Pas de post hier, mais parfois on n'a tout simplement pas le temps! Mais je reprends aujourd'hui, avec une nouvelle page! Tant que je suis capable de m'y remettre, je pense que ce n'est pas trop grave s'il m'arrive de passer une journée sans écrire. En fait, je me dis que le fait d'arriver à m'y remettre même après une pause, c'est plutôt bon signe.^^
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Quelques gloussements agitèrent les soldats, et même le grognon Stuart Moore ne put s'empêcher de sourire. Velázquez faisait de son mieux pour afficher l'air le plus indigné dont il était capable, tout en réussissant à ne rien perdre de sa superbe. Samantha Jones était celle qui avait ri le plus franchement, et elle échangea un regard complice avec Lucie. La fillette se sentait à l'aise en compagnie de l'escouade, et elle était même plutôt ravie d'être tombée sur eux après le choc. Elle se sentait en sécurité avec eux, et le major Adams avait confirmé la promesse que le caporal Velázquez avait fait à la gamine quand il l'avait trouvée, à savoir qu'ils la ramèneraient à sa mère quoi qu'il arrive. Elle n'avait jamais rencontré de soldats avant eux, mais ils ne lui faisaient pas l'impression de redoutables guerriers à l'air sérieux et au maintien raide. ^4Mais elle sentait le professionnalisme dans chacun de leurs gestes, et ils étaient capables de passer de la décontraction la plus totale à un état d'alerte de rigueur en un instant, comme actionnés par un interrupteur. Si l'Hégémonie n'avait aucune présence étrange à craindre ni aucune guerre à mener, elle n'en prenait pas moins le maintien et l'entraînement de ses troupes au sérieux. Ces dernières étaient l'héritage d'une longue tradition débutée bien avant l'arrivée des colons sur Éclat, et elles étaient la représentation de la force et de la stabilité du gouvernement. Et si les soldats patrouillaient rarement dans les rues des complexes et n'intervenaient en public que lors d'événements particuliers comme l'effondrement de la zone sud, ils n'étaient pas moins la cible d'un respect certain. Lucie, elle, n'en avait que très peu croisés, une fois ou l'autre lorsque sa mère et elle s'étaient éloignées de leur vieux quartier -notamment le jour où elles étaient allées retirer leurs sauf-conduits pour Haven- ou au détour d'une retransmission d'une quelconque cérémonie officielle.
Tandis qu'elle les observaient accomplir leur tâche, à savoir progresser vers l'avant du train, Lucie se demandait pourquoi tous ces soldats armés étaient en route pour Haven. Elle n'avait jamais vu autant de personnes ainsi équipées, et ils auraient aussi bien pu représenter une petite armée à ses yeux. De ce qu'elle savait, les militaires étaient censés protéger le peuple, et elle était curieuse de savoir de quoi Haven avait besoin d'être protégé. Toutes les implications qui en découlaient échappaient à la fillette, et ses questions n'étaient que l’œuvre de sa curiosité, aussi n'osait-elle pas les poser directement à l'un ou l'autre soldat. Et puis elle était bien contente de les savoir à bord ; maintenant que le choc de l'accident était passé, elle se sentait bien rassurée en leur compagnie. Il lui suffisait de percevoir la force tranquille qui émanait du major Adams pour se dire que rien ne pourrait lui arriver tant que lui et ses hommes seraient dans les parages.
-Tu as faim ?
Samantha Jones s'assit à côté de Lucie, faisant glisser la lanière de son fusils par-dessus son épaule pour poser l'arme à plat sur le sol, devant elle. Elle sortit quelque chose d'une des poches de sa combinaison et en déchira l'emballage pour dévoiler une barre énergétique à base de céréales. Elle la tendit à Lucie, qui l'accepta de bon cœur ; elle n'avait rien mangé depuis le matin avant l'embarquement à la Grande Gare, et cela faisait un petit moment que son estomac gargouillait, criant famine.
-Merci.
Elle mordit à pleines dents dans l'aliment qui n'avait aucun goût particulier, mais qui lui parut délicieux malgré tout. Elle se mit à le mâcher avec diligence, en appréciant la robuste consistance. Elle avala avec délice sa première morse, et attaque de plus belle, sous l’œil amusé du caporal Jones.
-Et bien, on dirait que ça te plaît. Ça doit être parce que tu n'en a as pas encore l'habitude... Crois moi, ces rations perdent vite de leur charme. La femme tordit son visage en une grimace volontairement comique ; elle n'était sans doute pas considérée comme réellement belle, mais il se dégageait de ses traits quelque chose d'assez doux et délicat pour 1a rendre attirante, d'une certaine façon. Elle invitant à la confidence, et Lucie avait l'impression d'être en compagnie d'une vieille amie, un peu comme une tante qu'elle n'avait jamais eue.
-Est-ce que le caporal Velázquez est toujours... aussi comme ça ? s'enquit la jeune fille, qui voyait bien que Samantha ne pouvait s'empêcher de régulièrement observer l'élégant caporal. Pour l'instant, il devisait calmement et à voix basse avec le major Adams.
-Hein ? Samantha Jones parut surprise, et Lucie crut la voir rougir, avant qu'elle ne se reprenne. Oh, oui. On s'y habitue, crois moi...
Lucie eut l'impression que la femme voulait ajouter quelque chose mais qu'elle n'osait pas aller jusqu'au bout de sa pensée, comme si elle se demandait si c'était là quelque chose de raisonnable. Elle à Lucie la manière dont beaucoup d'hommes s'étaient comportés avec sa mère, Arthur Kent compris.
-Vous l'aimez bien ?
Samantha Jones, pourtant une militaire d'élite entraînée aussi bien que n'importe lequel de ses camarades, fut à nouveau déstabilisée par cette petite fille sortie de nulle part. Sa bouche s'ouvrit une fois, puis deux, sans qu'aucun son n'en sorte. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait bien répondre à ça, et le réalisait n'arrangeait pas beaucoup la situation. Et avant qu'elle ne puisse reprendre ses esprits, un éclat de voix triomphant retentit dans le wagon, et elle tourna la tête vers sa source, soulagée.
-C'est parti!
Paul Ravert contemplait triomphalement la porte, et un léger bourdonnement pouvait se faire entendre là où il avait pu faire repartir le courant. Sungmin lui donna une joyeuse tape sur l'épaule, et Adams hocha la tête :
-Bon travail, Paul.
-Ça ne va pas durer, juste le temps de déverrouiller manuellement le système de fermeture. Mais une fois fait, plus besoin de courant pour passer.
-Alors allez-y, ouvrez la !p
-Bien major !
Ravert s'exécuta, un déclic se fit entendre et le courant mourut peu après. Mais la dérivation avait fait son office, et le soldat put faire coulisser la porte sur le côté, ouvrant le passage et révélant les visages étonnés de Martha Robbins et Kenneth Marsters.