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Plume de Renard - Page 49

  • Lucie 18

    A nouveau une petite page, j'ai bien failli ne pas pouvoir prendre le temps d'en pondre une aujourd'hui. Mais voilà qui est fait!^^

     

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    De son côté, Arthur Kent s'escrimait sur les commandes de la dernière porte que Lucie Robbins avait franchie avant le choc. Il n'avait aucun moyen de savoir cela, bien sûr, mais ils n'avaient de toute façon aucun moyen d'aller plus loin, et comme ils n'avaient trouvé l'enfant nulle part, il leur fallait bien continuer. Arthur était accompagné de Martha, bien évidemment, et de Ken Marsters. Les deux prêtres et Ed Travers étaient restés en arrière en compagnie des autres passagers, dont la vieille femme blessée. Marsters avait sorti une grosse lampe de poche de ses affaires, plusieurs wagons étant plongés dans l'obscurité. Tous étaient vides de la moindre présence, et dépourvus de désordre, n'ayant pas de bagages à entreposer faute de passagers supplémentaires. Les voitures de marchandises se trouvaient au-delà, selon ce que leur en avait dit Ed Travers, et c'était dans l'une d'elles que Lucie Robbins avait nécessairement dû se trouver lorsque le train s'était arrêté.

     

    -Rien à faire, cette porte aussi est bloquée...

     

    -Laissez moi voir.

     

    Kent s'écarta pour laisser le champ libre à Marsters, qui jeta un coup d’œil pensif à la porte :

     

    -Elle est surtout verrouillée. C'est un système de fermeture électronique, il faut une carte pour l'ouvrir. Peut-être que Travers en a une...

     

    -Travers ne saurait pas se servir d'une clef même si on la lui enfilait par avance dans la serrure, maugréa Martha, que le responsable exaspérait depuis qu'elle l'avait entendu ouvrir la bouche pour la première fois. Arthur ne put s'empêcher de sourire :

     

    -Je vais retourner en arrière, lui demander s'il a ça sur lui. Ne vous inquiétez pas, nous laisserons quelqu'un de compétent l'ouvrir. Monsieur Marsters est ingénieur, après tout !

     

    Malgré la situation et l'inquiétude qu'elle éprouvait pour sa fille, Martha lui rendit son sourire :

     

    -Merci Arthur.

     

    -Je ne pense pas que ça serve à grand chose, les interrompit Marsters, qui s'était penché en avant pour examiner le système de fermeture. Et je vous l'ai déjà dit, vous pouvez m'appeler Ken. L'alimentation est coupée ; la porte reste fermée parce que les verrous intérieurs ont été enclenchés, mais sans courant, la carte ne servira à rien.

     

    -Les lumières marchent dans notre wagon, s'étonna Arthur.

     

    -Oui, ainsi que la caméra qui s'y trouve et les portes simples que nous avons franchies jusqu'ici. Pour les lumières, je pense que notre voiture est alimentée par un système indépendant en cas de pépin, pour assurer la sécurité des passagers. La caméra et les portes simples doivent fonctionner sur un autre circuit, basique, qui n'aura pas été coupé par ce qui a forcé le train à s'arrêter. Ce qui est plutôt bizarre, comme si seulement certains systèmes avaient été coupés.

     

    -Un bête coup du sort ?

     

    -De tels hasards existent, mais je n'y crois pas vraiment. Vous non plus, si j'en crois votre tête.

     

    -J'écris des histoires pour vivre ; je finis par remarquer quand certains détails ne collent pas. On pourrait dire que les ficelles paraissent trop grosses... Mais ça ne m'empêche pas d'espérer !

     

    -Est-ce que vous avez vraiment besoin d'imaginer tous les scénarios possibles maintenant, tous les deux ? Ma fille est quelque part plus loin, je vous le rappelle. Et toute seule.

     

    -Vous avez raison.

     

    -Peut-être que je pourrai tirer quelque chose des circuits si je trouve un panneau de commandes, hasarda Kenneth Marsters. Rediriger du courant dans le verrou, pour permettre à une carte de fonctionner.

     

    -Vous sauriez faire ça ?

     

    -C'est possible. C'est mon côté touche-à-tout, je crois que c'est ce qui leur a plus dans mon dossier, à Haven.

     

    -Là tout de suite, ça me plaît beaucoup à moi ! lança Martha. Arthur, vous parliez d'aller chercher cette fichue carte ?

     

    L'écrivain hocha la tête et s'apprêtait à faire demi-tour quand un bruit le fit se figer sur place ; les trois passagers tournèrent ensemble la tête vers la source de ce vacarme, surpris et légèrement inquiets : quelqu'un -ou quelque chose- cognait contre la cloison. Et ce depuis l'extérieur.

     

  • Lucie 17

    Bon, aujourd'hui, je n'ai pas vraiment la tête à l'écriture, mais une page minimum, c'est une page minimum!^^

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    -Toujours rien. Daniel Grümman actionna pour la énième fois le même interrupteur, qui cliqueta sans produire d'autre effet. Il s'y attendait, mais il ne pouvait s'empêcher de le tester régulièrement. Fermant le poing, il donna un coup violent sur le tableau de bord suivant la technique ancestrale qu'il appliquait avec diligence depuis plus de vingt ans, mais rien n'y fit.

    -Les commandes des circuits ne répondent plus, on n'a plus aucun contrôle sur les systèmes principaux, le pilotage automatique est mort... Qu'est-ce qui s'est passé nom de dieu ?

    Stan Detroit, lui, croyait au fait de répéter sans arrête la même question, des fois que la réponse finirait par surgir toute seule. Le jeune conducteur dégingandé faisant les cents pas dans l'habitacle, se passant une main nerveuse sur le visage. Il ne comprenait pas comme son superviseur pouvait rester aussi calme. Grümman avait à peine poussé un juron quand le train s'était brusquement arrêté et que le choc avait manqué les faire s'écraser sur leurs commandes, avant de vérifier sans se presser leur intégralité.

    -Aucune idée. C'est comme si tout était grippé, et que ça avait fini par se bloquer d'un coup. Pourtant, tout a été révisé avant de partir. Et les dernières données des senseurs n'ont indiqué aucun obstacle, ni aucun souci au niveau des rails. Et on n'y est pour rien. Ça m'était jamais arrivé un truc pareil !

    -Et ça ne vous inquiète pas plus que ça ?

    -A quoi bon ? On est bloqués, on est bloqués. Même si j'aimerais bien savoir pourquoi... Mais les passagers ont l'air d'aller bien, c'est déjà ça.

    Il tapota de deux doigts l'écran de surveillance, qui tremblotait mais continuait d'émettre.

    -A part la pauvre femme qui est tombée sur sa jambe... On devrait pouvoir faire quelque chose !

    Le jeune homme alla s'arc-bouter contre la porte, bandant ses muscles secs pour essayer de l'ouvrir. Elle ne bougea pas d'un pouce, totalement bloquée elle aussi.

    -Si même les portes s'y mettent, c'est un problème centralisé, je me demande si quelqu'un a tempéré avec les circuits...

    -Comment ça ? Pourquoi est-ce quelqu'un s'amuserait à... ?

    -Voilà une sacrée bonne question. Et qui commence à m'inquiéter. Et Travers est injoignable, ce crétin a dû bousiller sa radio...

    Grümman se renfonça dans son fauteuil, les mains en cloche sous son menton, pondérant ses options. Il aimait prendre le temps de réfléchir, et prenait toujours soin d'éviter toute précipitation. Quelque chose n'allait pas avec le train -son train!- et il ne pouvait pas trouver quoi. Et ce n'était pas normal. Et quoi qu'il soit arrivé, il y avait de fortes chances pour que quelqu'un à bord s'en soit mêlé. Mais qui, et dans quel but ? Il se demanda si cela avait quelque chose à voir avec la présence des soldats de l'Hégémonie à bord. Ce n'était pas la première escouade qu'elle envoyait à Haven, mais les transferts étaient plus réguliers depuis quelques temps. Grümman ne s'en était jamais inquiété jusque là, mais...

    -Ça suffit. Il faut que j'aille voir. Peut-être qu'on peut relancer des systèmes manuellement, déclara Stan Detroit, tirant le conducteur de ses pensées.

    -Et la porte ?

    -Je vais sortir.

    Le jeune homme se dirigea vers un grand placard métallique, et mit quelques instants avant de trouver la bonne clef pour l'ouvrir. C'était la première fois qu'il allait le faire, et il n'était pas sûr que ce soit une bonne idée, mais c'était la seule qu'il avait et, contrairement à son collègue, il ne supportait pas l'inaction. A l'intérieur, deux panoplies de vêtements d'extérieur étaient visibles. Il n'en avait jamais enfilée en-dehors d'un entraînement, mais il se saisit d'un ensemble, essayant d'afficher l'air le plus décidé dont il était capable. Grümman haussa un sourcil, sceptique :

    -Tu es sûr petit ? Même moi, je ne l'ai jamais fait. Je n'en ai jamais eu besoin, et j'en remercie le ciel.

    -Le sas a bien été fait pour ce genre de situation !

    -On n'a jamais eu ce genre de situation avant...

    Stan Detroit ne répondit pas, occupé à enfiler le survêtement synthétique par-dessus les habits qu'il portait déjà. Puis ce fut le tour d'un gilet isolant, d'un pull fin mais étudié pour retenir la chaleur, puis d'un énorme anorak doublé de fourrure, de deux jeux de pantalons épais, d'une paire de bottes hermétiques, d'une capuche, d'un passe-montagne et d'une épaisse visière conçue pour diminuer l'intensité lumineuse qui régnait à la surface. Ses mains enfilées dans des gants qui rendaient ses mouvements maladroits, le jeune homme se saisit d'une lourde trousse à outils entreposée sous le tableau de bord, et d'une radio dont il donna le double à Grümman :

    -J'appellerai dès que je serai à nouveau à l'intérieur. Si le choc n'a pas bloqué les sas, je ne devrais pas avoir plus d'une cinquantaine de mètres à parcourir dehors.

    -Sur Éclat, c'est cinquante mètres de trop, si tu veux mon avis...

    -Il faut bien que je fasse quelque chose. Vous m'avez bien formé.

    Stan donna une tape affectueuse sur l'épaule de son supérieur, qui lui serra le poignet en retour :

    -J'vais pas pouvoir t'en empêcher, j'vois ça. Je reste aux commandes ici, à deux, on va bien trouver quoi faire. Bonne chance petit, fais gaffe à toi !

    -J'ferai de mon mieux. Je rentre et je sors, c'est tout.

    -Tu rentres et tu sors. Ne reste pas bloqué là-dehors.

    Le jeune homme sourit derrière sa cagoule, puis tâtonna contre une cloison jusqu'à ce qu'il se saisisse des commandes du sas d'urgence, que Grümman ne se rappelait même pas avoir utilisé autrement qu'en exercice, à l'abri de la garde d'un complexe. Le conducteur se drapa dans sa grosse veste et se mit une couverture sur les épaules, se préparant au froid glacial qui allait surgir quand Stan aurait ouvert le sas. Le garçon finit par y arriver après quelques tâtonnements maladroits et le froid et le vent s'engouffrèrent aussitôt dans l'habitacle, suivis d'une lumière éclatante qui força Grümman à fermer les yeux. Quand il les rouvrit, Stan Detroit était sorti, et avait refermé le sas derrière lui. Daniel Grümman s'enveloppa plus encore dans sa couverture, frissonnant plus que de raison. L'air absent, soucieux, il fit à nouveau cliqueter le même interrupteur.

     

  • Lucie 16

    Bon, je n'ai pas vraiment la tête à l'écriture aujourd'hui, mais une page minimum, c'est une page minimum, pour le moment je m'y tiens!^^

     

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    -Comment ça, vous ne pouvez pas savoir où elle est ? Mais vous vous foutez de moi !

    Martha Robbins avait saisi le col de Ed Travers avec fureur et, malgré sa frêle stature, elle réussit à le plaquer contre la porte arrière du wagon. Les cheveux défaits, son visage pâle rouge de fureur, ses yeux bleus lançant des éclairs, elle était une vision impressionnante et Travers n'en menait pas large. Il avait perdu sa casquette, ses lunettes étaient de travers sur son nez, et la cravate de son uniforme pendait piteusement dans le vide. Il cligna des yeux, étourdi, cherchant quoi répondre ; debout lors du choc, il était tombé par terre et s'était cogné la tête.

    -Je ne peux pas...finit-il par réussir à dire. Je ne peux pas le savoir, parce qu'il faudrait relancer toutes les caméras. Il n'y avait que celle de ce wagon qui a été mise en marche lors du départ, et pour brancher les autres, il faut avoir accès au tableau de bord. Sauf que la porte avant de notre wagon, celle qui nous mènerait dans la bonne direction, est visiblement bloquée, je ne peux rien faire !

    -Une minute, intervint un autre passager. Vous voulez dire que vous nous espionniez ?

    Travers leva les yeux au ciel, comme exaspéré par l'attitude ridicule de ces passagers :

    -Nous n'espionnons personne, c'est uniquement pour pouvoir facilement vérifier que vous n'expérimentez aucun problème en cours de route ! Et c'est la seule que nous laissons tourner tout du long, parce que nous n'aimons pas rediriger du courant là où il n'est pas absolument nécessaire !

    -Ca on s'en fout ! Dites moi comment retrouver ma fille ! Je l'ai laissée partir explorer cet engin parce que vous m'avez assuré que c'était parfaitement sûr !

    -Mais c'est parfaitement bon sûr, bon sang ! Elle ne risque rien ! On ne transporte que des marchandises sous scellés, et rien de dangereux, ce n'est pas comme si on convoyait des mines ou des piranhas !

    -Parce que ça vous semble sûr tout ça, à vous ! Le tenant toujours fermement, Martha se servit de son autre main pour indiquer à Travers l'étendue des dégâts.

    Ce n'était pas le chaos, pas encore, mais le spectacle parlait de lui-même. Lors du choc, plusieurs sièges parmi les plus vieux avait été comme déracinés et gisaient au milieu du couloir. Presque tous les compartiments situés sous le plafond s'était ouverts et des piles de bagages étaient éparpillés un peu partout ; leurs propriétaire commençaient à les rassembler et, fort heureusement, personne n'avait pris de valise sur la tête. Même une dame âgée revenait de l'avant et des toilettes qui s'y trouvaient au moment de l'arrêt forcé et elle avait été violemment projetée sur le sol. Sa jambe gauche était tordue selon un angle bizarre, et on craignait qu'elle ne soit cassée ; Ken Marsters, John Horst et un vieil homme qui devait être son mari étaient à ses côtés. Mis à part le bruit des conversation d'une dizaine de passagers à peine encore en état de choc, le silence se faisait entendre, et tous en étaient soulagé après l'horrible plainte métallique qui avait parcouru l'entier du train. Ce dernier ne bougeait plus non plus, immobile au milieu de nulle part, à la surface d’Éclat.

    Mais pour Martha Robbins, tout cela n'avait aucune importance parce que Lucie n'était pas là, et qu'elle ne pourrait pas penser à autre chose avant de l'avoir retrouvée. Elle jeta un regard méprisant à l'adresse de Ed Travers qui se trémoussait pathétiquement sous la poigne de la femme, comme une petite fouine prise au piège. Comprenait qu'elle n'allait rien en tirer elle le libéra, et l'homme entreprit de rectifier sa tenue, un air de fausse dignité blessée sur le visage. La porte devant laquelle ils se tenaient s'ouvrit et Arthur Kent rentra dans le wagon. Il n'avait pas été amoché par le choc ; ses cheveux étaient peut-être un peu plus en bataille encore, mais il était étonnamment alerte étant donné la situation et son caractère timide.

    -J'ai pu avancer un peu dans les wagons, mais je me suis vite retrouvé devant une porte fermée. Je ne pense pas qu'elle soit bloquée, plutôt verrouillée. Elle n'est pas du même modèle que les nôtres. Je me disais que monsieur Travers aurait peut-être la possibilité de l'ouvrir, avec une clef ou quelque chose de ce genre.

    -Vous pouvez faire ça ? lui demanda aussitôt Martha en se tournant brusquement vers l'intéressé, qui eut un mouvement de recul :

    -Peut-être. Je veux dire oui, j'ai un passe, je suis le responsable de ce voyage après tout !

    -Et ça nous a beaucoup servi jusque là : vous n'avez même pas pu contacter les opérateurs !

    -Je n'ai pas pu appeler Grümman parce que ma radio s'est cassée quand je suis tombé. Monsieur Marsters essaie de voir s'il peut la bidouiller pour la remettre en marche. Tant que ce n'est pas le cas, où que la porte avant n'est pas débloquée, je ne vois pas comment nous pourrions comprendre ce qu'il s'est passé, ni ce que nous pourrions y faire !

    -Moi je sais, déclara Martha, déterminée. Je vais aller chercher ma fille.