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Plume de Renard - Page 16

  • Trou noir, trou blanc

    Oh, ce blog existe!

    Oh, une historiette!

    Oh, une exclamation de surprise!

    Il n'y a jamais rien de bien derrière le frigo...

     

     

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    Le front plissé, les yeux à demi fermés comme si vous étiez sur le point de parvenir à une révélation particulièrement importante, vous fixez votre écran d'ordinateur. Ce dernier vous renvoie de son seul regard une expression que vous jurez moqueuse quand la fameuse révélation ne vient pas. Elle n'était ni particulière ni importante finalement ; vous avez juste oublié d'acheter du lait. Ce n'est pas ça qui va vous débloquer, mais vous êtes présentement incapable de penser à autre chose qu'à ce précieux breuvage, qui doit consister en la moitié de votre alimentation depuis quelques mois. Pas de quoi écrire une histoire, vous en convenez tout en effleurant tristement vos lèvres craquelées d'une langue asséchée par le manque de lait. En temps normal, vous saisiriez l'occasion pour vous précipiter dehors à la recherche du fameux liquide, mais aujourd'hui se trouve être un dimanche. Allons bon, encore un ! Ils semblent décidément se donner le mots pour se succéder ces temps-ci. Tel un crépitant impératif narratif, la pluie crépite contre les vitres, et ce sont qui d'habitude vous apaise commence à vous courir sur le système. Pour couronner le tout, la nuit est tombée et vous avez froid malgré la saison, ce qui est toujours mauvais signe. Vous vous demandez si votre pull favori -le gris rayé de noir (ou l'inverse, ce qui constitue un perpétuel débat philosophique sous votre crâne qui a tendance à vous occuper des heures au plus mauvais moment, comme le jour avant celui où vous devez rendre votre dernier manuscrit)- est dans les parages, où s'il étend sa douce chaleur cotonneuse au fond du panier à linge humide. Cela fait longtemps que vous ne l'avez pas vu à bien y réfléchir, mais cela ne vous étonne pas : malgré la petitesse de votre appartement, les choses disparaissent et réapparaissent selon leur bon vouloir avec une fréquence qui ne cesse de vous épater. C'est comme si un trou de ver connectait des espaces insoupçonnés de vos quelques mètres carrés : trou noir dans la salle de bain, trou blanc dans la cuisine, et une chaussette moisie mystérieusement retrouvée derrière le frigo. C'est normal : on ne trouve jamais rien de bon derrière un frigo, voilà pourquoi vous laissez généralement cette zone tranquille.1

     

    Ces déambulations mentales ne vous aident pas, vous dites-vous en poussant un soupir morne auquel répond un bâillement de petit chat, qui somnole dans sa pantoufle. Pour ces bestioles, la vie ne doit être qu'un long dimanche, mais bien plus intéressant que le moindre dimanche humain : tout est beaucoup plus intéressant quand on peut le chasser sans même se soucier de l'attraper. D'ailleurs, il est sans doute temps de changer la caisse de petit chat. Ou de nourrir son appétit insatiable (votre chat est un trou noir et un trou blanc à lui tout seul : tout rentre, tout sort ; à votre connaissance, il n'a pas encore découvert le voyage dans le temps, mais c'est parce qu'il préfère passer son temps à jouer avec les rideaux du salon). Vous souhaitez un instant qu'il s'agisse d'un chien, ce qui vous donnerait l'occasion de le sortir. Ah, non : il pleut, il fait nuit, et il fait froid. Et puis petit chat entretient de toute façon un rapport éminemment conflictuel avec l'extérieur : ce dernier le fascine du moment qu'il n'a pas besoin d'y poser la patte. Il n'y a pas de pantoufles à l'extérieur, ou elles ne sont pas assez confortable. De vos pas traînants, vous faites la navette entre la salle de bain et la cuisine (mais sans passer par le trou de ver, ou alors vous n'avez pas remarqué ; si ça se trouve, les dimanches durent autant de temps parce que vous passez la journée à remonter dans le temps sans vous en apercevoir), et constatez que la caisse a déjà été changée et la bête nourrie. Flûte. Vous ne saurez trop dire pourquoi, mais vous voilà déçu. Un verre d'eau à la main (que c'est triste l'eau, quand le lait est absent), vous reprenez place sur le fauteuil que vous avez converti en la chaise de bureau la plus confortable et mal pratique du multivers. Vous faites danser vos doigts le long des accoudoirs en fredonnant la dernière chanson en date coincée dans votre tête, et qui cogne contre la moindre parcelle active de votre cerveau pour exiger sa sortie après une conditionnelle bien méritée. Évidemment, le morceau n'est pas gai ; ils ne le sont plus vraiment, depuis quelques temps. Vos yeux cherchent désespérément quelque chose d'intéressant méritant leur attention de l'autre côté de la fenêtre, mais il n'y a que la lueur d'un lampadaire. Le long de votre mur, la fissure que vous avez amoureusement regardé grandir depuis votre arrivée dans cet appartement n'est plus là : vous l'aviez colmatée dans un vague élan de ménage printanier (qui n'avait pas duré longtemps ; il s'était déclaré soudainement un glacial jour de février, et il y a bien des choses plus passionnantes à faire un glacial jour de février que de colmater des fissures. Se pelotonner sous une couverture, pieds froids contre pieds froids, par exemple. Qui va les réchauffer maintenant ?).

     

    Bon, il n'y a rien d'intéressant sur internet non plus. C'est étonnant quand on y pense : la quantité d'informations inouïe contenue sur la toile, et après une dizaine de minutes vous avez fait le tour de ce que vous juger important -ou au minimum digne d'intérêt- et vous passez le reste de la journée à rafraîchir encore et encore les mêmes pages, des fois que quelque chose de neuf s'y glisserait sournoisement. Rien ne se glisse non plus -sournoisement ou pas- à la suite des quelques mots qui noircissent votre page de traitement de texte. Allez, il est temps de faire un effort ! Vous jurez entendre vos doigts rouillés craquer tandis que vous frappez mollement une touche ou l'autre. Il y a des jours où l'inspiration vous paralyse comme si vous vous attendiez à ce que les touches dévorent vos doigts boudinés de mots comme des piranhas affamés d'information. Et d'autres où les mêmes doigts s'y collent comme de la mélasse. Du coup, vous vous demandez combien de temps des piranhas pourraient survivre dans de la mélasse. Curieusement, le sacro saint internet ne fourmille pas de réponses sur la question (les scientifiques ne sont décidément pas si exhaustifs qu'ils veulent le faire croire!). Par contre, vous trouvez une nouvelle vidéo rigolote avec un perroquet, un patin à roulettes et trois barbes à papa. Du genre que votre mère vous envoie régulièrement attachés aux mails qu'elle vous envoie régulièrement. Tiens, d'ailleurs, auriez-vous un message ? Ce serait chouette ça, un message ! Un sujet direct auquel répondre, pas une dissertation libre dans laquelle laisser errer votre esprit ! Vous n'avez vérifié que dix ou onze fois aujourd'hui, on ne sait jamais, quelqu'un aurait peut-être eu un fait capital à vous faire parvenir dans l'heure qui vient de s'écouler ! On renverse des régimes en moins de temps que ça, peut-être qu'une révolution sanglante est en train de se dérouler sous vos fenêtres en ce moment précis et que vous n'êtes pas encore au courant (vos fenêtres sont très bien isolées, il faut leur reconnaître cette qualité) ! Ou peut-être s'agit-il d'une nouvelle note de votre éditeur, qui vous réussit toujours à vous remonter le moral (sauf lorsqu'il écrit pour vous faire part du petit détail -oh, rien d'important, trois fois, rien, une bête erreur d'inattention sans doute, ne vous inquiétez pas- page sept qui remet en question l'intégralité de votre trame soigneusement établie sur plus de trois cents pages. Non, ces mails là vous donne envie de courir tête la première contre un mur) ! Et bien non. Pas même le moindre spam. Ce qui vous aurait permis de remettre à niveau les protection de votre vieil ordinateur. Il ne faut pas perdre de temps avec ces machins, ou on s'en mord les doigts après qu'il soit trop tard ! Et vous vous y connaissez. Vous vous les mordez tous les jours depuis la dernière discussion.

     

    Il y avait des bons jours, pourtant. Du moins vous semblait-il. Vous aligniez deux, trois pages en vitesse de croisière, vous sortiez au soleil, vous bavardiez avec Kevin une manette à la main, vous buviez un verre avec la serveuse de ce petit bar sympa après son service. Mais, au fond, rien qui permette d'écrire la moindre histoire digne de ce nom. Après tout, vous avez déjà clos le chapitre de votre meilleur opus, même si ce n'est pas vous qui l'avez écrit. Pas tout seul en tout cas. Si cela n'avait tenu qu'à vous, vous auriez fait autrement. Vous auriez fait autrement tout court d'ailleurs. Sur bien des points. Il n'y a jamais assez de notes de bas de page... Mais ce n'est pas comme si pouviez la rééditer de toute façon, et aucun auto correcteur n'aurait été d'une grande aide (vous aimeriez bien être doté d'un auto correcteur adapté à votre vie d'ailleurs ; même au risque de situations cocasses imprévues, comme vous retrouver à contempler le dernier testicule de votre artiste préféré plutôt que son dernier opuscule2). Dehors, il pleut toujours et rien ne se produit de digne d'intérêt. Tout pour vous divertir plutôt que de contempler l'une ou l'autre histoire : celle qui stagne sur votre ordinateur, ou l'autre. Peut-être sont-elles liées dans leur stase : trou noir, trou blanc, et du vide entre les deux, sans cesse et sans cesse bloqué dans une courbe fermée dans le temps. Ou quelque chose comme ça (vous avez lu un article là-dessus il y a peu, ce qui est l'équivalent d'avoir une chanson en boucle coincée dans la tête). Autant commencer à vous documenter sur la physique quantique, aujourd'hui n'est pas plus un mauvais jour qu'un autre pour commencer ! La solution du voyage dans le temps est peut-être là, tout près, à votre portée... Ce concept vous obsède bien plus que la trame de votre roman en cours. Vous ouvrez une page sur le sujet au hasard, manquez tourner de l’œil (non pas vous évanouir, mais physiquement tournez vos yeux dans vos orbites sous l'effort de comprendre les termes et diagrammes barbares qui s'affichent ; vous ne comprendrez jamais rien aux mathématiques, surtout quand ils ne s'embarrassent même pas du moindre nombre), la refermez et retournez vous servir un verre d'eau. La caisse est toujours propre, l'écuelle toujours à moitié pleine, et vous avez un vague sentiment de déjà vu dans la bouche (le goût ressemble un peu au lait de soja, soit au goût d'un morceau de carton qu'on aurait trempé au fond d'un verre de lait ; si, si, vous l'assurez). Vous le mâcher et l'avaler en vous forçant un peu, par dépit plus que par nécessité. C'est fou ce que l'on ne peut pas faire en un jour, surtout quand il passe comme trois. Au moins. Et il n'y a même plus de vaisselles à faire ! C'est encore plus propre -et plus rapidement- lorsqu'il n'y a plus que deux mains. Elles n'en ont plus à tenir, faut bien qu'elles s'occupent. Elles pourraient tout aussi bien s'occuper à travailler un peu, vous dites-vous en vous remettant à écrire. Parfois, il suffit de forcer un peu pour que ça passe, ce qui vous rappelle une blague grivoise de Kevin et vous donne envie d'aller vous lavez les mains. Après tout, des doigts propres écrivent mieux, c'est prouvé non ? Après une autre brève recherche, rien là-dessus non plus (vraiment, que fait la communauté scientifique?). Finalement, la procrastination c'est un peu voyager dans le temps : on avance pour se retrouver au point de départ. Et parfois avant même d'avoir commencé.

     

    C'est fascinant comme tout le devient une fois qu'il n'y a plus rien d'autre. C'est une ombre sur le mur, une retraite confortable au fond de la caverne, là où il y a de préférence un thé bien chaud. Tout s'affronte bien mieux un thé bien chaud à la main (ce n'est pas l'assaillant meurtrier hurlant de douleur après s'en être pris en plein visage qui vous dira le contraire). C'est une bonne idée, d'ailleurs ! Vous vous levez d'un coup, excité à l'idée d'aller faire du thé dans la cuisine comme un enfant à la perspective de monter sa première boîte de légos (avant de marcher dessus sans faire exprès le lendemain au saut du lit). N'est-ce pas là un but noble, dont la saveur semble déjà monter le long de vos papilles et la fragrance le long de vos narines ? Vous mettez l'eau à chauffer avec l'enthousiasme un peu dément de celui qui a oublié ce que c'était, et attendez fiévreusement le sifflement de la bouilloire électrique (qui ne fait même pas sauter les plombs cette fois-ci, hourra!). Une boule à thé remplie de son trésor, du sucre brun, il ne manque qu'un ingrédient pour compléter à merveille le breuvage, celui sans quoi ce thé particulier ne peut pas être entier, et qui rend la vie complète ! Ce dont vous avez besoin pour vous lever le matin et vous coucher le soir ! Ce qui fait de votre vie une aventure pleinement partagée ! Vous ouvrez le frigo, et contempler l'intérieur vous rappelle soudain une triste réalité que vous avez trop souvent tendance à oublier depuis quelques temps : il n'y a plus de lait. Vous vous laissez glisser le long du réfrigérateur, une tasse inutile à la main, petit chat venant s'installer sur vos genoux avec autant de curiosité que de réconfort dans sa voix étonnamment puissante pour sa taille. Vous hésitez entre un profond soupir et un rire nerveux, faute de mieux, tandis que vous vous passez une main sur le visage. Dans l'autre pièce, au bout du petit couloir encombré, l'écran bleuté de votre ordinateur continue de vous narguer. Il n'y a jamais rien de bond derrière le frigo, et il arrive même qu'à l'intérieur non plus (même le reste de riz dans son plat en plastique vous avait paru particulièrement patibulaire). A quoi bon un thé sans son lait ? Surtout lorsqu'il s'agit de votre favori. Il est sans doute parti dans un autre frigo.

     

    Trou noir, trou blanc.

     

    1On ne trouve jamais rien derrière le frigo, et c'est prouvé : c'est bien pour ça qu'on le laisse contre le mur. CQFD.

     

    2Ce sont des choses qui arrivent.

     

  • Brooklyn Nine-Nine S01E02

    Et hop, une petite review du second épisode! Peut-être sera-ce là un exercice régulier! :)

     

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    Brooklyn Nine-Nine S01E02 : The Tagger

     

    Si l'épisode pilote est là pour faire office de grande portée d'entrée dans le monde d'une nouvelles séries, les quelques épisodes qui suivent sont là comme autant de petites portes dans le hall pour nous permettre de découvrir d'autres facettes de cet univers tout neuf. Le second épisode se doit généralement de bâtir sur les fondations de son prédécesseur non pas en prenant tous les risques, mais en affinant et présentant plus en détails les points forts de son aîné. Dans cet esprit de continuité, le deuxième opus de « Brooklyn Nine-Nine » remplit fort bien son cahier des charges.

     

    La dynamique entre le détective Peralta (Andy Samberg) et le capitaine Holt (Andre Baugher) est toujours au centre de la série, quand nos deux héros font équipe pour attraper un jeune tagueur qui scribouille sur les voitures de police de la ville. Lorsque l'accusé se trouve être une personne à l'influence capable de mettre à mal la carrière de Peralta, ce dernier se retrouve face à un choix : faire son boulot de flic sous l’œil approbateur de son capitaine, ou se défiler et donner une carte « sorte de prison » à celui qu'il a coffré pour être sûr de conserver son poste actuel. Au final, il est agréable de voir Peralta et Holt faire front commun face à un ennemi supérieur en sa fonction. Les différences de ces deux personnages sont aussi capitales que ce qui les rapproche. Ce qui n'enlève rien aux rires provoqués par leur opposition de caractères : le très sérieux et à cheval sur le règlement capitaine Holt n'a pas encore fini de lutter contre les frasques infantiles et le laxisme de Peralta (qui reste un détective doué, cela vaut la peine de le remarquer).

     

    L'autre partie de l'épisode se concentrer sur les révélations d'une voyante introduite à la station par Gina (Chelsea Peretti), l'administratrice civile du poste. Présidant un amour impossible au détective Boyle (Jo Lo Truglio) qui n'a d'yeux que pour la farouche détective Diaz (Stephanie Beatriz), elle le plonge dans la détresse. Boyle est encore un personnage assez incertain, dans le sens où il est difficile de dire si l'acteur en fait trop ou si le personnage a de quoi dépasser le cliché du clown malgré lui et maladroit. Le reste du casting est utilisé avec parcimonie mais justesse, continuant d'établir le caractère des personnages avec un minimum de mise en avant pour un effet plutôt réussi. Et la galerie de personnages -jusqu'aux plus secondaires- et la mise en scène de l'humour continuent d'évoquer une sorte de « The Office » en milieu policier.

     

    Quant à l'humour, il reste efficace. Il lui arrive d'être maladroit ou d'être utilisé un poil à mauvais escient, mais c'est surtout le cas parce que la série est encore en train de trouver ses marques. Il y a néanmoins de quoi faire rire plusieurs types de spectateurs, de l'humour visuel à l'absurde en passant par des répliques bien sorties. Le jeu des acteurs sert l'ensemble, chaque acteur conférant à son personnage quelque chose d'unique. Mentions spéciales pour Terry Crews qui continue de briller à travers son sergent Jeffords même si on le voit plus, à Chelsea Peretti pour la très bizarre Gina et à Baugher pour son capitaine Holt très pince-sans-rire qui joue à merveille de son décalage avec les autres (notamment Samberg et son Perlta).

     

    Bref, « Brooklyn Nine-Nine » continue de poser ses marques sans s'éloigner de ce qui a été présenté dans le pilote. L'absence de risque n'est pas encore pénalisante, et il ne tient qu'à la série de faire fructifier ses personnages et son humour, à travers un rythme qui ne pourra que gagner à être plus maîtrisé dès que la série aura véritablement trouvé ses marques et sera prête à prendre plus de risques pour vraiment se démarquer (ce qui lui manque encore pour le moment). A suivre donc, et le potentiel est toujours aussi présent pour faire de cette émission un véritable petit bijou d'humour à la télévision !

     

    Note : 7.5/10

     

  • Brooklyn Nine-Nine: Pilot

    Et on continue avec les séries!^^

     

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    Brooklyn Nine-Nine : Pilot

     

     

    Cela fait quelques temps déjà que j'entends parler -en bien- de « Brooklyn Nine-Nine », une nouvelle série débutée en septembre 2013. Du coup, profitant du creux actuel côté séries (pas mal d'entre elles s'interrompant brièvement durant le mois de janvier), j'ai finalement décidé de m'y mettre, et je vais parler ici de l'épisode pilote de cette nouvelle série atypique.

     

    « Brookly Nine-Nine » suit les aventures d'une brigade de policiers fictive de Brooklyn, mais ne vous attendez pas à une série procédural classique. Non, il s'agit avant tout d'une comédie matinée d'éléments d'enquête, qui s'attarde plus sur les personnages et leurs caractéristiques que sur le véritable travail de détective. Dans ce premier épisode, nous faisons la connaissance de Luke Perlata (Andy Semberg), le jeune détective le plus doué de la brigade qui se trouve également être un véritable homme enfant, incapable de prendre quoi que ce soit au sérieux. Et lorsqu'un nouveau capitaine est nommé à la tête de l'équipe, il se retrouve face à un supérieur bien décidé à le faire rentrer dans le rang, le capitaine Ray Holt (Andre Baugher). D'autres détectives sont également présentés : on y trouve le cliché de la femme flic décidée à faire ses preuves et un peu coincée Amy Santiago (Melissa Fumero), celui de la femme d'action colérique et ombrageuse Rosa Diaz (Stephanie Beatriz), le maladroit et gentil Charles Boyle (Joe Lo Truglio), l'administratrice bizarroïde Gina Linetti (Chelsea Peretti) ou encore le sergent Terence Jeffords (Terry Crews).

     

    Le casting est bien choisi, et si les personnages sont clichés, ils le sont de manière efficace, et il faut peu de temps pour s'attacher à la plupart d'entre eux. Ce qui semble être la dynamique principale de la série touche à la relation entre l'infantile mais doué Peralta avec son nouveau capitaine Holt, plus à cheval sur le règlement et la bonne conduite. Mais plutôt que d'en faire deux ennemis, la série opte pour une approche plus rafraîchissante, où les deux hommes finissent rapidement par voir les qualités de l'autre tout en restant très différents et prompts à se heurter. Semberg fait du bon travail avec le rôle de Peralta, nous livrant un personnage certes agaçant -tel est le but- mais pas au point de donner envie au spectateur de le voir disparaître dans d'atroces souffrances. Et créer un personnage à la fois agaçant et au potentiel attachant n'est pas toujours une mince affaire ; pour l'instant, le pronostic est positif. Quant à Baugher, il incarne à merveille le capitaine Holt. Sa présence à l'écran apporte une certaine gravité à cette série légère, et il n'hésite pas non plus à jouer le jeu des personnages qui l'entourent, ne détonnant nullement par son sérieux et étant lui-même capable de susciter les rires des spectateurs (notamment via une scène flash-back qui aura réussi à me faire éclater de rire, ce qui ne m'arrive pas tant que ça devant une série et ce même quand je la trouve drôle). Quant à Terry Crews, dans le rôle du sergent Jeffords, il se révèle une véritable découverte au potentiel comique insoupçonné lorsqu'on pense à son passé d'acteur de bon gros films d'action : son sergent baraqué crevant de trouille à l'idée de retourner sur le terrain depuis la naissance de ses enfants semble promis à un bel avenir !

     

    Dans le format (des épisodes de vingt minutes, format comédie sans rires préenregistrés, au contraire des sitcoms), « Brooklyn Nine-Nine » se veut rythmé, léger et drôle. Pari réussi, avec un humour qui fonctionne très bien! Parfois absurde, parfois situationnel, parfois visuel ou parfois dans ses dialogues, il y en a un peu pour tous les goûts sans jamais être trop gros. Un usage intelligent des flash-backs dynamise la narration, et le format de la série rappelle les faux documentaires à la « The Office ». D'ailleurs, pas mal d'éléments rappellent cette dernière, que ce soit dans la réalisation, l'humour, les situations, l'ambiance ou encore le cadre. On a l'impression de voir une sorte de « The Office » mais dans une brigade flics, tout en gardant une patte propre. C'est vraiment drôle, les personnages sont certes clichés mais possédant tous du potentiel, et le format est assez atypique et bien amené pour qu'on ait envie d'en voir plus.

     

    Bref, si je me fie à ce premier épisode (et ce n'est pas toujours évident de faire un pilote réussi, étant donné qu'ils doivent présenter l'ensemble et le ton de la série en peu de temps ; pari réussi pour celle-ci), « Brooklyn Nine-Nine » s'apparente à une petite bouffée d'air frais dans le monde des séries policières. On rit beaucoup, on s'attache vite à quelques personnages, et on se laisse emporter par la folie douce qui règne au cour de cette brigade. Si le ton et les promesses de ce pilote continuent dans les futurs épisodes, je crois pouvoir dire sans me tromper que cette série pourra vite être amenée à devenir un classique du genre !