Non parce que bon, à force de jouer aux jeu des trônes, faut bien se détendre! Bref, tout cela est parti d'un délire (né justement à la suite d'une soirée à remater des épisodes de la série avec le drinking game qui va bien) où on a brièvement évoqué ce que pourrait donner une rencontre entre Tywin et Stannis. Et de fil en aiguille, on s'est demandés comment ils seraient, eux, s'ils étaient bourrés. Et du coup, là tout de suite j'ai pas résisté, fallait que j'écrive un truc dessus! Ce qui est chouette, parce que j'écris bien peu ces derniers temps. Oh, et quand je pense que ce que l'on peut considérer comme une de mes premières incursions dans le monde la fan-finction consiste à faire se rencontrer bourrés Stannis et Tywin... Je n'ose pas imaginer la suite! XD
Bref, voici la chose, donc:
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"-Moi j'dis... moi j'dis qu'on n'a pas une vie facile, quand même.
Tywin Lannister ponctua sa phrase en frappant la table de son gobelet d'étain désormais vide, ce qui le rendit plutôt triste. En plus, il n'était même pas en or. Quelque chose lui disait qu'un Lannister se devait de boire dans un verre en or, ou du moins c'était là ce qu'on attendait de lui. On attendait décidément de lui beaucoup de choses. Qu'ils attendant. Pour l'heure, il allait s'en resservir un petit. Il claqua des doigts, et la petite silhouette de son échanson se précipita pour remplir le verre.
-Hééé, m'oublie pas, petite !
Assis en face de Tywin, Stannis Baratheon voulut claquer des doigts, mais il ne réussit qu'à les frotter l'un contre l'autre sans un bruit, et s'y reprit plusieurs fois, sans le moindre succès. D'un geste maladroit, il se saisit néanmoins de son verre une fois celui-ci réapprovisionné, et son esprit d'ordinaire si acérée dut lutter pour reprendre le fil de la conversation.
-Non, pas une vie facile, c'clair, confirma-t-il entre deux gorgées. Pourtant, c'est nous qui nous tapons tout l'boulot, parfaitement. Ah ça, pour parler et comploter, ils sont forts, les gens, mais pour agir, ça non. Sont pas doués.
-Pas doués, répéta Tywin, lui même un peu hébété. Il n'avait jamais été hébété, avant ; c'était là une sensation fascinante. Au moins aussi fascinante que les délicates particules de poussières qui dansaient dans l'obscurité, illuminés par la lueur de la lune qui filtrait à travers le verre épais des fenêtres du grand hall. Tywin se sentait d'humeur poète, ce qui ne lui était pas coutumier non plus. Il eut l'impression que la lune lui adressa un clin d’œil et ça non plus, ce n'était pas normal. Bah, rien qu'une nouvelle lampée ne changerait pas !
-Nan, pa'c'que bon, hein, t'vois, faut bien que des gus comme nous prennent des décisions ! Et quand un gus comme nous prend une décision, et ben les gens, y n'sont jamais contents. Ils râlent tout le temps, les gens, d'abord. Fichue populace.
-Ah, le peuple... Tywin grimaça. Me parle pas du peuple. Les petites gens, c'est rien que des emmerdeurs, si tu veux mon avis !
-Ce sont, le corrigea Stannis. Tout l'alcool du monde ne le détournerait pas du droit chemin de la grammaire. Il voulut froncer les sourcils d'un air sévère, ne réussit qu'à plisser le droit, et s'en contenta, ce qui lui contribua à lui tourner le visage de travers. Ce qui ne changea pas grand chose pour son interlocuteur, pour qui le monde avait basculé trois verres auparavant. Il n'osait pas tourner la tête, des fois qu'il se retrouverait au plafond.
-Oh, me casse pas les noix, j'dis c'que j'veux. J'nique la grammaire, parfaitement. J'la rachète la grammaire, si j'veux, et j'la change, ouais. Chuis un Lannister, j'en ai les moyens !
-J'aime bien ça moi, les noix, lança Stannis d'un air rêveur. Et malgré le silence qui régna soudain dans la salle, il ne put s'empêcher de continuer sur sa lancée : J'ai toujours préféré ça au reste. Les noix, y a qu'ça de vrai. On dit qu'les abricots c'est meilleur mais en vrai, j'ai jamais pu piffer ça, les abricots. J'fais semblant pour plaire à ma femme. Hein qu'c'est dégulu..dégeul...pas bon les abricots, Davos ?
Ser Davos Mervault n'avait manifestement aucune envie d'être appelé à témoin sur ce point précis de la conversation, et ne sut plus ou se mettre devant les regards intrigués qui s'étaient tournés vers lui et Stannis suite à cette histoire de noix. Il avait passé sa soirée à tenir la chandelle entre les deux seigneurs, et il se demandait tristement si la situation pouvait être pire.
-Les noix c'du solide, c'dure ! On peut compter sur les noix, comme j'ai toujours compté sur Davos !
Visiblement, elle pouvait l'être. Pire, donc. Le chevalier aux oignons se maudit intérieurement une énième fois pour avoir proposé le premier toast. Il s'était dit que l'alcool délierait un peu les langues des deux hommes. Trop fiers pour céder face à l'autre, ils avaient passé les trois premières heures de la réunion à se regarder dans le bleu des yeux. Dommage qu'aucun n'ait de barbichette, s'était dit Davos. Quoi qu'il en soit, les premiers verres avaient donné naissance aux seconds et, depuis, disons qu'il y avait eu beaucoup de seconds. Les deux seigneurs avaient manifestement besoin de ventiler. Le poids des responsabilités avait dû finir par craqueler leur armure. Quelque chose comme ça. Davos chercha désespérément de l'aide du regard, mais personne dans l'assemblée n'oserait intervenir. L'échanson haussa les épaules.
-C'là qu'tu t'gourres, mon pote ! reprit Tywin avec vigueur. Faut compter sur personne, Stan ; je peux t'appeler Stan ?
-Comme tu veux Titi.
-Super. Donc t'vois Stan, tu peux compter sur personne. Quand tu fais confiance aux gens, ben ils finissent toujours par te planter un dos dans le couteau.
-Ça doit faire mal. Mais Davos, il a même pas de couteau, je risque rien. Qu'est-ce qu'il ferait, il essaieraient de me poinçonner avec un oignon ? Har har har !
Davos dut lutter pour ne pas rouler des yeux. Il n'aimait pas vraiment voir son seigneur dans cet état mais, à cet instant précis, disons que s'il avait eu un oignon sous la main, il n'aurait sans-doute pas hésité à l'enfoncer dans la bouche de Stannis histoire de limiter les dégâts.
-De toute façon, même avec un couteau, j'pense pas que j'risquerais grand chose, faut dire que Davos, y manque un peu...de doigté, si tu vois c'que j'veux dire !
Tywin et lui s'esclaffèrent de bon cœur, tandis que Davos se renfrogna d'autant plus.
-Allons mon Dada, c'juste une blague ! Stannis voulut lui flanquer une tape dans le dos, manqua sa cible, et se demanda lequel des jumeaux de son homme de main était le vrai. J'déconne, quoi, pa'c'que t'es mon seul copain, en fait.
Les yeux bleus du Baratheon s'embrumèrent de larmes, et il réussit à saisir le col de Mervault, lui soufflant une haleine débordante d'amour et de bon vin au visage.
-Hein qu't'es mon seul pote ? Déjà tout petit, personne y voulait jamais jouer avec moi...
-J'ai jamais joué, moi. Jouer, c'pour les faibles ! Tywin frappa la table de son poing pour ponctuer son affirmation. Même mes gosses, j'les ai toujours empêcher de jouer ensemble, pour pas qu'ils deviennent mous.
-Ça en a pas empêché certains de fricoter, si tu vois c'que j'veux dire.
-T'vas trop loin, là !
Tywin se jeta en travers de la table, balayant les assiettes et les gobelets sur son passage. Il glissa sur quelques mètres de bois solides avant d'atteindre sa cible assise à l'autre bout, et tous deux basculèrent sur le sol dans un fracas de chaises renversées. Ils roulèrent quelques secondes sur la pierre, amalgame pathétique de bras et de jambes. Enfin, ils finirent par se séparer et restèrent coucher sur le dos, haletant, à contempler le haut plafond.
-Suis désolé, mais j'aime pas ça, on me ressort toujours la même histoire...
-Y a pas d'mal... Mais y a qu'la vérité qui baise. Qui blesse. J'veux dire qui blesse.
-Qu'est-c'qu'j'y peux moi, si y en a un qui tronche sa sœur dans les bestibules !
-Vestibules.
-Oh, ta gueule !
-Te plains pas quoi, au moins tes gosses sont pas des dégénérés. T'as déjà vu la tronche de ma fille ?
-Non.
-Bah moi non plus, elle est cachée derrière la mocheté. Elle est comme sa mère celle-là. J'suis sûre que ça sera une grosse frigide.
-C'peut pas être si terrible.
-On voit qu'tu connais pas ma femme !
-T'as p'têt' un nain comme fils, toi, hein ? Non, alors ta gueule !
-Boh, il est très bien le p'tit Tyrion.
-C'pas faux, c'pas faux. En fait, c'est l'plus futé des trois, j'le jure. Et...et j'réalise que j'lui ai jamais dit.
La voix de Tywin se brisa dans un sanglot étouffé, et les deux hommes s'assirent maladroitement avant de se tomber dans les bras.
-Allons, allons, j'suis sûr qu'il le sait, ton gamin !
-J'lui mène la vie dure, c'pour son bien, t'sais !
-Mais oui mais oui, aller, une petite moumouche, ça te fera du bien ! Faut vider son sac !
-Merci, c'est gentil.
-Erk, pas dans ma tunique, c'est pas hygini...hiagin..c'pas propre, quoi !
-Snirfl. Pardon.
Tywin s'essuya le nez d'un revers de manche, et ils s'appuyèrent l'un sur l'autre pour essayer de se relever. Davos dut venir à leur aide, et les deux hommes s'agrippèrent à Mervault, qui dut demander l'aide adroite de l'échanson pour les remettre sur leurs sièges. Ils en profitèrent immédiatement pour redemander à boire, et la petite domestique officia avec rapidité et efficacité. Davos, lui, poussa un profond soupir, et sirota son lait de chèvre. Stannis l'avait bombardé capitaine de soirée une heure plus tôt, prétextant que comme bon, c'tait déjà un cap'taine, t'vois, ben c'tait logique, t'vois, tu fermes ta gueule et tu fais pas chier.
-C'est ça l'truc, on prend toutes les décisions difficiles, et le reste du monde nous le reproche.
-Y fait chier, le reste du monde. J'y chie dessus, tiens, au reste du monde ! Y serait bien dans la merde, sans nous, le reste du monde!
-Bah techniquement, si tu lui chies dessus, il pourra pas vraiment faire autrement.
-T'vois c'que j'veux dire...marmonna Tywin, qui se sentait tout de même un peu mal à l'aise. Ces histoires d'excréments lui rappelait qu'il était un peu constipé ces derniers temps, et il se demandait ce qui allait bien finir par lui relâcher les boyaux. C'que j'veux dire, c'est qu'on passe pour les méchants, alors qu'on veut juste mettre de l'ordre, faut bien faire tourner la boutique.
-Ouais, l'ordre, c'est important, renchérit Stannis, enthousiaste, avant de se rembrunir aussi sec que le demi qu'il venait de s'envoyer d'un coup. Il rota bruyamment.
-Santé ! C'clair. Sans nous, ce serait le bordel. Heureusement qu'on a les couilles de les prendre, les décisions difficiles, parfaitement !
-Ouais, r'fait'ment ! Et du coup, comme on réussit dans la vie, ben les gens, ils sont jaloux. Alors ils nous en veulent, ils compotent...
-Complotent. J'crois que tu veux dire qu'ils complotent.
-Ouais, c'pareil. Puis Stannis s'interrompit soudain, l’œil gourmand : le vin lui donnait faim : c'bon ça, la compote.
-Laisse moi deviner, aux noix ? Tywin lança un clin d’œil à Davos, qui ne trouva pas ça drôle. Heureusement, Tywin revint bien vite sur le sujet qui le préoccupait. De toute façon, les comploteurs, les traîtres, j'les repères tout d'suite moi ! J'ai l’œil, j'ai du nez ! Les espions, les planqués, les déguisés... Y en a pas un qui me passerait devant le pif sans que je le coince tout de suite, j'sais tout, j'suis rusé comme un renard !
Dans le même temps, il tapota l'épaule de l'échanson, et Arya Stark lui remplit une fois de plus son verre.
-T'sûr ? Ils sont doués les espions, des fois. Varys par exemple, il est toujours planqué partout !
-Partout ? En même temps tu veux dire ? Il est super fort !
-Nan mais c'est une métaphore ! C'que j'veux dire, c'est que si y a un type qui s'cache derrière la plante en pot, c'est lui, à coup sûr !
-Qu'est-c'tu crois ? T'es Varys déguisé, hein ? Avoue, lâche ! Tywin commença à tirer sur les cheveux de la gamine, qui réussit à étouffer un petit cri. Nan, c'pas une perruque. T'vois, tout est dans l'pif, j'te dis ! Le Lannister se tapota l'aile du nez.
-Bon, c'pas tout ça, mais j'ai soif, moi !
-Ouais, moi aussi !
-A boire !
Et une fois leurs gobelets remplis, ils reprirent :
-Bon, où c'est qu'on en était, déjà ?
-Nan, c'est «Où est-ce qu'on en était », d'abord...
De son coté, Davos poussa un profond soupir : la nuit allait être longue..."