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Plume de Renard - Page 38

  • Lucie 46

    Après quelques soucis internet, revoici donc une nouvelle page!^^

     

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    Elle était seule, et partout où portait son regard il n'y avait pas âme qui vive. Pas le moindre mouvement non plus, le monde autour d'elle était totalement immobile. Immuable même. Ce monde ci en était la définition par excellence, la définition de ce mot qu'elle n'était même pas sûre de connaître. Mais ici, tout était différent. Ici, elle connaissait bien des choses qu'elle n'avait jamais apprises. Ici, elle savait. Elle savait... et bien, elle ne savait pas trop quoi, mais de manière aussi certaine qu'elle savait qu'il fallait se laver les mains avant de manger ou qu'il fallait faire ses devoirs pour la date prévue. Dans l'ensemble, elle devait bien avouer que c'était plutôt bizarre, mais elle ne s'en souciait pas outre-mesure, parce que le bizarre rendait toujours les choses bien plus intéressantes. Et puis pour savoir, elle n'avait pas forcément besoin de comprendre. A vrai dire, cela lui paraissait bien plus facile comme ça. Plus naturel aussi. Voilà, c'était le mot : naturel. Elle se sentait ici chez elle, plus que dans le petit appartement du complexe et plus qu'elle ne le serait jamais à Haven. Ou n'importe où ailleurs. En fait, elle n'était pas encore chez elle à proprement parler mais c'était bien ici, dans ce monde éclatant, qu'elle savait être sur le bon chemin. Celui qui la mènerait chez elle, et elle se demandait si elle pourrait y amener sa mère avec elle, ainsi que tous ses amis qu'elle avait laissé derrière elle et ceux qu'elle s'était fait en chemin. Mais pour ça, il lui fallait le trouver, ce bout du chemin. Alors elle se mit en route.

     

    Autour d'elle, elle pouvait presque voir flotter dans les airs les contours anguleux du train, mais ils étaient aussi volages qu'un courant d'air et se ridèrent quand elle passa à travers sans y prêter la moindre attention. Après tout, elle avait déjà traversé ainsi les murs épais de son ancien immeuble dans le vieux quartier et jusqu'aux parois rocheuses du complexe lui-même. Peu importe les obstacles qui se dressaient sur son chemin, elle n'avait qu'à avancer pour tous les traverser, pas plus tangibles que des souvenirs prêts à s'évaporer. Alors, un pas après l'autre, elle pénétra dans le blanc du paysage qui s'étendait à l'infini. Sous ses petits pieds botter, elle pouvait sentir la neige épaisse crisser. C'était là quelque chose qu'elle n'avait pourtant jamais expérimenté, mais qui faisait partie de ce qu'elle savait...sans savoir comment. Aucune importance, parce qu'elle savait aussi qu'il lui fallait avancer. Qu'elle devait se rendre quelque part, quelque part chez elle. Parfois, la neige lui arrivait aux genoux mais elle ne la gênait pas, elle s'y sentait aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau, même si elle n'avait jamais vu de poisson. Sur son dos, la cape militaire qu'on lui avait donnée glissa et disparut avant de toucher le sol. Elle n'y accorda qu'une attention distraire, car elle n'avait pas froid ici. Son manteau n'était même pas boutonné jusqu'en haut, elle ne portait pas d'écharpe et ses cheveux libérés de l'étreinte d'un bonnet flottaient au vent. Un vent qui était la seule autre source de bruit que ses pas dans la neige. Il soufflait mais elle n'en souffrait pas, elle en bénéficiait même, avait l'impression qu'il la soutenait, la guidait, la faisait avancer dans le bon sens, poussant gentiment contre son dos.

     

    Et puis elle les vit. Plus nettement que lorsqu'elle les avait imaginées dans sa tête quand les autres les avaient décrites. Elle les voyait nettement parce que ce n'était pas la première fois qu'elle se joignaient à elle, à chaque fois de plus en plus complètes, de plus en plus détaillées. Leurs jambes puissantes se détendaient quand elles bondissaient dans la neige autour de la fillette, leurs longues queues zigzagant dans leur sillage. Les créatures avaient l'air féroce, et leurs griffes et leurs crocs scintillaient dans la lumière du jour, mais elle les trouvait belles, et elle savait qu'elle aussi, elles voulaient rentrer à la maison. De temps en temps, l'une d'elles s'arrêtait net et relevait la tête vers le ciel, poussant un cri bref et déchirant avant de reprendre son chemin de plus belle, presque comme effrayée. Quant à elle, elle savait pourquoi. Elle regarda en l'air, manqua se perdre dans le ciel immense dépourvu du moindre nuage et dans lequel flottait le globe très pâle et très éloigné d'un soleil discret, puis elle regarda derrière elle, où il n'y avait plus que du bleu. Au-dessus, et derrière elle, que du bleu qui gagnait du terrain, se déployait comme une gigantesque toile dont il serait impossible de se défaire et qui absorbait tout sur son passage. Elle en avait peur, mais il le fascinait également ; il y avait en tout cas une chose qu'elle ne savait pas, et c'était s'il fallait le fuir ou s'y abandonner. Elle voulait surtout arriver là où elle devait se rendre, au bout du chemin, où elle trouverait quoi faire. A chaque fois, elle arrivait plus loin, elle était plus proche du but, mais à chaque fois le bleu la rattrapait avant et tout se terminait. Alors elle pressa le pas, se mettant presque à courir de toute la force de ses petites jambes, et elle avait l'impression de voir quelque chose droit devant elle, un petit point noir qui grossissait, grossissait... C'était un homme, elle s'en rendait compte, et c'était la première fois qu'elle voyait quelqu'un ici, sur le même chemin qu'elle. Elle accéléra encore, voulut se précipiter vers lui, et elle finit par discerner les traits de son visage, reconnaissant la peau pâle et la mine sérieuse de Diego Delgado. Alors ses jambes se rebellèrent, car le prêtre avait les yeux grand ouverts et ils étaient d'un bleu uni et intense, sans pupille, de ce même bleu qui se déversait partout en ce monde, et elle avait l'impression d'y tomber, comme au bord d'un précipice, et elle voulut ouvrir la bouche pour hurler, mais aucun ne remonta dans sa gorge pour franchir ses lèvres, il n'y avait plus que du bleu...

     

    Et Lucie Robbins se réveilla.

     

  • Puissances

    Comme je n'aurai pas eu le temps d'écrire aujourd'hui (entre le ménage et la lessive, c'était journée propre^^), je poste un autre "vieux" dossier. Vieux parce que ça fait longtemps que ça traîne dans ma tête et mes cartons virtuels depuis un bail! Il s'agit toujours de mes écrits concernant Iqhbar, soit le monde fantastique que je me suis amusé à créer il y a plusieurs années de cela dans le seul but de créer mon monde à moi pour voir ce que ça donne. Rien de très original dans celui-ci, ni de but le concernant au-delà du simple plaisir de l'exercice. L'an passé, j'avais déjà posté ici la première partie de la genèse de ce monde remise au goût du jour et, depuis, j'y étais revenu, et comme j'ai toujours les parties deux et trois de cette genèse je me suis dit: autant les mettre ici elles aussi!^^ D'autant que ce monde continue de me trotter dans la tête, et que j'aimerais bien pouvoir m'y replonger, sait-on jamais?

     

    La première, elle est donc visible là:  http://plumederenard.hautetfort.com/archive/2011/09/15/gnese-le-remake.html

    La seconde partie suit, et je posterai la troisième aussi, je pense!

     

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    Puissances

     

    « Et sur Iqhbar, la vie avait fait son chemin. Elles l’avait encouragée, orientée, observée, insufflée, et maintenant elle pullulait sans leur aide, libérée de leur influence. Et après tout, c’était là ce qu’elles avaient toujours voulu. C’était un phénomène qui fonctionnait maintenant de lui-même, assujetti aux caprices de la nature comme de la magie qui imprégnait le monde. Car magie il y avait, en abondance et en toutes choses ; magie il y a toujours eu, même si nous l’expérimentons et y avons accès de manière bien différente aujourd’hui… Est-elle présente au sein même des mailles de l’univers, ou fut-elle un présent, un résidu de leur présence à elle ? Une question qui restera sans-doute toujours sans réponse. Toujours est-il qu’elle a depuis le début été une partie intégrale d’Iqhbar, et qu’elle ne cessera jamais de l’être, d’une manière ou d’une autre et sans jamais cesser de nous surprendre, de nous émerveiller et de nous effrayer…

     

    Et tandis que la vie se déployait et se diversifiait aussi bien sur que sous les terres, dans les airs et dans les mers, il était des créatures qui bénéficiaient plus de cette magie omniprésente que d’autres. Des êtres qu’elles avaient touché de leur grâce avant de quitter Iqhbar, parce qu’ils étaient leurs favoris, leurs plus grandes créations ou simplement les plus proches de leur nature. Là encore nous serions bien en peine de répondre, mais nous pouvons nous accorder sur leurs qualités aussi extraordinaires que particulières et de tout le pouvoir sur lequel ils pouvaient agir. Et aussi peu nombreux qu’ils étaient, plus encore en comparaison avec les innombrables espèces vivantes de ce monde, ils étaient tous uniques et au-delà de tout, et l’étincelle qu’elles leur avaient insufflé était plus brillante encore. Ces entités furent nommées les Puissances. Il est fort peu probable qu’elles se soient attribuées ce nom de leur propre chef, mais plutôt qu’il représente l’essence de ce en quoi les autres êtres les considéraient le mieux pourvues. Elles étaient les dernières héritières de celles qui avaient assisté à la création du monde, ou du moins les Puissances l’estimaient ainsi. Bien que simple fragment des capacités de celles qui étaient parties, leur pouvoir restait immense et sans nul pareil en ce monde, et les Puissances étaient capables de bien des miracles et des merveilles, les plus surprenants comme les plus terribles. La magie coulait naturellement à travers elle, si bien qu’on était en droit de se demander si elles n’étaient pas une extension de son pouvoir et de sa volonté bruts. Sans pouvoir créer la vie ou l’insuffler, ces Puissances avaient néanmoins de quoi l’influencer, chacune à leur manière. Car elles étaient toutes individuelles, différentes et dotées d’un caractère propre. Elles n’étaient pas de simples observateurs sans prise de position, mais des êtres en proie à des tumultes de sentiments et de pensées complexes et, même, souvent contradictoires.

     

    Aussi elles s’attachèrent, chacune à leur manière, à ce monde qui grandissait. Sans réelle prise de conscience de ce qui avait présidé à leur création et à celle du monde, elles savaient pourtant instinctivement qu’elles étaient liées à leur origine plus que nul autre type de créature, et développèrent un sens certain de leurs responsabilités envers ce monde. Certaines ne cherchaient qu’à le voir vivre et se diversifier, d’autres à l’éprouver et à le soumettre à de terribles épreuves tandis que d’autres encore ne voulaient que lui apporter ordre et stabilité. Mais toutes avaient pour point commun leur attachement à toute épreuve envers Iqhbar, et si elles le montraient chacune à leur manière, les Puissances ont toujours été persuadée de n’œuvrer que pour ce qu’elle considérait comme le plus grand bien de ce monde. Elle se mêlèrent aux peuples et aux créatures qui proliféraient, se prenant chacune d’attachement pour telle ou telle peuplade, tel ou tel environnement ou telle ou telle volonté. Parfois discrètement, parfois sans détours, elles guidèrent, conseillèrent et influencèrent ceux qu’elles estimaient dignes ou les plus proches de leurs valeurs, et furent rapidement considérées par ces peuples comme des saints patrons, des garants de leur ordre de valeur et, au final, comme des divinités. Et plus leur influence se répandait de cette manière et plus elles se détachaient du monde réel, ne cherchant plus qu’à s’élever au-delà de leur condition déjà formidable, à la recherche d’un plan d’existence toujours plus haut et toujours plus global, les peuples et les créatures auxquels elles s’étaient liées servant leurs desseins, toujours plus globaux, toujours plus orientés… Les conflits ne tardèrent pas, un système de croyances et de valeurs se heurtant à un autre, et guerres, alliances fleurissaient, alimentées par les désirs des hommes et des autres races au-delà même de la foi qu’ils plaçaient dans les Puissances.

     

    Des civilisations entières furent bâties et parfois balayées, parfois sur l’instigations de puissances ou sur les simples actions d’êtres vivants de statut moindre mais de volonté tout aussi farouches, et royaumes, villes et organisations virent le jour et se répandirent comme la vie elle-même l’avait fait après la création du monde. Les premières cités volantes des Avelins s’élevaient dans le ciel parmi les Dragons et les Gwaheyrs, les Elfes et les Nains cimentaient leur alliance légendaire, les humains partaient à la conquête du monde, et la pratique de la magie étaient pour certains êtres aussi naturelle que la respiration, et présente d’une manière que nous ne pouvons qu’imaginer de nos jours. Et, s’éloignant de plus en plus d’un monde en pleine expansion qu’elles avaient pourtant plus que contribué à créer, les Puissances continuaient d’intervenir et de s’affronter dans le seul but de s’élever toujours plus haut, de s’enfoncer toujours plus loin dans le nouveau plan d’existence qu’elles souhaitaient tant être le leur, sans cesse à la recherche de nouveaux horizons et désirant peut-être par là inconsciemment s’élever au même statut que celles qui, il y a des temps immémoriaux, furent là pour témoigner de la naissance d’Iqhbar et pour y favoriser le foisonnement de la vie et de son étincelle… »

     

    Inus, le Chroniqueur

  • Lucie 45

    On contine, avec une nouvelle page "journal".^^

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    « Journal d'Arthur Kent, premier jour, suite

     

     

     

    ...rien de nouveau. La situation ne semble en effet subir aucun changement, et je crois commencer à percevoir les premiers effets réels dus à la nervosité de mes camarades. Les discussions à demi-mots sont maintenant plus fréquentes que les éclats de voix joyeux, et tous semblent avoir perdu un peu de leur éclat. Ce qui n'a rien d'étonnant, après la journée que nous venons tous de passer. Moi-même, si mon esprit se trouve en de meilleures dispositions, je me sens épuisé, mentalement surtout. Il faut dire que je n'ai pas fait grand chose d'autre que m'apitoyer sur moi-même et me livre à une introspection bienvenue, et que je ne suis au moins pas de ceux qui ont les muscles endoloris. J'ai eu la chance de ne pas avoir été poursuivi par de sanguinaires créatures de cauchemar. A ce sujet, je suis finalement bien content de la présence à nos côtés de l'escouade d'Adams. Outre leurs personnalités finalement agréables chacun dans leur genre, leur confiance en eux et leur professionnalisme contribuaient grandement à calmer nos humeurs à nous, les passagers. Ça, et leurs fusils presque aussi grands qu'eux, bien sûr. Je me suis toujours vu comme un pacifiste -ce qui n'a rien d'extraordinaire dans une société comme la notre où le conflit armé est pratiquement inexistant- mais c'est fou comme ce genre de considération perd de son importance lorsque de telles armes à feu risquent bien d'être le dernier rempart entre nous et une mort horrible. Non pas que nous soyons sur le point d'en arriver là, nous sommes aussi en sécurité que possible étant donné les circonstances, mais je préfère avoir ces armes -et les personnes qui savent s'en servir- avec nous dans ce wagon plutôt que, disons, n'importe où ailleurs. Je crois que nous pensons tous la même chose. J'ai parlé avec Kenneth, et il m'a assuré qu'il n'y avait personne d'autre qu'il aurait aimé avoir pour nous protéger que ces hommes et cette femme en uniforme. Il m'a raconté en détail l'attaque qu'ils ont subi plus loin dans le train, et comment les réactions de Ravert et Velázquez ont été exemplaires ; certes, ils avaient subi un entraînement militaire, mais n'avaient jamais été au combat. Mais je sais aussi que Ken n'a pas été en reste, Velázquez ne s'est pas caché de lui devoir la vie, même si notre ingénieur n'aime pas à s'étaler sur le sujet. Je crois bien qu'il s'agit de la personne la plus humble, et au caractère le plus facile que j'ai jamais rencontré. Il est venu me voir peu après Lucie, et sa compagnie me fait beaucoup de bien. J'ai pu lui parler un peu de ce qui me tarabustait, et il m'a écouté sans me juger. C'est un de ces types qui inspirent une vraie confiance, et je crois que je me serai fait un ami au cours de ce voyage. C'est étonnant de se dire que si nous n'avions pas traversé une telle adversité, nous n'aurions sans-doute pas songé à nous rapprocher autant. Étonnant, et peut-être un peu triste, je ne sais pas. Qu'il faille en arriver à de telles extrémités pour se reposer sur autrui, alors que la vie regorge d'autres opportunités pour ce faire, et surtout pour mieux en profiter. Je suis sans doute en train d'apprendre une nouvelle leçon. Dommage qu'il ait fallu que je me retrouve coincé au milieu d'un désert de glace pour ça. Heureusement, la compagnie est bonne, même si elle commence à fatiguer. Il n'y guère que Martha et sa fille qui donnent l'impression d'avoir conservé toute leur énergie. C'est normal de la part d'une petite fille aussi curieuse j'imagine, pour qui tout est une aventure, mais Martha continue de m'épater : sa force de caractère est telle qu'elle pourrait... et bien, arrêter un train, tiens. Je crois qu'elle a toujours eu a prendre sur elle et à se montrer forte pour les autres, sa fille en premier. Aujourd'hui, elle l'aura fait pour nous tous. Bon, et il y a aussi le major Adams, mais je commence à me dire qu'il en faudrait vraiment beaucoup pour ne serait-ce que le perturber un brin. C'est à peine si je l'ai vu cligner des yeux ! Martha et lui sont naturellement devenus les deux individus vers lesquels le reste d'entre nous se tournent lorsqu'il s'agit de prendre une décision. A vrai dire, le major est le choix logique pour une autorité supérieure, mais je crois que même lui préfère agir avec l'accord silencieux de Martha. Il se dégage de cette femme une force qui ne donne aucune envie de la contrarier sans que cela soit absolument nécessaire. Et je ne serai certainement pas celui qui la contredirai. Au fond, ça ne m'étonne pas que ces deux-là s'accordent à ce point. Je ne dirai toujours pas que ça me fait plaisir, par contre... Ça reste un peu indigeste, comme le sandwich à la dinde industriel que j'ai avalé tout à l'heure. Peut-être que c'est ce que nous devrions jeter à ces monstres, histoire de leur plomber l'estomac. Et peut-être est-il temps pour moi de me reposer, mes yeux n'arrêtent pas de se fermer tout seul et mon écriture de se traîner de plus en plus. Je vois que la plupart des autres sont déjà en train de s'installer pour la nuit, se créant de petits nids aussi douillets que possible sur les banquettes du wagon. Grümman pourra couper les lumières depuis son tableau de bord, et nous pourrons fermer les yeux, rassurer des tours de garde qu'effectueront les soldats et des volontaires comme Ken, par pure précaution. Ce qui est sûr, c'est que nous avons tous besoin de repos après autant d'émotions. Et on dit bien que demain est un autre jour : avec un peu de chance, nous y verrons plus clair au matin, et la situation aura évolué dans le bon sens pour nous mener, enfin, à Haven. »