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  • Lucie 42

    En ce dimanche quasi-hivernal (neiiiiiiige! o/), "Lucie" continue avec deux pages...et la partie 42 sur ce blog. Et après avoir atteint ce fameux chiffre là, tout est possible!^^

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    -Je ne vous cacherai pas que la situation s'annonce difficile. Ce que le caporal Velázquez vient de me raconter change la donne. Son groupe et lui ont été... attaqués. Des créatures rodent manifestement à la surface de ce monde, et elles ont profité de l'ouverture d'un sas de secours pour pénétrer à l'intérieur du train et tuer l'un de mes hommes. Et peut-être même l'apprenti de monsieur Grümman, qui était sortir par l'un de ces sas pour essayer d'atteindre les machines et trouver ce qui cloche. Fort heureusement, le caporal et ses camarades ont put verrouiller derrière eux dans leur retraite, et nous devrions être à l'abri tant qu'on ne laisse aucun moyen de nous atteindre à ces créatures. Pour votre sécurité, je demanderai à chacun d'entre vous de ne pas quitter ce wagon et ce sans exception. Inutile de tenter le diable. Le chauffage fonctionne encore dans cette voiture, et il y a assez de couvertures et de matériel pour prétendre au confort de tout le monde.

    -Tout ça c'est très bien, intervint Martha Robbins. Elle s'était naturellement glissée dans le rôle de représentant des civils à bord, personne n'y trouvant à redire. Mais qu'est-ce que nous sommes censés faire ?

    -Attendre. D'ici quelques heures, Haven verra bien que nous ne sommes pas arrivés. Les retards sont fréquents à cause du temps, il n'est pas rare que le train reste longtemps bloqué. Au pire, je pense qu'il leur faudra une journée pour se dire qu'il y a vraiment quelque chose qui cloche, du moins selon le protocole. Dans l'intervalle, je ne vois pas l'utilité de courir le risque d'aller relancer les machines nous-mêmes avec ces bestioles dans les parages. Nous avons beau être armés, nos munitions ne sont pas inépuisables et mes hommes me disent que ces choses ont la peau dure. Je pense que personne n'a envie de s'y frotter à moins que cela ne soit absolument nécessaire. Et pour le moment, je pense que ce n'est pas le cas.

    Il vit que Martha s'apprêtait à parler à nouveau, et il leva la main pour l'interrompre avec un bref sourire, anticipant sa demande :

    -Concernant nos réserves, nous avons largement de quoi tenir une journée si besoin est, même plus. D'après monsieur Grümman et monsieur Travers, la nourriture est entreposée entre notre voiture et celle de tête, et nous n'avons qu'à y piocher. Ce n'est pas de la grande cuisine, c'est clair : les archives racontent que les plats servis à bord durant un voyage, que ce soit par air, mer ou terre n'ont jamais été reconnus pour le saveur, et je crains que cela soit inchangé même aujourd'hui, sur Éclat.

    Quelques gloussements se répandirent parmi les passagers, profitant de l'assurance du major pour commencer à se détendre un peu. Ils avaient bien besoin de trouver un peu d'humour là où ils le pouvaient. A son tour, John Horst se leva et prit la parole :

    -Le major a raison, nous avons de quoi prendre notre mal en patience. La perte du soldat Moore est une tragédie, et nos prières se doivent d'accompagner le jeune Stan Detroit. Quant à nous, tant que nous restons unis devant l'épreuve, nous saurons la traverser comme les hommes -et les femmes- que nous sommes. Ensemble, dans ce wagon, nous serons à l'abri. Et si certains d'entre vous finissent par trouver le temps trop long, je rappelle à tous que je suis un excellent joueur de poker et que je ne suis jamais contre l'idée d'affronter des adversaires à ma mesure.

    D'autres petits rires fusèrent, et Canton Adams lui-même se permit un vrai sourire, avant de reprendre à la suite du prêtre :

    -Merci John. Vous l'avez entendu, mais méfiez-vous : je crois que le caporal Velázquez y a déjà perdue une partie de sa solde. Alors prenez vos aises, autant que faire ce peut, et ne vous inquiétez pas. La situation est peut-être exceptionnelle -et dans une certaine mesure dangereuse, je ne vous le cacherai pas- mais nous nous en sortirons.

    Il signifia la fin de son discours d'un hochement de tête appuyé et balaya tous les passagers du regard. Puis il fit signe à ses soldats de le rejoindre, et ne fut pas surpris de voir Martha Robbins les suivre.

    -Situation ?demanda-t-il en premier à Jung Sungmin.

    -Madame Miguel ne va pas pas fort, j'ai même l'impression que c'est de pire. Je fais tout ce que je peux pour la stabiliser, mais je ne sais pas combien de temps elle va pouvoir tenir sans soins plus poussés.

    -Espérons que nous n'aurons pas à répondre à cette question. Marsters ?

    -La blessure n'est pas profonde. J'ai nettoyé et refermé la plaie, et je garde un œil dessus, mais je ne m'inquiète pas trop. Il a eu de la chance.

    -Il s'en est bien tiré en tout cas, il s'est comporté à merveille pour un simple civil, intervint Velázquez. Pas comme cette couille molle de Travers.

    -Au moins nous savons sur qui compter en cas de grabuge, et qui laisser à l'écart. Que puis-je pour vous, Martha ?

    -Tout ça c'est très bien, et on est mieux ici que dehors, mais vous n'avez pas mentionné le saboteur...

    Le regard déterminé, les mains sur les hanches, elle était l'image même de celle qui n'allait pas s'en laisser compter, et Adams fut une fois de plus impressionné.

    -Nous n'avons que des soupçons pour l'instant.

    -Vous savez très bien que le train n'a pas pu s'arrêter tout seul, pas comme ça. Grümman le sait, Paul le sait, tout le monde le sait.

    -Peut-être. Non, vous avez raison, il n'y a pas vraiment de doute. Mais je ne vois pas l'intérêt de sans cesse le rappeler aux autres, surtout dans la situation dans laquelle nous sommes. Et puis il y a des chances pour que ces créatures l'aient trouvé les premières et dans ce cas, le problème est réglé.

    -Ou...? insista Martha, et Adams poussa un bref soupir, sachant où elle voulait en venir.

    -Ou il se cache parmi nous. A vrai dire, il est même possible qu'il ait bénéficié de l'aide de Stuart pour passer plus loin dans le train, notamment le wagon où nous étions stationnés. Des éléments s'additionnent en cette faveur, et je ne serais pas étonné que cette petite fouie y ait été pour quelque chose. Si il fait partie de tout ça, il a peut-être même agi seul mais j'en doute, se salir directement les mains n'est pas son genre. Et il ne risque plus de nous donner des réponses... Si je vous dis tout ça, c'est parce que je sais que je peux avoir confiance en vous, Martha, et que vous ne me lâcheriez pas la grappe tant que je ne vous aurai pas tout dit. Et puis au point où nous en sommes, les secrets sont inutiles.

    -Si j'insiste, c'est parce que j'ai une petite fille à protéger, et que je ne suis pas à l'aise à l'idée qu'un criminel se trouve à bord du même train qu'elle. Les créatures dehors, c'est une chose, mais un individu comme ça parmi nous, c'en est encore une autre, et je crois savoir ce qui est le pire...

    -Nous allons garder un œil sur Lucie, vous le savez. Nous n'allons pas laisser quoi que ce soit lui arriver, à elle ou à n'importe qui d'autre. Je refuse de perdre quelqu'un de plus.

    -Très bien, je vous crois. Et je pense que nous sommes en de bonnes mains. Je le pense vraiment.

    Elle sourit, serra le bras d'Adams, et s'en fut aussitôt rejoindre sa fille.

    -Et bien, quelle femme...commenta Velázquez, tandis que le major se grattait la tête.

    -Vous l'avez dit, caporal... Attendez, qu'est-ce que vous voulez dire par là ?

    -Oh, rien.

    -Il ne veut jamais rien dire, major, fit le caporal Jones, mais elle souriait elle aussi à présent.

    -Personne ne veut rien dire du tout, continua Paul Ravert.

    -Rien de rien, c'est pas notre genre, renchérit Sungmin.

    Canton Adams grogna entre ses dents, et décida de changer de sujet :

    -Bon, comme prévu, nous allons prendre notre mal en patience le temps qu'il faudra. Ouvrez l’œil, et le bon. Ravert, j'aimerais que vous planchiez avec Marsters sur la manière dont on pourrait théoriquement relancer les systèmes de ce transport. Parce que si rien de bouge, nous devrons bien tenter une sortie en direction de ces foutues machines. Mais c'est vraiment si nous devons finir par envisager le pire. Je préfère être bien préparé si besoin. Jung, vous ne quittez pas vos patients d'une semelle : vous êtes le dernier que j'ai envie d'envoyer crapahuter dans un train plein de bestioles mangeuses d'hommes.

    -Pas d'objections, major. Bon plan, si j'ose dire.

    -Et pour le reste ? On ne va vraiment pas creuser la piste du saboteur?s'enquit Samantha Jones.

    -S'il est vraiment parmi nous, il cache bien son jeu. Et nous avons les moyens de le contenir s'il se dévoile.

    -Vous pensez vraiment que Stuart était dans la combine ?

    -Entre le tabac hors de prix et son attitude générale, il y a de fortes chances pour que ce soit le cas. Et il aura payé le prix fort. Mais focalisons-nous sur ceux qui sont encore là. Paul, j'aimerais aussi que vous alliez voir comment sortir Grümman de la voiture de tête. Nous pourrions avoir besoin de lui, et je pense qu'il sera content de ne plus être bloqué tout seul dans son coin.

    -Bien major.

    -Et pour le reste ?

    -On attend, Velázquez. Pour le reste, on attend.

  • Nikita

     

    Encore un petit interlude, parce que je viens de terminer de regarder l'épisode de la semaine de la fantastique série qu'est « Nikita », au son de la chanson « Never Let Me Go » de Florence and the Machine. Et du coup, et bien j'ai envie de parler un peu ici. De « Nikita », donc (ceci dit, « Florence and the Machine » c'est excellent aussi : ça, c'est de la bonne musique qu'il est toujours agréable de voir -ou plutôt d'entendre- utilisée dans tel ou tel programme télé) ! Parce que cette série, c'est quand même parmi ce qui se fait de mieux dans le domaine riche et fertile des séries télévisées. Carrément, et ouais, je n'ai pas peur des mots ! Pourtant, il aura fallu lui donner le temps de me laisser convaincre, car quand je m'étais attaqué à la première saison suite à de très bonnes critiques du site IGN (qui m'aura entre autres fait découvrir « Supernatural » ou « Parks and Recreation », donc pour moi une bonne base sur laquelle me fier), je ne m'attendais pas à grand chose. Après tout, il s'agit ici d'une énième série de la chaîne américaine CW, où tous les acteurs ont des allures de mannequins et où l'esthétisme global mise sur cet accent « beautiful people ». En plus, le genre est celui de l'espionnage et de l'action, et ces derniers ne font pas vraiment partie des critères qui retiennent mon attention... Aussi, mon histoire d'amour connut des débuts un peu difficiles, le temps que je prenne le temps de m'immerger dans l'ambiance de cette série, d'apprendre à mieux connaître ses personnages et à apprécier tous les niveaux de l'intrigue. Et maintenant que la saison trois a débuté ce mois-ci avec ses deux premiers épisodes, je peux sans trembler annoncer que la télévision tient là un véritable bijou d'orfèvre, avec plus de carats qu'il n'en faut pour contenter le public le plus exigeant !

     

    Il faut savoir qu'à part le nom et la thématique de base, la série n'a visiblement pas grande chose à voir avec la saga dont elle est le remake moderne, à savoir la franchise du film et de la série « La Femme Nikita ». L'héroïne a le même nom et le cadre est semblable dans ce qu'il a de basique mais, au-delà de ça, cette nouvelle mouture a su se créer une identité propre et terriblement efficace. Quant à savoir ce que cela vaut par rapport aux originaux d'époque, je suis mal placé pour le savoir, n'y ayant jamais jeté un œil. Aussi, ce dernier était tout frais, tout neuf, quand j'ai décidé de donner sa chance à cette série et bon sang, ce que j'ai bien fait ! Et pourtant, comme dit plus haut, le pitch de base n'avait rien pour me transcender : Nikita est une recrue formée par l'organisation gouvernementale secrète « Division » pour assassiner des cibles jugées dangereuses par le gouvernement en question. Hors, « Division » finit par devenir une véritable organisation criminelle usant de ses agents pour son profit personnel et Nikita, décidée à leur faire payer la vie qu'ils lui ont volée en faisant d'elle un assassin contre son grès, s'évade. Dès lors, elle n'a plus qu'un but : faire tomber « Division », en y infiltrant une jeune recrue entraînée par ses soins. Oui, dit comme ça, j'avoue, ce n'est pas très sexy, comme scénario. On a peu l'impression d'en avoir vu mille variante, et on s'attend à une bête série pleine d'action et de filles sexy, le tout sur fond d'explosions. Malheureusement, c'est un peu comme ça que la présente également le marketing pour cette série, que je juge désastreux : quand on voit les jaquettes des coffrets dvds ou un trailer, par exemple, on est loin du produit fini... Car au-delà de ce point de départ en apparence peu brillant se cache un véritable bijou.

     

    Derrière l'esthétique typiquement « CW », avec en têtes des acteurs tous séduisants (mais très loin d'être mauvais, c'est même tout le contraire), se cache une historie ficelée aux petits oignons. C'est bien simple, en terme de travail du scénario, « Nikita » est sans-doute l'une des séries les plus brillantes et efficaces tellement c'est bien écrit. Je le redis : du vrai travail d'orfèvre. Ne comptez pas y déceler beaucoup de plot-holes et d'incohérences, d'autant plus quand la plupart d'entre eux se font élucider au fil du temps. Le rythme est magistralement exécuté, et c'est là la grande force de la série, ainsi que d'une certaine manière son originalité : elle n'a jamais peur de se renouveler, et n'attend pas le cliffhanger d'une fin de saison pour changer la donne. Non, la donne est changée plusieurs fois par saison, tellement les retournements de situation sont nombreux -et ce sans être tirés par les cheveux ! Plusieurs fois au cours d'une même saison, on a l'impression de se retrouver soudain confronté à une sorte de nouvel épisode pilote tellement la situation est retournée de bout en bout. La série n'a jamais peur de surprendre ou de bouleverser son équilibre, et c'est un élément incroyablement rafraîchissant, d'autant plus quand il est aussi bien exécuté que ça. Attendez-vous à être surpris par la vitesse à laquelle les événements se déchaînent, et au brio de leur mise en scène, un autre domaine où « Nikita » excelle. Rien n'est jamais ce que l'on croit, et le chemin est difficilement prévisible, tant les objectifs changent et se modifient, et ce avec une véritable cohérence d'ensemble malgré tout et pratiquement aucun points d'intérêts perdus en chemin (au contraire de « Fringe » par exemple, qui a un peu tendance à vouloir se réinventer tous les six épisodes, mais en oubliant les trois quarts des trames précédentes en cours de route). Cette volonté de ne jamais perdre de temps -ce n'est pas dans « Nikita » que les intrigues traînent en longueur dans le seul but de rajouter plus d'épisodes- donne à cette série un dynamisme fort et, quelque part, très frais, loin de ces status quo souvent trop prononcés dans la plupart des autres séries. Dans « Nikita », il n'y a que peu de status quo, et ce dernier n'est jamais à l'abri de se voir soudainement renversé. Et c'est un régal de voir les nouvelles pistes dans lesquelles se lance la série, comme en ce début de saison trois qui ressemble au début d'une série différente tant elle se réinvente déjà, tout en conservant tout ce qui fait sa force depuis deux saisons.

     

    Et quand on ajoute à tout cela des personnages très réussis incarnés par des acteurs de talent, c'est encore mieux ! Maggie Q (Nikita) incarne à merveille la femme d'action, tout en étant capable d'y apporter un côté vulnérable sans trop se perdre dans les clichés du genre. Lyndsy Fonseca est tout aussi bonne dans le rôle d'Alexe, la jeune recrue infiltrée par Nikita dans « Division ». Fonseca est véritablement une jeune actrice de talent (en plus, je l'avoue, d'être sans doute un de mes plus gros crushs d'actrices de ma carrière de spectateurs, en sachant que je n'ai que très rarement des crushs pour des actrices ; yep, cette fille est incroyablement mignonne!). Melinda Clarke (Amanda, la psy de « Division ») est une habituée des rôles de garce façon reine des glaces, qui lui conviennent à merveille, et les hommes ne sont pas en reste entre un Shane West torturé et sa voix rocailleuse (Michael, l'ancien superviseur de Nikita à la loyauté mise à l'épreuve) et Aaron Stanford (Birkhoff, le génie de l'informatique de « Division », qui contribue à l'humour de la série en s'appropriant brillamment le cliché du geek de service sans jamais le rendre insupportable ; l'évolution de son personnage est d'ailleurs un aspect terriblement intéressant de la série). Mais à mon avis, la vedette est volée par le brillant Xander Berkeley dans le rôle de Percy, le terrible type en costume trois pièces qui règne sur « Division ». Doté d'un charisme et d'une présence sans égal, d'une personnalité fascinante et diffusant une véritable menace, Percy est sans doute -pour moi en tout cas- l'un des antagonistes les plus réussis et les plus redoutables de toute l'histoire de la télévision -et voir même de la fiction en général ! Manipulateur, intelligent, rusé, égocentrique, dangereux, il ferait passer le dieu nordique des magouilles Loki pour un vulgaire marchand à la foire ambulante. Percy, c'est l'un de ces méchants qui fascine dès la première apparition, de ceux qui restent toujours en contrôle et qui font le mal avec tellement de classe et de talent qu'on peut parfois se surprendre à avoir envie de le voir gagner. Oui, c'est à ce point : Percy, c'est juste un de ces personnages qui marquent sur tous les niveaux !

     

    Bref, au final, tous les ingrédients sont réunis pour proposer une série explosive, intelligente, dynamique, au rythme sans tâche et dotée d'un script aux petits oignons. C'est à mon grand regret l'une des séries les plus sous-estimées par le grand public et sa propre publicité, et tout amateur d'histoire impeccablement construite qui ne prend jamais ses spectateurs pour des idiots se devrait d'y jeter un oeil et de prendre le temps de s'attacher à cet univers où tout peut changer en un instant, et pas seulement en fin de saison dans le but de garder son audience. Vous voulez quelque chose de léché, d'esthétique, de rythmé et, plus que tout, d'intelligent et dotés de vrais personnages forts ? N'hésitez plus, cette série est pour vous ! Pour ma part, je suis plus que convaincu et, même si oui, je sais, je suis parfois trop bon public, là je peux vous assurer que c'est une série qui vaut largement le détour. Ne serait-ce parce que des séries comme ça, aussi dynamiques et ayant aussi peu froid aux yeux que ça concernant son rythme et ses changements, ça ne court pas les rues, et c'est toujours un véritable bol d'air frais dans ce monde parfois un peu saturé de la série télévisée.

     

  • Carré de ciel

    Point de "Lucie" aujourd'hui, parce que j'ai eu envie d'écrire autre chose: parce que c'est l'automne, et que c'est une saison qui mérite d'être célébrée! ^^

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    Vous avez toujours aimé l'automne. Après le voile solaire et agressif d'un été éclatant, vous accueillez avec un vif plaisir ce changement de saison comme vous retrouveriez un vieil ami (mais sans avoir besoin de lui payer un verre). Des septembre, il y a quelque chose dans l'air qui vous remplit les poumons d'une douce fragrance et qui fait circuler dans votre corps un peu rouillée une énergie revigorante et bienvenue. Et ça vous fait un bien fou ! Parce qu'autant le dire, en été, vous êtes rarement au sommet de votre forme. Plutôt que de vous gorger d'énergie solaire, vous avez plutôt l'impression que l'astre du jour, à trop haute dose, pompe plutôt la vôtre. Pourtant vous n'avez rien contre un beau ciel bleu et un temps sans nuages, mais le manque de variations climatiques vous ennuie. Vous préférez le ballet d'un ciel changeant qu'il soit gris, bleu ou rose. Trop de bleu vous donne le tournis, vous avez l'impression qu'il suffirait de lever le pied pour vous y perdre et y flotter à jamais. Et pour autant que vous appréciez la vastitude de l'univers, vous préférez le contempler les pieds sur terre plutôt que d'y dériver sans but et sans attaches. Ce qui ne vous empêche pas d'éprouver pour ce dernier une profonde fascination. Pour vous en rendre compte, il vous suffit généralement de sortir du métro à l'arrêt de la Riponne et de monter à l'air libre par l'escalier vous amenant directement sur cette place, qui cumule pour vous un nombre de significations toujours plus grand. Comme celle de ce fameux escaliers car, quand vous l'empruntez et que vous regardez en l'air et pour peu que le ciel soit d'une couleur totalement uniforme dépourvue de la moindre variation climatique, c'est pour découvrir un carré de ciel parfait. Il y a en endroit lors de cette montée où nulle construction, nulle forme, nulle ombre ne vient troubler l'étendue azurée et vous avez l'impression qu'il ne vous reste que quelques marches à gravir pour tomber tête la première dans cette étendue bleue ou grise. A chaque fois, pour peu qu'elle ne soit pas troublée par un nuage, la silhouette d'un avion, d'un oiseau ou la présence de trop de monde, l'illusion est pour vous si parfaite que vous vous y laissez prendre comme un enfant émerveillé par sa première perception de l'immensité du monde.

     

    Et quand vous gravissez ces dernières fameuses marches pour émerger à l'air libre, vous ne l'appréciez jamais autant qu'en une belle journée d'automne. Il n'y a rien de tel qu'une fin d'après-midi en cette saison, où tout semble courir vers sa fin, des feuilles qui tombent aux journées qui se raccourcissent. Dans ce court moment avant que le soleil ne commence vraiment à ce coucher, et après qu'il ait paradé haut dans le ciel, il y a dans cette ambiance si particulière un vif sentiment d'exaltation qui a le chic pour vous toucher jusqu'au plus profond de votre être. Un bref moment où, prenant une grande inspiration, vous vous sentez plus en vie et en phase avec ce grand univers que jamais. Un bref moment qui vous donne aussi bien l'impression de durer toujours. L'air frais s'infiltre en vous, le vent caresse votre visage, les derniers rayons de soleil paressent sur votre peau et, tout autour de vous, le monde continue de tourner et vous avez tellement l'impression de réussir à suivre ne serait-ce qu'un petit moment le mouvement que vous n'avez même plus le tournis caractéristique qui afflige généralement votre personnalité angoissée. Mais ces quelques secondes n'ont pas de place pour les angoisses, ni pour les inquiétudes de toutes sortes, car c'est pour vous l'équivalent de respirer un bon coup et de se dire que tout va bien. Et à ce moment précis, là, tout de suite, tout va bien. Et le simple fait que vous puissiez vous le dire signifie à quel point vous avez évolué au fil de l'année qui vient de s'écouler. C'est comme se réveiller dans l'instant présent après une longue nuit de sommeil où vous ne faisiez que subir les cauchemars du passé et les rêves de l'avenir. Là, sous ce ciel d'automne et cette température qui s'adoucit, vous sentez votre emphase avec le présent grandir au fur et à mesure que les jours se font plus courts. Vous avez la furieuse et enivrante sensation de vivre, enfin ! Et autant dire que ça fait un bien fou !

     

    Finies, les grosses chaleurs qui avaient tendance à ralentir votre esprit et ramollir votre corps (enfin, plus que d'habitude), vous poussant à vous retourner maintes et maintes fois les nuits de canicules. Fini, le soleil implacable vous cognant sur la tête et plissant vos petits yeux encore un peu ensommeillés qui n'avaient rien demandé à personne. Et si vous avez traversé l'été avec plus de facilité que de coutume quand on connaît votre tendance à dépérir et déprimer durant les plus beaux et actifs jours de l'année (à la grande stupéfaction d'une bonne partie de votre entourage, qui ne comprend pas très bien votre cycle particulier : l'automne et l'hiver favorisent chez vous l'énergie et la bonne humeur, tandis que le printemps et l'été marquent le déclin de vos forces engrangées durant les mois d'ombres), vous êtes tout de même ravi que l'automne ait ramené le bout de son nez. Il y a les couleurs éclatantes qu'il peint sur le paysage, que vous préférez nettement voir sur les feuilles que reflétées dans des lunettes de soleil, et cette teinte particulière du ciel, le tout agrémenté d'une atmosphère unique que vous avez presque l'impression de pouvoir goûter et faire tourner en bouche comme un bon vin (non pas que vous y connaissiez quoi que ce soit en vin ; de toute façon, au restaurant, les serveurs ont longtemps eu spontanément le réflexe de vous proposer un jus d'orange en apéritif qu'un verre d'alcool). C'est comme renfiler de vieux habits fidèles et confortables qui, sans trop savoir pourquoi, arrivent encore à vous surprendre et à vous donner l'impression de ne jamais encore avoir été portés. Alors vous avez envie de sortir les montrer, de parader dans vos beaux atours et de profiter de chaque jour, de chaque heure, de chaque minute de cette cape saisonnière. Jamais la vie ne vous paraît aussi courte que ces quelques mois de l'année, tout en vous paraissant aussi magique, entière, et valant pleinement chacun de ces jours, heures et minutes. Que ce soit lors d'une balade en ville en une de ces fameuses belles et sublimes fins d'après-midi, ou parmi les arbres parés de leurs plus belles couleurs dans les forêts rouge et or, vous ne pouvez faire autrement que d'avoir la pêche (malgré votre allergie aux fruits) dès que vous mettez le bout du nez dehors.

     

    Et cette année qui vient de s'écouler, placée sous le signe de la stabilité bien plus que nombre de ses précédentes, l'automne vous paraît encore plus beau, encore plus grand, encore plus doux (et il lave même les blancs les plus tenaces sans laisser de traces!). Peut-être est-ce parce que vous êtes enfin arrivé à un point précis de votre vie où, plutôt que de basculer dans l'excès, vous êtes en train de trouver une sorte d'équilibre ô combien rafraîchissant et reposant. Vous vous sentez apaisé, et vous l'êtes encore plus quand vous regardez dehors pour contempler la saison qui avance. Mais apaisé ne veut pas dire assommé, au contraire, et vous n'avez plus qu'une envie : vivre. Pleinement, chacun des instants qui s'offrent à vous, sans perdre de temps. Du temps que vous avez trop perdu, mâtiné de regrets, mais que vous voulez vous efforcer de rattraper de la meilleure des façons : soit en gaspiller le moins possible, de cette matière jamais retrouvée. Chaque moment est précieux, c'est ce que vous réussissez à vous dire de plus en plus et -inouï!- à y croire ! Parce qu'il y a de belles choses sur votre chemin encore, alors qu'il y a peu encore vous croyiez bêtement ne plus y avoir droit. Mais maintenant, vous savez que vous avez encore plein de ces choses à découvrir, expérimenter, chercher, et que vous n'êtes pas près de vous ennuyer. Ou de manquer de ce souffle qui vous fait avancer dans cette vie qui vous donne toujours l'impression d'être un peu plus nouvelle. Vous n'avez même plus à y marcher seul, vous découvrant des connexions avec d'autres individus que vous étiez persuadé de ne plus jamais retrouver avec qui que ce soit. Votre route est arpentée par d'autres personnes, anciennes comme nouvelles, et vous n'avez plus envie de rester sur le bord du chemin avec un caillou dans la chaussure. Vous avez envie de marcher et courir à leur côté, de leur prendre la main et de ne plus la lâcher. Et vous avez envie de ne plus vous perdre de vue, maintenant que vous avez un peu l'impression de vous être enfin trouvé, et de vous sentir vous-même de plus en plus. Le vrai vous, qui n'aspirait qu'à remonter à la surface pour prendre l'air...et y rester, séduit par les partages, les échanges, les découvertes, les rires, les mains tendues, les baisers et les couleurs de l'automne.

     

    De cette saison, on dit parfois qu'elle marque le début de la fin, et l'on s'attaque à la poésie de ses couleurs en rappelant que les feuilles qui tombent ne sont que les prémices de la mort des arbres, et que l'hiver suivra avec son froid et son obscurité. Vous, vous avez plutôt envie de voir cet automne comme symbole d'un changement, en accord avec votre nature cyclique (mais plus stable que jamais, on dirait bien). Du changement qui vous aura apporté tant ces derniers mois, cette année qui vient de s'écouler, et ce sur bien des points. Et des changements futurs qui vous attendent, de cette nouvelle étape de votre vie que vous allez entreprendre de découvrir avec le plus d'enthousiasme et de cœur possible, et sans même devoir vous y forcer. Vous n'avez qu'à prendre une grande inspiration, une belle fin d'après-midi automnale, pour vous le rappelez dans les moments de doute. Et pour vous rappelez que tout change mais qu'on n'a pas besoin de le vivre seul, que le monde est grand, l'univers encore plus, et qu'il recèle en lui une formidable réserve d'automnes.

     

    Alors vous avancez dans le carré de ciel, et vous tendez la main : vous n'êtes plus obligé de tomber.