rôles qui traîne sur la table de nuit… Et pourtant c’est vers le pc que vous revenez, assis en tailleur sur le lit, le duvet sur le dos, voûté au-dessus du clavier. Sur l’écran, rien n’a changé. Un geste machinal pour saisir la cuillère d’un bol de corne flakes trempés par le lait, mâchonnés d’abord sans grande conviction, puis avec un soupçon de plaisir : ils sont bons, ces corne flakes au miel. Et puis l’envie disparait, comme coupable d’avoir osé ne serait-ce que prétendre à l’existence en un jour pareil. Au-dessus ou à côté, des bruits, des éclats de voix dans l’immeuble. Les voisins vivent, vous regardez votre écran et l’heure encore une fois. Elle n’avance pas beaucoup, pas vraiment. Elle a le temps.

     

    Vous revoilà debout, déjà en pyjama, frissonnant alors que vous n’êtes pas de ceux qui ont froid. Personne à qui parler si ce n’est la chienne qui ne répond pas, pas de raison de faire fonctionner la voix autrement que pour chantonner les paroles de la nouvelle musique, lourde et triste, de circonstance qui tourne sur une machine ou une autre. Le carrelage, toujours aussi frais, la flemme de chercher vos pantoufles. Se tenir simplement debout, là, à mi-chemin entre le salon et la salle à manger, le regard perdu dans les sombres recoins des meubles, l’esprit dans du coton, une boisson chaude entre les mains. La télé tourne toujours sans s’arrêter, comme une machine folle lancée dans une orgie de sons et de lumières qui n’ont plus grand sens pour vous. Autant retourner se coucher.

     

    Ouvrir un livre, le refermer, en choisir un autre, lire deux ou trois pages, reprendre le premier. Fouiller la bibliothèque pour trouver la perle rare que vous avez enfin l’envie de lire et puis, une fois trouvée, la laisser trainer avec les autres. Allumer la console, parcourir le menu, hésité entre trop de jeux, l’éteindre. Qu’il fait bon sous la couette, même si vous aurez trop chaud à nouveau d’ici quelques minutes. Voilà, ça ne manque pas. Et pourtant, vous avez si froid. Lancer une série ou une autre, se retourner à un passage dans l’espoir de pouvoir le commenter, ne rencontrer que les ombres sur le mur qui filtrent à travers les fentes de volets déjà tirés. Dehors il pleut, il fait gris, il fait nuit. Sur l’écran, le temps est homogène. Vous vous enroulez plus encore dans le duvet, le dos plié à vous en faire mal, perdu dans vos pensées. Vous avez toujours froid, ce  froid qui règne quand il n’y a personne pour vous prendre dans ses bras… Vous ruminez votre solitude, vous l’abrutissez sous la musique à pleurer et les images à oublier. Dans la cour de l’immeuble, le moteur d’une voiture démarre, et vous vous levez pour aller chercher du lait.

     

    Vous êtes à nouveau au lit, seul et fatigué, mais pas assez pour dormir, juste pour s’abrutir. Pour mettre de côté vos pensées, brider votre créativité et neutraliser vos angoisses. Vous entendez qu’ils repassent un « Friends » à la télé. Vous prenez d’une main molle votre natel, aucun message, aucun appel. Sur l’horloge de l’ordinateur, il est toujours à peine passé dix-huit heures… Dix-huit heures et quelques qu’une nouvelle journée a commencé. Dix-huit heures de déjà passées, et qui ne seront jamais rattrapées. Vous rafraichissez vos onglets internet, des fois qu’il y aurait du neuf. Des fois qu’il y aurait de quoi vous faire oubliez cette solitude, ce silence et cet obscur. Tiens, dehors, quelqu’un rit, tout n’est donc pas mort aujourd’hui ! Mais vous, vous préférez rester au lit.

     

    Juste un dimanche de plus.

  • And found

    Parfois, vous écrivez quand même n'importe quoi. De véritables pamphlets d'adolescent mal dans sa peau, comme si vous étiez resté bloqué quelque part dans cette période ingrate. Ou peut-être est-ce parce que ne vous l'avez pas vécue que ça ressort maintenant avec la subtilité d'un diplodocus à travers une maquette de la ville en allumettes.

     

    C'est terrible, vous qui vous étiez pourtant juré de ne pas tomber dans le blog autobiographique du mal-être facile et de l'auto-apitoyement. Vous auriez encore la souplesse de vos douze ans, vous vous botteriez le train, tiens! Plus jamais ça! Enfin, jusqu'à la prochaine fois... Mais bon, vous ferez en sorte qu'il n'y en ait pas (ou pas trop). Parce que c'est vraiment, mais alors vraiment pas intéressant à lire. Vous vous en rendez bien compte. Fallait juste que ça sorte, comme une soupape de sécurité, pour ne plus avoir a ressaser ces idées idiotes.

     

    D'accord, vous n'êtes pas heureux, mais à bien y réfléchir, vous n'êtes pas malheureux non plus. Pas trop. Vous n'avez pas de raisons de l'être. Que vos lecteurs vous croient, vous préféreriez nettement être plus spontané et rigolo dans votre écriture, mais n'est pas spontané et rigolo qui veut (surtout un vendredi).

     

    Bref, vos plus plates excuses pour avoir présenté un texte pareil dans la précédente note. Ce n'était pas le lieu pour cela. Vous espérez n'avoir blessé personne (non parce que bon, vous avez des gens autour de vous, malgré ce que vous pouvez dire parfois).

     

    Le seul truc à garder de la note précédente, c'est bien la chanson mise à la fin. Dont voici les paroles (ça sera de toute façon plus pertinent que votre propension à étaler votre déprime comme de la confiture sur un parpaing):

     

    "So young and so hungry
    So unqualified
    Don't want the jobs anyway
    No settled life

    To get outta here
    Two options one chance
    You joined the army
    I started a band

    We'll meet at the bar
    We'll buy us a round
    We'll toast that we're back home
    We'll toast this damn town

    Annie's still working
    Behind the bar
    You can buy her a drink
    I'll sleep in the car
    Let's go

    It's on the way back home
    We'll be there soon

    One of two choices
    I guess i've made mine
    I drink in a diffrent town
    Nearly every night

    And now you don't drink
    For months at a time
    I owe you a couple of rounds
    We're back home tonight

    We'll meet at the bar
    We'll drink to old times
    We'll toast that we're back home
    And those left behind

    Annie's still working
    Behind the bar
    You can buy her a drink
    And I'll sleep in the car
    Let's go

    It's on the way back home tonight"

     

    On The Way Back Home, par le groupe Lucero, découvert dans un épisode de Cold Case où passait cette chanson. Une chouette découverte musicale pour un chouette groupe, vous trouvez (avec l'accent du sud des Etats-Unis, à la Sawyer. Et l'accent du sud, c'est classe.) Tiens, d'ailleurs vous la remettez, des fois que des gens n'auraient pas écouté! x)

     


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