Une nouvelle -et bien bonne- journée bien remplie hier, pleine d'imprévus très chouettes, ne m'aura pas permis de pondre une page. Je me rattrappe aujourd'hui, avec le passage du jour!^^
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La radio continua de grésiller quelques secondes, guère impressionnées par tous les regards
tournés vers elle. L'air plus concentré que jamais, Ravert entreprit de modifier quelques réglages, espérant clarifier la réception. Une voix finit enfin par se faire entendre, brouillée par des parasites. Le soldat tritura d'autres commandes, et tous purent enfin entendre ce que leur mystérieux correspondant avait à dire :
-...suis toujours coincé dans la cabine. Ici Grümman, le chef opérateur. Est-ce que quelqu'un me reçoit ? Stan, gamin, tu es là ? Qui que ce soit ? Je répète, je suis coincé dans la voiture de tête. Stan , réponds bon sang !
-Ici le soldat Paul Ravert, des forces armées de l'Hégémonie. Je fais partie de l'escouade qui est montée à bord. Je vous reçois.
-Enfin je trouve quelqu'un ! Qu'est-ce que vous avez foutu ? Tout se passe bien de votre côté ?
Adams fit signe à Paul de lui donner la radio, et le soldat la lui tendit :
-Je vous passe notre officier commandant.
-Major Canton Adams. Qu'est-ce qui se passe de votre côté, monsieur Grümman ?
-Content de vous entendre, major. Il ne se passe pas grand chose, à vrai dire. Je n'arrive pas à ouvrir ma porte, mais au moins je suis confortablement installé, et j'ai du café chaud. Je garde un œil sur le tableau de bord, notamment sur les caméras. Je vous ai vu rejoindre les autres passagers.
-Est-ce qu'il y a d'autres caméras qui fonctionnent, monsieur Grümman ?
-Je peux basculer sur d'autres, oui. C'est un des rares systèmes qui fonctionne encore correctement, et surtout indépendamment du reste. Vous avez envie de voir quelque chose de spécial ?
-Peut-être. Restez vigilants, quelque chose me dit que c'est une bonne chose à faire étant donné les circonstances.
-Ouais, on se disait la même chose avec Stan. Vous ne l'auriez pas vu, des fois ? J'essaie de le joindre depuis un moment maintenant, il est sorti avec une radio pour rejoindre le reste du train.
-Sorti ?
-Par le sas de secours. Le gosse ne tient pas en place, et il a du courage... Mais ça commence à m'inquiéter, d'autant que je ne le vois pas avec vous.
-Nous n'avons croisé personne, monsieur Grümman.
-Passez moi ça ! demanda Martha Robbins au major, si impérieuse que ce dernier se surprit à ne même pas hésiter. Merci. Monsieur Grümman ? Martha Robbins. Oui, la blonde, c'est ça. J'ai vu Stan Detroit, plus loin dans le train. Il a pu rentrer, mais il est ressorti pour essayer de trouver un autre sas plus loin encore. Le major et ses soldats l'ont retrouvée depuis, mais à ce moment là nous cherchions ma fille, et votre jeune ami s'est proposé pour nous y aider.
-Ça ne m'étonne pas de lui. C'est bien son genre.
-Il a en effet beaucoup de courage. J'espère qu'il va bien.
-Bah, j'en suis sûr ! Je vais sûrement finir par le repérer sur l'une ou l'autre caméra... Je parie qu'il s'est mit en route pour les machines, tout en cherchant pour votre gamine au passage. Merci pour l'info, madame Robbins.
-C'est normal. Je vous repasse le major.
-Autre chose que je peux faire pour vous, major ? Vous savez, j'étais aussi dans l'armée, il a vingt ans, avant de conduire ce train. J'étais le capitaine Grümman, à l'époque. Je suis toujours de réserve.
-Et bien, capitaine, que diriez-vous de rempiler le temps qu'on règle la situation ?
-A vos ordres, major !
-Pour le moment, vous ferez office d'officier de surveillance. Vous avez de quoi tenir le coup ?
-Il y a à boire et à manger dans la cabine, je n'ai pas à me plaindre.
-D'accord. J'enverrai quelqu'un essayer de vous ouvrir une fois que nous aurons sécurisé la voiture des passagers. Ravert se débrouille très bien avec ça.
-Ne vous stressez pas pour ça, je ne suis pas pressé. Et puis vous avez besoin de quelqu'un à mon poste.
-Appelez-nous si vous repérez quelque chose, ou si vous retrouvez votre ami.
-Bien major ! Capitaine Grümman, terminé.
La radio se tut, et Adams la redonna à Ravert, qui l'accrocha à sa ceinture. Le major se frotta les mains, pensif, et parut prendre une décision. Il s'éclaircit la gorge et leva aussi une man, paume ouverte, pour attirer l'attention :
-Bien, je vais vous demander de tous écouter, merci. La situation est la suivante : nous sommes coincés ici au milieu de nulle part, jusqu'à nouvel ordre. Nous ne savons pas si nous pourrons contacter le complexe d'où nous sommes partis, ni si ils auront les moyens de nous joindre avant qu'ils ne réalisent que nous ne sommes pas arrivés à Haven. Pareil pour cette dernière. Il y a des vivres stockées dans ce train, et de quoi nous tenir chaud. Si la situation n'évolue pas d'ici quelques heures, nous tâcherons de voir si nous pouvons redémarrer le train par nous-même. En attendant, mes hommes et moi assureront votre sécurité, si besoin est. Je vous demanderai de ne pas quitter ce wagon, et de rester vigilants. Nous ne savons toujours pas pourquoi nous nous sommes arrêtés aussi brutalement. Des questions ?
Il prit soin de regarder chacune des personnes présentes. Les Miguel, ensembles, se tenant la main ; Ed Travers, qui ne semblait pas ravi de voir le major prendre les rennes de la situation ; le père Delgado, l'air à peine plus renfrogné que d'habitude, et le père Horst, qui hochait vigoureusement la tête aux dires d'Adams, affichant son soutien ; Arthur Kent et Kenneth Marsters, qui faisaient de leur mieux pour cacher leur air inquiet et les quelques autres passagers, attentifs mais un peu perplexes ; le reste de son escouade, efficaces et prêts à tout ; et, surtout, Martha Robbins, qui ne quittait pas le major des yeux, sa fille à ses côtés.
-Bien, fit-il. Il ne nous reste plus qu'à attendre. Installez-vous confortablement.