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Plume de Renard - Page 39

  • Lucie 44

    Une p'tite page en ce mardi!^^

     

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    -Vous écrivez beaucoup.

     

    Ce n'était pas une question, mais une simple constatation établie d'une voix tranquille. Mais dans l'évidence, on sentait une sincère pointe d'intérêt, et Arthur Kent leva les yeux de son ouvrage pour découvrir ceux, clairs et curieux, de Lucie Robbins. La fillette était venue s'asseoir sur le siège en face de lui et balançait ses petites jambes dans le vide, ses pieds touchant à peine le sol.

     

    -Oh, c'est toi. Dans la bouche d'Arthur, une telle évidence paraissait bien moins charmante, et plutôt maladroite. Mais ça, il en avait l'habitude. C'est mon travail, tu sais.

     

    -Mais là, vous n'écrivez pas de livre.

     

    -Non, c'est vrai. Disons que je m'accorde une pause sur l'élaboration de mon prochain travail. J'ai décidé de chroniquer les événements qui se passent maintenant, histoire d'en garder une trace.

     

    -Comme un journal.

     

    -Voilà. Tu as déjà écrit un journal ?

     

    -J'ai essayé, quelques jours, une fois. Maman m'avait offert un beau cahier, et tout. Mais j'ai vite trouvé ça ennuyeux. Je préfère lire, en fait. Et puis il ne m'arrivait rien d'assez intéressant pour en parler. Alors je me suis dit que je ferais sûrement mieux de vivre plein de trucs d'abord, que les raconter en vaille la peine.

     

    -C'est sensé. En tout cas, je crois qu'après aujourd'hui, tu pourras dire que ça vaut le coup.

     

    -C'est sûr. Dites, je peux vous poser une question ?

     

    -Bien sûr, répondit Arthur. Il avait l'étrange impression de se précipiter dans une sorte de piège mais, comme la plupart des autres passagers, il s'était trop attaché à cette curieuse fillette pour l'ignorer.

     

    -Pourquoi est-ce que vous êtes si triste ?

     

    Bon, ça, il ne s'y attendait pas vraiment. Pas du tout, en fait. Mais au lieu de rester perplexe la bouche ouverte, comme il réagissait généralement à ce genre de chose, il se surprit à réellement réfléchir à sa réponse. C'était inhabituel pour lui, qui préférait inventer les sentiments d'autrui sur le papier plutôt que de se confronter aux siens plus que nécessaire. L'introspection n'était pas vraiment le point fort d'Arthur Kent; et dans son malheur, il en venait même à se demander s'il en avait, des points forts. Mais pour une fois, il était dans une situation assez particulière pour lui donner l'envie d'être honnête non seulement avec les autres mais aussi -et surtout- avec lui-même.

     

    -Je pense...que c'est parce que j'y suis habitué. Je sais qu'à la base, j'avais une bonne raison de l'être. Et je m'y suis accroché. Ça me permet d'être encore lié au passé, à ce que je pouvais y voir d'important. C'est plus facile que de penser à autre chose, en tout cas. Plus facile que d'oublier.

     

    -Oublier quoi ?

     

    -Une...bonne amie. Qui ne s'est avéré être rien d'autre. Et qui m'aura, elle, sûrement très vite oublié.

     

    -C'est stupide.

     

    -Pardon ? Là, Arthur Kent en resta effectivement la bouche ouverte.

     

    -Si c'est votre amie, elle ne va pas vous oublier parce que vous partez loin. J'ai des amis, au complexe, et même si je les reverrai jamais, j'vais pas les oublier. Ce qui est triste, c'est de plus les voir, mais ils existent toujours.

     

    -Tu es une petite fille très...logique. Arthur ne savait pas trop quoi dire.

     

    -On me l'a déjà dit. Surtout la maîtresse, à l'école. On disait aussi que j'étais bizarre.

     

    -C'est très bien, d'être bizarre !

     

    -Alors ça tombe bien, vous aussi vous l'êtes. Bizarre.

     

    Arthur se surprit à sourire : il se rappelait quelqu'un d'autre, celle qui lui avait souvent dit la même chose en riant, et qu'il fuyait maintenant en allant se terrer à Haven. Et les paroles de Martha Kent, qu'il avait jugées dures quand elle les lui avait assénées tantôt, prenaient soudain tout leur sens. Elle avait eu raison, il s'était comporté comme le dernier des imbéciles. Au final, il était en train de se dire que la personne dont il avait le plus besoin de fuir, c'était bien lui-même...

     

    -Ne soyez pas triste, soyez bizarre !

     

    Lucie lui sourit, d'un sourire sincère d'enfant, lumineux, simple, et Arthur Kent sentit enfin son humeur s'améliorer un peu. Puis, saisi d'une inspiration subite, il se mit à fouiller dans sa sacoche jusqu'à ce qu'il en ressorte un des petits carnets vierges qu'il emportait toujours avec lui. Il y joignit un stylo-plume, et tendit les objets à la fillette :

     

    -Tiens, c'est pour toi. Peut-être que tu as une histoire qui vaut la peine d'être racontée, maintenant.

     

    -Merci !

     

    Ses nouveaux trésors en mains elle sauta à terre, se dressa sur la pointe des pieds pour embrasser l'écrivain sur la joue, et se rassit en posant aussitôt le carnet ouvert sur ses genoux. Et avec application, elle se mit à écrire. Arthur Kent la regarda faire quelques instants puis, comme saisi d'une énergie nouvelle, il reprit son propre ouvrage là où il en était resté.

     

  • Lucie 43

    Ca continue!^^

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    « Journal d'Arthur Kent, premier jour

     

     

     

    Et voilà, nous sommes bloqués dans ce train, au milieu de nulle part, jusqu'à ce que Haven s'aperçoive de notre absence. Ou, du moins, jusqu'au bon vouloir du major Adams et de son escouade. Bon, en toute honnêteté, il n'a pas tort d'avoir décidé de prendre le moindre risque possible, personne n'a envie de se faire boulotter par ces monstres, et on fait mieux de patienter dans notre coin. Mais il n'empêche que j'aimerais bien qu'il arrête de jouer comme ça au petit chef. Qu'il prenne les choses en main jusqu'à un certain point, d'accord, mais nous ne sommes pas tous sous ses ordres ! Je suis sûr que ça lui plaît, en plus, il a tout de celui qui ne prend jamais autant son pied que lorsqu'il a le pouvoir. Il ne supporte pas quand les événements ne sont pas sous son contrôle, c'est évident. Et il ne peut pas justifier toutes ses décisions ! Envoyer Marsters et Travers avec ses soldats, quelle idée ! On n'a pas tous reçu un entraînement comme eux, normal que nous, pauvres civils, perdions les pédales en cas de danger comme celui là. Heureusement que Kenneth s'en est sorti, mais ce n'est pas passé loin. Je ne voudrais pas le perdre, c'est plus ou moins le seul avec qui je me sens proche dans cette galère. En plus de Martha, c'est évident, mais je crois que je peux arrêter de me faire des idées... Elle passe la plupart de son temps à parler avec Adams, on les jurerait copains comme cochons ! Franchement, leur propension à vouloir prendre les choses en main mise à part, je vois pas vraiment ce qu'ils peuvent avoir en commun... Qu'est-ce qu'elle peut bien lui trouver, à ce vieux militaire de carrière ? Et je vois bien comment il la regarde quand elle ne fait pas attention. Il a beau tout faire pour ne pas le montrer, pour rester stoïque, mais notre vieux major est tout troublé par celle qui pourrait être sa fille. Et si ça se trouve, elle ne lui est pas indifférente non plus. Ce serait bien mon genre en tout cas : craquer pour la fille qui n'a d'yeux que pour quelqu'un d'autre. Si c'est inaccessible, c'est pour moi. Et dire que je pensais en avoir fini avec ce genre de déboires en partant pour Haven... Et non, paf ! Avant même d'entrer dans ce foutu train, il aura fallu que je tombe sur Martha ! C'est bien ma veine ! Bah, qu'est-ce que j'y peux après tout ? Mais en même temps, j'ai l'impression que la moitié du wagon est en train de se faire les yeux doux ! Martha et le major, les Miguel -pauvre femme, j'espère vraiment qu'elle va s'en sortir, c'est affreux- et nos deux caporaux... Alors concernant ces deux-la, je ne sais pas si le spectacle en devient drôle ou pathétique. Je n'ai jamais vu deux personnes se tourner autant autour sans pour autant pleinement réaliser à quel point ils sont dedans jusqu'au cou. Enfin, surtout Jones, il est plutôt difficile de savoir ce que pense vraiment Velázquez. Ce type est vraiment étrange : il ne prend rien au sérieux, il est incapable d'ouvrir la bouche sans placer au moins une plaisanterie -peu importe qu'elle soit vaseuse ou non- et il sourit tout le temps. On dirait un chat heureux, ou plutôt une sorte de tigre un peu paresseux, et qui cache bien son jeu : on ne sait pas vraiment à quoi s'attendre, avec lui. Mais au moins, sa compagnie est plus agréable que celle de Delgado. Ce type me fait froid dans le dos ! Il n'a rien fait de spécial pourtant, il se contente de rester à l'écart. Mais il a parfois l'air de regarder quelque chose qu'il est le seul à voir, et c'est un regard dont je n'aimerais jamais être la cible. Horst, au moins, est plutôt un bon vivant. Ces deux là sont tellement aux antipodes l'un de l'autre que c'en est presque trop beau pour être vrai ! Ceci dit, John fait beaucoup pour maintenir le moral de notre petite bande : il sait trouver les mots qui s'accordent à tout le monde, et son optimisme est contagieux. Quand il dit qu'on va s'en sortir sans problèmes, même moi j'y crois, et je ne suis pas vraiment reconnu pour ma tendance à prendre les choses du bon côté. Au final, il n'y a que Travers pour nous pourrir l'ambiance, à se plaindre sans cesse et à bouder dans son coin comme un môme privé de son jouet préféré. Pas étonnant que personne ne l'écoute, si c'est pour se conduire comme ça. Tu parles d'un type responsable... C'est à se demander comment il a fini à ce poste ! Grümman doit en baver, à faire le trajet avec lui tous les mois. C'est peut-être pour ça que notre conducteur préfère rester dans la voiture de tête. Ravert et Marsters sont allé lui ouvrir la porte, mais il a décidé de ne pas bouger pour le moment afin de garder un œil sur ses instruments. Ma foi, j'imagine qu'il n'a pas tort, ça ne peut pas faire de mal. Il a vu d'autres créatures rôder via les caméras, mais elles ne devraient pas pouvoir nous atteindre avec toutes ces portes fermées et verrouillées entre elles et nous. Je me demande si... »

     

  • Lucie 42

    En ce dimanche quasi-hivernal (neiiiiiiige! o/), "Lucie" continue avec deux pages...et la partie 42 sur ce blog. Et après avoir atteint ce fameux chiffre là, tout est possible!^^

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    -Je ne vous cacherai pas que la situation s'annonce difficile. Ce que le caporal Velázquez vient de me raconter change la donne. Son groupe et lui ont été... attaqués. Des créatures rodent manifestement à la surface de ce monde, et elles ont profité de l'ouverture d'un sas de secours pour pénétrer à l'intérieur du train et tuer l'un de mes hommes. Et peut-être même l'apprenti de monsieur Grümman, qui était sortir par l'un de ces sas pour essayer d'atteindre les machines et trouver ce qui cloche. Fort heureusement, le caporal et ses camarades ont put verrouiller derrière eux dans leur retraite, et nous devrions être à l'abri tant qu'on ne laisse aucun moyen de nous atteindre à ces créatures. Pour votre sécurité, je demanderai à chacun d'entre vous de ne pas quitter ce wagon et ce sans exception. Inutile de tenter le diable. Le chauffage fonctionne encore dans cette voiture, et il y a assez de couvertures et de matériel pour prétendre au confort de tout le monde.

    -Tout ça c'est très bien, intervint Martha Robbins. Elle s'était naturellement glissée dans le rôle de représentant des civils à bord, personne n'y trouvant à redire. Mais qu'est-ce que nous sommes censés faire ?

    -Attendre. D'ici quelques heures, Haven verra bien que nous ne sommes pas arrivés. Les retards sont fréquents à cause du temps, il n'est pas rare que le train reste longtemps bloqué. Au pire, je pense qu'il leur faudra une journée pour se dire qu'il y a vraiment quelque chose qui cloche, du moins selon le protocole. Dans l'intervalle, je ne vois pas l'utilité de courir le risque d'aller relancer les machines nous-mêmes avec ces bestioles dans les parages. Nous avons beau être armés, nos munitions ne sont pas inépuisables et mes hommes me disent que ces choses ont la peau dure. Je pense que personne n'a envie de s'y frotter à moins que cela ne soit absolument nécessaire. Et pour le moment, je pense que ce n'est pas le cas.

    Il vit que Martha s'apprêtait à parler à nouveau, et il leva la main pour l'interrompre avec un bref sourire, anticipant sa demande :

    -Concernant nos réserves, nous avons largement de quoi tenir une journée si besoin est, même plus. D'après monsieur Grümman et monsieur Travers, la nourriture est entreposée entre notre voiture et celle de tête, et nous n'avons qu'à y piocher. Ce n'est pas de la grande cuisine, c'est clair : les archives racontent que les plats servis à bord durant un voyage, que ce soit par air, mer ou terre n'ont jamais été reconnus pour le saveur, et je crains que cela soit inchangé même aujourd'hui, sur Éclat.

    Quelques gloussements se répandirent parmi les passagers, profitant de l'assurance du major pour commencer à se détendre un peu. Ils avaient bien besoin de trouver un peu d'humour là où ils le pouvaient. A son tour, John Horst se leva et prit la parole :

    -Le major a raison, nous avons de quoi prendre notre mal en patience. La perte du soldat Moore est une tragédie, et nos prières se doivent d'accompagner le jeune Stan Detroit. Quant à nous, tant que nous restons unis devant l'épreuve, nous saurons la traverser comme les hommes -et les femmes- que nous sommes. Ensemble, dans ce wagon, nous serons à l'abri. Et si certains d'entre vous finissent par trouver le temps trop long, je rappelle à tous que je suis un excellent joueur de poker et que je ne suis jamais contre l'idée d'affronter des adversaires à ma mesure.

    D'autres petits rires fusèrent, et Canton Adams lui-même se permit un vrai sourire, avant de reprendre à la suite du prêtre :

    -Merci John. Vous l'avez entendu, mais méfiez-vous : je crois que le caporal Velázquez y a déjà perdue une partie de sa solde. Alors prenez vos aises, autant que faire ce peut, et ne vous inquiétez pas. La situation est peut-être exceptionnelle -et dans une certaine mesure dangereuse, je ne vous le cacherai pas- mais nous nous en sortirons.

    Il signifia la fin de son discours d'un hochement de tête appuyé et balaya tous les passagers du regard. Puis il fit signe à ses soldats de le rejoindre, et ne fut pas surpris de voir Martha Robbins les suivre.

    -Situation ?demanda-t-il en premier à Jung Sungmin.

    -Madame Miguel ne va pas pas fort, j'ai même l'impression que c'est de pire. Je fais tout ce que je peux pour la stabiliser, mais je ne sais pas combien de temps elle va pouvoir tenir sans soins plus poussés.

    -Espérons que nous n'aurons pas à répondre à cette question. Marsters ?

    -La blessure n'est pas profonde. J'ai nettoyé et refermé la plaie, et je garde un œil dessus, mais je ne m'inquiète pas trop. Il a eu de la chance.

    -Il s'en est bien tiré en tout cas, il s'est comporté à merveille pour un simple civil, intervint Velázquez. Pas comme cette couille molle de Travers.

    -Au moins nous savons sur qui compter en cas de grabuge, et qui laisser à l'écart. Que puis-je pour vous, Martha ?

    -Tout ça c'est très bien, et on est mieux ici que dehors, mais vous n'avez pas mentionné le saboteur...

    Le regard déterminé, les mains sur les hanches, elle était l'image même de celle qui n'allait pas s'en laisser compter, et Adams fut une fois de plus impressionné.

    -Nous n'avons que des soupçons pour l'instant.

    -Vous savez très bien que le train n'a pas pu s'arrêter tout seul, pas comme ça. Grümman le sait, Paul le sait, tout le monde le sait.

    -Peut-être. Non, vous avez raison, il n'y a pas vraiment de doute. Mais je ne vois pas l'intérêt de sans cesse le rappeler aux autres, surtout dans la situation dans laquelle nous sommes. Et puis il y a des chances pour que ces créatures l'aient trouvé les premières et dans ce cas, le problème est réglé.

    -Ou...? insista Martha, et Adams poussa un bref soupir, sachant où elle voulait en venir.

    -Ou il se cache parmi nous. A vrai dire, il est même possible qu'il ait bénéficié de l'aide de Stuart pour passer plus loin dans le train, notamment le wagon où nous étions stationnés. Des éléments s'additionnent en cette faveur, et je ne serais pas étonné que cette petite fouie y ait été pour quelque chose. Si il fait partie de tout ça, il a peut-être même agi seul mais j'en doute, se salir directement les mains n'est pas son genre. Et il ne risque plus de nous donner des réponses... Si je vous dis tout ça, c'est parce que je sais que je peux avoir confiance en vous, Martha, et que vous ne me lâcheriez pas la grappe tant que je ne vous aurai pas tout dit. Et puis au point où nous en sommes, les secrets sont inutiles.

    -Si j'insiste, c'est parce que j'ai une petite fille à protéger, et que je ne suis pas à l'aise à l'idée qu'un criminel se trouve à bord du même train qu'elle. Les créatures dehors, c'est une chose, mais un individu comme ça parmi nous, c'en est encore une autre, et je crois savoir ce qui est le pire...

    -Nous allons garder un œil sur Lucie, vous le savez. Nous n'allons pas laisser quoi que ce soit lui arriver, à elle ou à n'importe qui d'autre. Je refuse de perdre quelqu'un de plus.

    -Très bien, je vous crois. Et je pense que nous sommes en de bonnes mains. Je le pense vraiment.

    Elle sourit, serra le bras d'Adams, et s'en fut aussitôt rejoindre sa fille.

    -Et bien, quelle femme...commenta Velázquez, tandis que le major se grattait la tête.

    -Vous l'avez dit, caporal... Attendez, qu'est-ce que vous voulez dire par là ?

    -Oh, rien.

    -Il ne veut jamais rien dire, major, fit le caporal Jones, mais elle souriait elle aussi à présent.

    -Personne ne veut rien dire du tout, continua Paul Ravert.

    -Rien de rien, c'est pas notre genre, renchérit Sungmin.

    Canton Adams grogna entre ses dents, et décida de changer de sujet :

    -Bon, comme prévu, nous allons prendre notre mal en patience le temps qu'il faudra. Ouvrez l’œil, et le bon. Ravert, j'aimerais que vous planchiez avec Marsters sur la manière dont on pourrait théoriquement relancer les systèmes de ce transport. Parce que si rien de bouge, nous devrons bien tenter une sortie en direction de ces foutues machines. Mais c'est vraiment si nous devons finir par envisager le pire. Je préfère être bien préparé si besoin. Jung, vous ne quittez pas vos patients d'une semelle : vous êtes le dernier que j'ai envie d'envoyer crapahuter dans un train plein de bestioles mangeuses d'hommes.

    -Pas d'objections, major. Bon plan, si j'ose dire.

    -Et pour le reste ? On ne va vraiment pas creuser la piste du saboteur?s'enquit Samantha Jones.

    -S'il est vraiment parmi nous, il cache bien son jeu. Et nous avons les moyens de le contenir s'il se dévoile.

    -Vous pensez vraiment que Stuart était dans la combine ?

    -Entre le tabac hors de prix et son attitude générale, il y a de fortes chances pour que ce soit le cas. Et il aura payé le prix fort. Mais focalisons-nous sur ceux qui sont encore là. Paul, j'aimerais aussi que vous alliez voir comment sortir Grümman de la voiture de tête. Nous pourrions avoir besoin de lui, et je pense qu'il sera content de ne plus être bloqué tout seul dans son coin.

    -Bien major.

    -Et pour le reste ?

    -On attend, Velázquez. Pour le reste, on attend.