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Plume de Renard - Page 61

  • Genèse, le remake

    Réactualisation de vieilles idées et de concepts qui me trottent depuis longtemps dans la tête concernant la création de mon propre monde fantastique. Le texte qui suit, tout neuf, réactualise un texte datant de nombreuses années. Le sujet est le même, les idées de base aussi, mais l'ensemble a profité de toute une réflexion afin de le remettre en mots mieux que jamais.

     

    Là aussi, si je suis inspiré et que je reste motivié, j'aimerais bien continuer à m'y mettre régulièrement, ne serait-ce que parce qu'il y a encore beaucoup de choses concernant Iqhbar que j'aimerais mettre en mot. ^^

     

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    Iqhbar: La Genèse


    "Au début, il n’y avait rien. Bon, techniquement, il y avait bien quelque chose, mais il n’y avait pas encore de mots pour le nommer, et puis partir de rien a toujours donné un certain cachet aux histoires de créationnisme. Personne n’a envie d’apprendre que son monde n’était qu’une boule de poussière dans laquelle un être suprême s’est cogné le gros orteil un lendemain de cuite. Si l’être suprême ne l’a pas lui-même mise au four de la création pour en faire une boule, il n’y a là guère de gloire. Voilà pourquoi il est plus commode de dire qu’au début, il n’y avait rien (ou alors peut-être un très gros four). Et le problème du rien, c’était que sans quelque chose à l’aune duquel se définir, et bien il n’était pas grand-chose. Peut-être est-ce cette prise de conscience qui généra spontanément l’univers, ou alors ne s’agit-il là que des caprices du hasard cosmique. Toujours est-il que du néant émergèrent matières, formes et mouvements. En comparaison, il était maintenant capable de comprendre le rien. L’ironie étant qu’il n’avait du coup pas pu survivre à la compréhension de son concept. Bref, d’un rien à la fois petit et immense car il était tout, on était maintenant arrivé à un gros bordel. D’aucun persistent encore à croire que ce fut une belle boulette de l’univers et que ce dernier s’en serait bien mieux tiré sans exister, mais ce ne sont là que des divagations de négationnistes. De grands frustrés, si vous voulez mon avis !

     

    Donc, il n’y avait rien et puis après, il y avait quelque chose. Difficile de dire si tout ce quelque chose est apparu spontanément comme une colombe sous le chapeau de l’univers, où si ce dernier s’est constitué petit à petit. Beaucoup, tièdes, diront « un peu des deux »et pour une fois ils n’ont sans doute pas vraiment tort. Le passage d’un état à l’autre a dû être soudain, la première molécule venue faisant d’un coup basculer le statut quo. Ensuite, à partir de cette molécule (qui n’avait rien demandé à personne) ou d’autre chose, le reste ne s’est pas construit en un jour. Mais il s’est bâti malgré tout, à son rythme, prenant son temps à coup de longues accumulations de matière ou par sursauts rageurs, faisant voler les supernovas. Toujours est-il que ce qui était un coin plutôt tranquille s’est vu devenir bruyant (métaphysiquement, car il n’y a bien que la métaphysique pour faire du bruit dans l’espace) et engorgé, un peu comme le quartier du coin pendant la construction d’un vulgaire rond-point. Il y eu des étoiles, des comètes, des satellites, des trous noirs, un tas de phénomènes auxquels on n’a jamais donné de nom car n’ayant jamais pu être observés ou étant tout simplement partis dans une autre dimension plus accueillante et, ce qui nous intéresse tout particulièrement, il y eu des planètes. De toutes les tailles, de tous les types, mais toutes sphériques et répondant à des lois relativement barbantes qu’il n’est pas de mon domaine d’expliquer. On a beau dire, lorsqu’il s’agit de science, l’homme comme l’être supérieur manquent singulièrement d’imagination. Enfin, des planètes, donc, et il en est une dans ce sac de billes intersidérales qui nous intéresse tout particulièrement : celle que, bien longtemps après sa création, on appellera Iqhbar (enfin, entre autre chose ; disons qu’il s’agira du plus répandu et du plus prononçable, même si pour une peuplade des profondeurs d’une des jungles d’Ostrie il s’agit encore de Jnmga’kkk, se devant d’être prononcé en faisant trois tours sur soi-même pour ne pas le confondre avec une insulte mortelle).

     

    Iqhbar a donc commencé sa vie de planètes comme la plupart de ses consoeurs : en étant ronde, grisâtre, désertique et en tournant sur elle-même ainsi qu’autour d’un soleil. Rien de palpitant dans tout cela, ni rien ne prédestinant le monde foisonnant de vie qu’elle aura fini par devenir. Juste un caillou de plus, pas vraiment petit, mais pas vraiment gros non plus. Rien de fantasque, pas même le moindre anneau planétaire pour briller en soirée. Uniquement une surface cabossée et sans couleurs se déroulant à perte de vue et un ou deux volcans pour les formations rocheuses les plus audacieuses. Autant dire qu’on ne sait pas ce qui a bien pu les attirer là, et sans doute ne le saura-t-on jamais. Mais ce furent ce monde qu’elles choisirent. Oh, peut-être en ont-elles choisi d’autres dans l’univers, mais le monde sur lequel nous sommes apparus présente logiquement bien plus d’intérêt.

     

    Depuis longtemps, elles erraient. Même si là encore, le terme n’est pas vraiment bien choisi. Il serait plus juste de dire qu’elles erraient depuis toujours, mais le vide ayant alors cette prérogative, on s’est contenté d’imaginer que ça faisait un bail. Un sacré bail, même. D’où vinrent-elles ? Comment étaient-elles apparues ? Tout simplement, qu’étaient-elles ? Trouver les réponses à ces questions se révèle aussi impossible qu’à celles concernant la véritable naissance de l’univers. Et puis peu importe leurs origines, quand tout ce qui compte fut qu’elles croisèrent la route de ce caillou insignifiant qu’est aujourd’hui notre monde. Qui ne devait pas être si insignifiant que cela étant donné qu’il retint leur attention. Oui, elles… D’autres auraient pu les appeler dieu ou théorie de ceci ou cela ou leur donner bien d’autres noms encore, mais personne ne l’a jamais fait. L’idée même de les nommer a toujours semblé irréalisable à ceux qui connaissaient leur existences. Elles étaient… elles, tout simplement. Un pronom féminin, sans doute associée au don de la vie et de la création. Je ne saurais dire à coup sûr. Toujours est-il qu’elles existèrent, et qu’elles choisirent notre monde.

     

    Elles parcouraient les galaxies et sillonnaient l’univers tel un banc de dauphins du cosmos, pleins de vie et curieux de tout. Elles assistèrent à la naissance de soleils et à la mort d’étoiles. Elles contemplèrent la formation d’un trou noir et celle de toute une galaxie plus d’une fois. Elles écoutèrent l’écho du son originel, de la première chanson universelle et glissèrent le long d’énergies étranges et inconnues. Chaque nouvelle forme, chaque nouveau phénomène, même aussi infime que la découverte d’une nouvelle molécule, était pour eux source d’un émerveillement sincère et d’une joie sans bornes. Elles n’en perdaient pas une miette, transmettant informations, sensations et souvenirs à leurs semblables. Peut-être finissaient-elles, un jour, par mourir, s’éteindre, mais leur conscience survivait à travers la mémoire –là encore à défaut d’un autre mot- de leurs sœurs. Elles étaient un tout, mais chacune était unique. Et il en est parmi elles qui observèrent la naissance d’Iqhbar et qui, au lieu de continuer leur chemin sans fin, s’arrêtèrent. Je n’y vois aucune raison particulière si ce n’est qu’il leur fallait bien commencer quelque part. A mon sens, penser le contraire ne serait que se bercer d’illusions, de même que de prêter des sentiments, des motifs humains à ce qu’elles étaient. Et celles qui s’étaient arrêtées pour contempler notre monde avaient envie de pousser l’expérience plus loin encore. Toujours elles n’avaient été que les spectatrices, et maintenant qu’elles avaient pleinement atteint cette conscience de soi, cette conscience d’exister, elles voulurent agir. De jouer avec ces particules et ces éléments, de ne plus regarder mais de les manipuler, d’aller au plus profond de toute chose et de les modifier.

     

    A cet égard, n’importe quelle planète vierge aurait fait l’affaire, mais c’est Iqhbar qu’elles choisirent. Comme je l’ai déjà dit, sans doute sans la moindre raison particulière. Longtemps, elles expérimentèrent, agencèrent, modifièrent jusqu’à la composition même du monde. Terrain de jeu pour entités cosmique, il leur permit d’apprendre, de se tromper et d’apprendre plus encore. On pourrait même imaginer que ce ne fut pas leur premier essai, que d’autres mondes avant celui-ci avaient attiré leurs esprits. Toujours est-il qu’à notre très infime connaissance, Iqhbar fut celui où elles s’impliquèrent le plus. Jusqu’à ce que, un beau jour (enfin, probablement pas, il devait sûrement y avoir une tempête de lave ou un orage d’azote), la vie finisse par apparaître. Et une fois de plus, nous ne pouvons que nous perdre en conjectures quant à son origine réelle. Il est évident qu’elles y furent pour quelque chose, mais de là à les assimiler à des êtres divins capables de créer la vie à partir de pratiquement rien et un peu de pas grand-chose… Je me plais à penser que notre situation de départ n’est pas unique, qu’elles avaient –elles ou de leurs semblables ou ancêtres- rencontré la vie au cour de leurs voyages. Et qu’elles ont contribué à l’insuffler en Iqhbar dans le but d’enfin faire réellement partie de ce cercle de la vie. Depuis des temps immémoriaux elles avaient contemplé le spectacle puis contribué au décor, maintenant elles avaient envie d’en comprendre les devants de la scène et d’influencer les premiers rôles. Curieuses et enjouées, elles s’émerveillèrent une fois de plus de l’apparition de cette vie, une vie qu’elle sentait couler en elles parce que cette fois-ci, elles n’étaient pas étrangères à son développement.

     

    Ce fut le début d’une nouvelle et incroyablement longue période de temps où leur influence se répandit à la surface et dans les profondeurs d’Iqhbar. Qui sait combien de merveilles ont-elles contribué à créer ? Combien d’écosystèmes et de formes de vie ont-elles regardé s’épanouir, guidées par leurs connaissances issues d’un éternel voyage à travers l’univers ? Elles s’enhardirent, désireuses de voir cette vie prospérer et, plus que tout, capable de créer elle aussi. C’était sans doute pour elle le summum de la création que de permettre à ses enfants d’être les créateurs à leur tour. Et c’est ainsi, du moins je le pense, que la conscience s’éveilla pour la première fois parmi des êtres vivants partout sur Iqhbar. Alors que le monde se modifiait, que ses continents bougeaient et que ses montagnes tremblaient, les premiers peuples prirent conscience de leur existence. Ravies, elles les observèrent atteindre   -à une échelle infiniment plus petite- ce même état d’esprit. Beaucoup attribuent ensuite la diversité des espèces conscientes peuplant actuellement notre monde aux influences divergentes de plusieurs d’entre elles, désireuses de concevoir plusieurs manières de vivre cette conscience nouvelle acquise. Ce qui est certain, c’est que toutes nos races et tous nos peuples descendent de ces premiers êtres conscients, nés du plaisir simple de contempler la vie dans toute sa diversité. Et il ne serait pas non plus idiot de voir en la magie l’empreinte de leurs actions à elles, infimes courants de leur puissance. Elles nous éveillèrent à la vie, nous offrirent la magie, et donnèrent à notre monde tout son potentiel.

     

    Mais il serait faux de dire alors qu’elles ont fait de notre monde ce qu’il est aujourd’hui. Car elles n’ont plus agi qu’une seule fois depuis l’éveil de notre conscience et la diversité des premiers peuples. Après avoir réveillé les formes de vie qu’elles avaient aidé à s’épanouir, elles surent qu’elles avaient accompli leur voyage dans la recherche et la modification de la vie. Dès le moment où nous fûmes capables de réfléchir par nous-mêmes, elles nous laissèrent le relais. C’était à nous de nous débrouiller, maintenant, et c’est nous qui avons fait d’Iqhbar ce qu’il est de nos jours. Elles n’avaient plus qu’à contempler le fruit de leur labeur planter ses propres graines, comme elles l’avaient peut-être déjà fait tant d’autres fois dans le passée, dans tant d’autres galaxies. Et puis elles avaient encore tellement de choses à voir, tellement de phénomènes devant lesquels s’émerveiller et de connaissances à partager qu’elles reprirent leur voyage.

     

    Et c’est là, à ce moment précis que nous pouvons dire qu’Iqhbar était née."

     

    Inus, le Scribe qui a toujours été

  • Tony est beau, Sid a un bonnet et Jal joue de la clarinette.

    Aujourd'hui, un petit exercice différent de ce que je poste ici d'habitude. Une amie m'a récemment fait découvrir la très chouette série "Skins", et comme je viens d'en débuter le visionnage depuis le début, ça m'a semblé idéal pour en faire une chronique. Histoire de concilier mon amour de l'écriture et de celui des séries dans le but d'en faire cette sorte de chronique/pas à pas du premier épisode de la série. Plusieurs idées m'étaient venus sur ce que je pourrais bien raconter sur cet épisode, et j'ai donc décidé de tenter l'expérience ici. J'me suis assez amusé, et si  je ne sais pas encore si réiterai l'expérience, j'avoue que c'était pas mal de faire un truc un peu différent.

     

    Bref, en espérant que ça vous plaise!^^ Et pendant que j'y suis, je raconte l'épisode, donc attention, article SPOILER!

     

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    Skins S01E01 (Episode Pilote: "Tony")

     

    Tony est beau, Tony est costaud. Et en plus il a de belles dents blanches et de beaux cheveux. Bref, Tony est agaçant. Particulièrement pour ceux qui, au réveil, ressemblent plus à une expérience en laboratoire sur la mousse des forêts qui aurait mal tourné qu’à un jeune éphèbe sans complexes. Bref, Tony a la classe, et il le sait. Mais la classe, ça s’entretient, et le voilà en train de faire sa musculation matinale au saut du lit, non sans avoir au préalable épié sa voisine en train de se changer derrière ses fenêtres. Bref, le soleil dispense ses rayons dans le ciel radieux de Bristol (première indication que nous nous retrouvons bien dans une fiction), et notre héros continue d’entreprendre ses rituels matinaux. A savoir distraire ses parents pour permettre à se jeune collégienne de sœur ayant découché de rentrer ni vu ni connu et boquer la porte des toilettes pour le seul plaisir de faire grimper la tension de son père. A noter que Tony n’est pas que beau et costaud : il a aussi un cerveau et lit des livres au nom latin sur les toilettes. Récapitulons donc : nous voici en présence d’un  adolescent au physique gracieux qui réussit chaque matin avant d’aller en cours à faire sa muscu, mater la belle voisine en face de sa chambre, lire un bon bouquin, faire sa toilette, déjeuner et mener son père au bord de la rupture d’anévrisme. Si à ce stade là, vous n’avez pas encore envie de lui flanquer une baffe dans son visage dépourvu du moindre menton, c’est que vous êtes vous-même construit sur le même modèle ou une midinette écervelée. Et dans ce cas, je vous prierais poliment d’aller voir ailleurs, peut-être un blog avec des photos de chatons.

     

    Mais revenons à nos moutons, euh, ados. Tony se retrouve donc sur le chemin de son lycée (public, parce qu’il ne porte pas d’uniforme. De toute façon, Tony n’en a pas besoin pour être classe. Tout lui va.) et en profite donc pour dégainer le gadget indispensable du jeune : son portable. Il en profite pour appeler sa copine canon (vous vous attendiez à quoi ? Quel tombeur, ce Tony ! Vous êtes sûr que vous ne voulez pas la lui flanquer, cette baffe ? Voir lui chiffonner sa petite coupe de cheveux classe ? ), Michelle, en train de se maquiller vêtue d’une serviette de bain autour de la taille, une autre enroulée autour de sa crinière. Car là où Tony fait de la muscu et se cultive, Michelle passe sa matinée à s’habiller et se maquiller. Etre la petite amie d’un mec comme Tony, c’est un véritable job à plein temps. Et visiblement pas des plus gratifiants vu le surnom que lui donne le beau Tony : Nips. En raison « d’un de ses nichons bizarres ». Tony n’est que classe, vous dis-je ! Bon, il n’appelle sa copine uniquement pour lui rappeler son anatomie mammaire particulière, mais aussi pour lui rappeler qu’elle a promis de l’aider à dépuceler un ami commun, un certain cliché sur pattes et à bonnet du nom de Sid. Sid que Tony essaie d’appeler, mettant Michelle en attente, mais sans succès, le bougre étant une feignasse. S’en suit une longue scène où Tony appelle tour à tour les autres membres de la bande en mettant l’un ou l’autre en attente, histoire de nous présenter astucieusement l’ensemble de notre belle brochette de héros juvéniles. En vrac, nous faisons donc la connaissance de :

     

    -Chris, qui semble plus ou moins être l’homme aux multiples conquêtes de la bande et qui semble prendre la vie avec la décomplexion typiques des jeunes à casquettes. Il aime aussi porter des écharpes et des tenues aux couleurs bigarées et fantasmer sur sa prof de psychologie.

     

    -Maxie, dans le flamboyant rôle de l’homosexuel de service. Qui répond au coup de fil de Tony alors qu’il est en train de répéter son numéro de claquettes. A son crédit, on peut dire que le cliché du gai de la bande n’est pas plus poussé (que les claquettes, s’entend), car l’acteur nous évite la prestation maniérée typique de ce genre de rôles. De plus, Maxie semble afficher ouvertement sa sexualité et a tout l’air d’être aussi bien accepté que n’importe qui d’autre. Ce qui devrait (je dis bien « devrait ») nous éviter beaucoup de drama de facilité qui nous serait asséné avec la subtilité d’un coup de marteau géant (à la « Glee », pour citer l’exemple me venant le premier en tête…).

     

    -Anwar, qui joue le rôle du musulman, et donc de vague choc culturel. Il prie à la mosquée de son oncle tous les jours, ce qui ne l’empêche pas de laisser son portable allumé et de se faire virer du lieu saint. Bref, le jeune gars qui cherche à concilier les pratiques ancestrales de sa culture avec la vie mouvementée d’un jeune lycéen anglais. Pas grand-chose à  en dire de plus pour l’instant.

     

    -Jalander (dite Jal), qui remplit quant à elle le quota black du casting. Et comme la plupart des jeunes blacks d’un groupe dans une série télé, c’est la fille responsable, intelligente et qui excelle dans un talent impressionnant mais particulier (à savoir ici qu’elle joue –à merveille !- de la clarinette).

     

    Et enfin, cet ensemble ne serait pas complet sans le fameux Sid évoqué plus haut, qu’une astucieuse ruse de Tony (vraiment astucieuse, là, je n’étais pas ironique)  a enfin permis de tirer du lit. Sid est… comment dire. C’est un peu la synthèse de tous les personnages de ce genre. Mais si, vous savez bien !  Le puceau à lunettes, maladroit et ne sachant pas comment parler aux filles, voir comment interagir socialement tout court sans provoquer moult quiproquos. Et il n’est même pas spécialement intelligent (tiens, le quota geek n’est pas rempli, c’est fou !). Sans être crétin, il est tout de même naïf et se laisse embarquer dans les embrouilles de Tony. Le véritable prototype du suiveur dont le principal sujet d’inquiétude est la perte de sa virginité. Alors il profite du moindre moment pour s’entraîner. Littéralement. Il suffit que Tony le mette 30 secondes en attente pour nous présenter un autre membre du casting qu’on le retrouve en train de se palucher sous les couvertures, un magazine d’asiatiques à gros seins dans sa main libre. Sacré Sid ! Non mais bon, qui aurait idée de se lancer là-dedans en pleine conversation téléphonique ? Pour ma part, j’ai toujours préféré les hollandaises. C’est vrai, quoi !

     

    Bref, Sid veut coucher, et ça tombe bien : Tony a un plan. Tony, c’est celui qui a des plans. Consistant généralement à abuser et manipuler ses petits camarades, mais qui ont au moins le mérite d’être actifs. Ce soir, il va y avoir une soirée, et ce sera le moment idéal pour pousser Sid dans les bras d’une fille assez dépourvue d’estime de soi pour le faire entrer dans le monde des hommes (des vrais, qui ont une coupe de cheveux cool comme Chris ou Tony). Et le groupe se retrouve au café local pour discuter du programme, sorte de cellule de soutien pour Sid. Le rôle de Michelle étant de trouver la fille, au grand désarroi de Sid qui comptait un peu sur elle. Bah oui, le meilleur ami à lunettes du héros est amoureux depuis toujours de la copine dudit héros. Avouez que vous ne l’attendiez pas, hein ? Cela dit, la série ne perd pas non plus de temps en drama inutile de ce côté-ci, nous montrant que tout le monde est au courant, Sid affichant ses sentiments avec la subtilité d’un cosplayer obèse de Sailor Moon. Mais tout va bien, car Michelle a une copine assez délurée pour déniaiser notre ado à bonnet (Sid vivant en permanence avec un bonnet noir vissé sur la tête. A se demander s’il l’ôte pour prendre sa douche.). Une certaine Cassie, qui entre et sort de clinique psychologique en permanence pour cause de troubles alimentaires. Voilà donc Sid bien loti, ce qui ne l’empêche pas de bouder un peu devant son milshake en contemplant amoureusement la belle Michelle, occupée à aspirer le visage du beau Tony.

     

    Mais il est temps d’aller en cours et nos héros s’y rendent donc promptement, non sans que Tony ait donné l’adresse d’un dealer d’herbe à Sid. Car rien ne promet une expérience inoubliable et magique comme défoncer à la mari juana la folle de service pour qu’elle consente à se taper le p’tit bonnet.  De son côté, Sid profite donc d’un peu de temps libre pour aller chercher la came et se retrouve face à une maison close. Après quelques scènes façon théâtre de boulevard où les filles le prennent pour un client et où lui regardent de ses yeux ronds et la bouche ouverte, nous faisons la connaissance du dealer et, mes amis, laissez-moi vous dire que je me suis retrouvé devant l’un des personnage au look les plus improbables et génialement ridicules du petit écran de ces dernières années. Maddison « Mad » Twatter (car c’est son nom. Et non, ça ne s’invente pas), est un véritable festival à lui tout seul, tant l’acteur cabotine dans son rôle de petit nerveux à moustaches postillonnant. Il tremble des bacchantes, crachote, roule des yeux fous et menace à tout va. Il finit par céder de la dope à Sid, à crédit et avec la promesse de méchamment le châtrer s’il ne le rembourse pas en 48 heures. Je ne sais pas pourquoi, même si ça fait peu de temps qu’on connaît Sid, j’ai comme l’impression que c’est pas le type à qui ce genre d’affaires ne va pas amener d’ennuis… M’enfin, j’dis ça, j’dis rien. Le puceau quitte donc son nouveau dealer, et je me sens un peu triste : il me manque déjà (à ma grande joie, j’ai découvert que lui et ses moustaches étaient des personnages récurrents. La vie est cool, quand même. Comme Tony.).

     

    Tony qui, justement, passe une audition de chant dans un lycée privée pour filles en uniforme afin d’apporter un peu de baryton à l’ensemble. Bien évidemment, les écolières gloussent comme des écolières en contemplant le bel éphèbe et en écoutant sa belle voix (non, une baffe ne suffira pas…). Il s’avère même que la fête de ce soir est donnée par une de ces filles de la haute, Abigail. Tony lui fait des risettes, elle glousse un peu plus et je ne donne pas trois épisodes à Tony avant de la trousser derrière les rideaux aux dépends de  Michelle (si vous l’avez oubliée, c’est normal : jusqu’à maintenant et même jusqu’à la fin de l’épisode, elle ne sera là que pour faire la copine canon de Tony). Reste à convaincre Maxie d’annuler sa soirée gai où il a invité ses amis (pour leur présenter son monde) Chris et Anwar, afin qu’ils puissent tous aller supporter Sid ce soir. J’espère simplement qu’ils ne vont pas se réunir dans la chambre à coucher et faire cercle autour du jeune vierge et de sa promise en psalmodiant des mantras d’encouragement. Nos amis se retrouvent tous sur la pelouse du lycée pour rire et discuter, comme dans une pub, et les cours continuent. On rencontre notamment Angie, belle prof de psychologie, en crise de larme en plein milieu de son cour suite à une malheureuse histoire de mec. Chris s’empresse de la réconforter et on apprend même qu’il porte ses livres tous les jours pour mater son décolleté. En enseignante responsable, elle remarque son petit manège et… ne l’en dissuade pas vraiment, semblant même apprécier cette attention de jeune mâle en rut. Il est aussi à noter que tous les jeunes appellent leurs profs par leur prénom. Je ne sais pas si c’est ainsi que cela se passe réellement dans les écoles publiques anglaises, mais le fait mérite d’être noté. Et en parlant de profs, ces derniers comme les parents semblent encore plus barrés que les ados. Détail qui ne manquera certainement pas de prendre son importance par la suite, jouant astucieusement sur le fait que les adultes censés servir de modèles sont aussi barjes que leurs rejetons et élèves. Bref, c’est pas gagné !

     

    Mais avançons un peu et rendons-nous à la fête dans la baraque chic d’Abigail. Sans les autres garçons parce qu’ils sont à la soirée de Maxie et sans Jal parce qu’elle ne sert à rien dans cet épisode pilote. Tony, Sid et Michelle y retrouvent donc Cassie. Cassie est le dernier membre du groupe présenté au spectateur. Elle est blonde, s’habille de manière fantasque et dispense des regards de folle à tout va. Elle n’en est pas moins douce et gentille –très gentille, du genre à faire des câlins à n’importe qui rien que pour dire bonjour. Elle est décalée, sort tout juste –encore une fois- de clinique et s’exprime principalement par onomatopées d’émerveillement (« Waow ! »). Abigail accueille tout ce beau monde  et ils se joignent à la danse en compagnie des élèves chics (dont deux sur trois portent le même prénom, donnant lieu à un trait d’humour bien fichu). Cassie réorganise la cuisine de ses hôtes, guidée par sa compulsion, et Tony et Sid sont bien embêtés parce que personne ne veut acheter l’herbe de Maddison Twatter (uniquement pour le plaisir de réécrire son nom). Mais ils sont jeunes et fous et décident d’oublier leurs soucis. Michelle et Tony dansent avec les autres tandis que Cassie et Sid discutent. Cassie est partante pour dépuceler le petit Sid, mal à l’aise (on le comprend, cela dit). Cassie ne tarde pas à voir qu’il se meurt d’amour Michelle, ce qui n’a pas l’air de la déranger. Mais comme Sid ne peut pas perdre sa virginité dès le premier épisode, ils décident à la place de faire du trampoline.

     

    Quant à Maxie, Chris et Anwar, voyant que l’ambiance de la soirée gaie n’est pas au beau fixe (private joke : « Cuir, cuir, cuir moustache ! »), décident de prendre de l’alcool et de rejoindre la fiesta des gosses de riches. Ils se mêlent à la fête, Chris se déshabille à moitié sans raison et ils dégueulassent les beaux tapis de la môman d’Abigail avec leurs chaussures crottées.  Une bataille rangée éclate entre nos héros et les enfants gâtés, bataille interrompue par Sid portant une Cassie inanimée. La blonde a abusé de ses petites pilules, et ne se réveille plus ! Et là, ses amis ont la bonne idée d’appeler de suite une ambulance et de suivre les conseils des premiers secours ainsi que de… Ah, non, pardon. Je me suis emporté, ça s’est passé légèrement différemment : une jeune et accorte polonaise ayant flashé sur Chris vole les clefs d’une voiture pour eux, à condition de pouvoir mettre le garçon dans son plumard. Evidemment, les ados paniqués apprécient la logique de la solution et s’entassent tous ensemble plus la polonaise dans la voiture, conduite comme un fou par Tony. Après avoir risqué une centaine d’accidents et pendant que Chris et sa conquête commencent quasiment à copuler sur le corps de Cassie, cette dernière se réveille comme si de rien n’était alors qu’ils arrivent enfin à l’hôpital. Cette fille doit sans doute métaboliser les médocs, ou alors elle a gobé des tic tac et a piqué un somme et ce benêt de Sid qui ne connait rien à la vie n’avait rien compris. Enfin bref, le jour se lève et ils parquent la voiture sur les quais pour profiter du paysage pendant qu’Anwar va se soulager contre un arbre. Non, même si elle a vidé un tube de médics, le fait qu’elle se soit réveillée met Cassie hors de danger. Ce serait idiot de contrôler son état au cas où. Pas de temps à perdre, on est jeunes, on est fous, on est irresponsables ! Et en se chamaillant dans cette voiture bondée, on décroche par accident le frein à main (allez, je vous le dis tout de suite : c’est bine la faute de Sid.) et le véhicule et ses occupants finissent dans la rivière. Encore une fois, plus de peur que de mal et tous remontent à la surface sous le regard inquiet d’Anwar. Ca fera une sacrée histoire à raconter ?

     

    Et voilà que Sid décide de passer la nuit chez son pote Tony, tandis qu’ils se demandent ce qu’ils pourront bien faire pour rembourser Mad le dealer, étant donné que la dope a coulé dans la flotte avec la bagnole. Sacré Sid, va ! On retrouve même la voisine d’en face, visiblement déçue de ne pas voir le beau Tony à se fenêtre ce matin. Elle semble effectivement faire exprès de se trémousser à poils à heures fixes derrière sa fenêtre pour profiter des regards lubriques de son voisin d’ado. Quand je vous dis que ce sont les adultes, les plus tarés, dans cette série ! Mais Tony, fourbu (mais dont la coupe s’est déjà remis de l’accident), préfère rester au lit avec Sid pour discuter des évènements comme si de rien n’était. Après tout, il ne s’agit là que d’une voiture volée finissant dans la rivière, de trois livres de drogue perdue et d’un dealer menaçant. Aussi, ils ne passent que 5 secondes à essayer de se rappeler si Chris et la polonaise étaient toujours dans la voiture au moment des faites où s’ils les avaient déposés avant. Mais bon, ça ne les inquiète pas plus que ça, ce sont des oufs, et on sait bien que Chris reste au générique de la série (la polonaise, on s’en fiche).

     

    Et c’est sur cette belle image de Tony et de Sid allongés dans le lit, pensifs, que se conclut l’épisode pilote de cette chouette série qu’est « Skins ».

     

    Oui, vous avez bien lu, chouette série. Malgré tout ce que je peux en dire, et bien… ça marche. Ca marche même bien ! Notamment grâce à un casting excellent et naturel qui n’en fait pas des tonnes, surtout dans des rôles comme celui de l’homosexuel ou de la fille au désordre alimentaire. Et ça fait du bien. Les scènes se suivent avec habileté, la réalisation est impeccable et malgré pas mal de clichés, l’ambiance réussit à nous plonger dans ce petit monde de l’adolescence anglaise. On s’intéresse rapidement aux différents personnages (si, même Tony) et s’attache même assez vite à cette petite bande. Bien sûr, étant un pilote, tous ne sont pas mis en avant et l’épisode souffre des scènes d’exposition typique d’un premier épisode, mais cela ne gâche rien au plaisir. Et puis, il y a Maddison Twatter, PHD (pour « Pretty huge dick », comme il l’annonce fièrement.)Rajoutons une très bonne utilisation de la bande son et de belles images qui ne sont jamais forcées. « Skins » dispose dès de le départ de quoi se démarquer dans le monde des séries, sans tabou mais sans choquer gratuitement non plus. On a envie de voir ces personnages évoluer, d’en apprendre plus sur eux, et c’est là une grande qualité pour une série ! Bref, je n’ai qu’une envie : me plonger dans la suite de cette chronique moderne nous narrant les tribulations d’adolescents luttant pour se faire une place dans un monde complexe et pas toujours rose, avec des modèles adultes souvent bien plus barrés que leurs gosses. Bref, que du bon !

     

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    Et pour terminer...

     

     !!!FESTIVAL  MAD TWATTER!!!

     

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    "Mad Twatter, PHD. Means "Pretty huge dick". Har har har!"

     

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    Franchement, une tête pareille, ça inspire la confiance, hein?

     

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    Tiens, non.

     

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    "C'est moi, qu'tu regardes?" (Mad, ou une moustache à faire palir d'envie Nietzsche en personne)

     

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    "NE TE FICHE PAS DE MA MOUSTACHE, JEUNE IMBECILE!"

     

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    Purée, je m'en lasse pas. x)

  • La vie, c’est comme un monologue d’Albert Cohen

    Hop, une nouvelle historiette spontanée, sur l'envie et l'inspiration du moment! Ca fait plaisir de retrouver ses bons vieux personnages... -^^-

     

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    "Ce qu’il y a de terrifiant, avec la vie, c’est qu’on ne sait jamais quand elle va s’arrêter. Un peu comme un monologue d’Albert Cohen, en fait. On tourne fiévreusement les pages, se demandant quand arrivera enfin le point salvateur, et on tombe surtout sur des virgules placées ici et là qui nous projettent dans une nouvelle tournure sans crier gare alors que nous sommes toujours en train de nous demander ce qu’il a bien pu se passer les dix lignes précédentes. On a beau tenir de précises et détaillées notes de résumé, rien ne se déroule jamais comme on s’y attend. Et au moment où l’on pense enfin avoir compris ou que la résignation s’installe et nous permette de se laisser porter par le courant sans se poser de questions, paf, tout s’arrête sans prévenir et nous voilà bien embêtés. Sauf que, contrairement à la « Belle du Seigneur », on ne peut pas vraiment tourner la page quand la vie arrive à son terme (vous, vous auriez nettement préféré l’inverse).

    Cette réflexion sommes toute anodine –que toute personne a dû se faire un jour ou un autre sous une forme ou une autre- vous frappe régulièrement, comme ce matin alors que vous contemplez votre reflet fatigué dans le miroir de la salle de bain. L’œil encore à moitié fermé, la moitié inférieure de votre visage maculé de mousse à raser, vous observez d’un air aussi stupéfait que possible (et il est très dur d’avoir un bon air stupéfait à seulement six heures trente du matin) votre tête troublée par la buée. Derrière vous, le bruit de la douche cascade comme un torrent de montagne –mais  bien après qu’il ait quitté sa montagne, rejoint deux fleuves, un canal et termine sa course piteuse dans le conduit glauque des égouts d’un quartier industriel. Habitué à la tuyauterie capricieuse de votre appartement qui vous donne certes de l’eau propre mais dans un concerto sonore de gargouillis effroyables, vous ne prêtez guère plus d’attention à la voie joyeuse de votre compagne derrière le rideau (votre compagne faisant partie de ces gens détestables qui se lèvent presque toujours de bonne humeur et ne manquent pas une occasion de le faire savoir au reste du monde qui, lui, aimerait bien remettre la tête sous l’oreiller). Oui, c’est en plein cœur de la tâche routinière de votre rasage que vous stoppez soudainement tout mouvement comme un lapin couvert de chantilly dans la lumière des phares. L’esprit choisit parfois des moments incongrus pour se lancer dans une introspection surprise, vous avez fini par le savoir. Ce qui ne vous embête pas réellement en cet instant précis, étant donné que vous détestez vous raser. C’est une tâche que vous trouvez profondément rébarbative, immensément ennuyeuse et intensément morne. Ainsi que généralement douloureuse car vous êtes incapable d’y arriver au bout sans vous être coupé au moins deux fois (vous n’usez pas de rasoirs électriques : ils vous irritent et vous passer le reste de la journée à vous gratter le visage comme un lépreux au bord de la folie). Vous voilà donc, la moitié du visage rasé de près et zébré de rouge, l’autre encore couverte de mousse blanche. C’est donc l’air d’un père Noël zombie que vous vous retrouvez soudain à pondérer sur l’incertitude de l’existence.

    Contrairement à d’autres accès d’angoisse subite, ce n’est pas l’angoisse de la mort qui vous étreint de si bon matin. Non, là tout de suite, c’est plus spécifiquement cette histoire de temps qui passe qui vous turlupine. Le fait que la vie s’écoule et s’évapore soudainement comme les grosses gouttes de condensation sur votre figure dans le miroir, ça vous rend tout à coup songeur et vaguement mal à l’aise. Principalement parce que vous vous demandez ce qu’il pourra bien rester de vous une fois que vous ne serez plus de ce monde. Pour la majeure partie de votre vie, vous avez eu peur de vous retrouvez seul et coupé du monde l’âge venant, tous liens brisés ou oubliés, réduits en poussière par les affres du temps. Quand vos parents ne seront plus de ce monde, que votre famille proche les aura suivis et quand vous serez vieux, aigri et sans amis, avec des pièces de cuir cousues aux coudes de votre robe de chambre. Et puis, la vie étant ce qu’elle est, vous avez récemment commencé à vous dire que le futur ne sera pas aussi dramatique. Ne serait-ce que parce que vous êtes enfin capables de tisser de nouveaux liens durables.

    Mais est ensuite venu le problème de l’héritage. Qu’est-ce que vous allez bien pouvoir laisser derrière vous une fois disparu ? Au final, votre plus grande crainte morbide se voit reliée à l’oubli, et vous vous retrouvez soudain à espérer qu’il restera autre chose de vous que les vieilles photos de mariage (le premier) de tata Glenda, où vous aviez abusé sur le vin doux et les canapés aux crevettes. Car, après tout, une fois arrivée à son terme, la vie ne vous laisse pas cinq minutes supplémentaires pour rendre votre copie. Elle peut même vous taper sur les doigts en plein milieu de l’interro avant de vous faire sortir de la classe sans raison, pour ne plus jamais y revenir. Vous êtes là, en train de vous raser et pouf, vous pourriez très bien vous écrouler au milieu de votre salle de bain, la tête dans le panier à linge sale. On ne sait jamais quand tout va s’arrêter, que le monologue va trouver son point final et que le livre va se refermer. C’est comme se retrouver sur la scène, dans le premier rôle d’une pièce de théâtre dont vous ne connaissez même pas les derniers actes, avec la peu de ne laisser derrière soi que de mauvaises critiques et une photo de profil ratée sur l’affiche. Non, franchement, qu’est-ce que vous pourrez bien laisser derrière vous ? Quelques bouquins publiés par-ci par-là qui ne seront certainement pas enseignées dans le programme de littérature d’une classe sur Neptune, des souvenirs dans la tête de gens qui ne tarderont pas eux non plus à tirer leur révérence et une traînée considérable de papiers froissées de caramels au beurre salé (un de vos pêchés mignons). La première fois que vous avez constaté tout ceci, vous avez tout naturellement -et histoire de repousse le problème- décidé de vivre jusqu’à cent cinquante ans (au moins). Parfaitement, vous alliez faire du sport tous les jours, avoir une alimentation équilibrée et une hygiène de vie aussi saine et pure que le cœur d’un moineau nouveau-né dans un film de Walt Disney. Inutile de dire que vous avez pédalé vingt minutes sur un vélo d’appartement et mangé deux jours des céréales light dans du lait écrémé et des fruits frais avant de craquer en sanglotant et d’oublier ces bêtises (le vélo sert aujourd’hui de porte-manteau dans l’entrée). Alors vous n’aviez plus qu’à repousser le problème, à se dire que vous aurez tout le temps d’y penser la prochaine fois et que les nouvelles pages demandées par votre éditeur n’allaient pas s’écrire tout seul (malgré votre  ton enjôleur et vos nombreuses cajoleries).

    Tout ça pour vous retrouver à nouveau frappé par l’inévitable, là, à six heures trente du matin devant votre miroir tandis qu’une voix guillerette chantonne du Michel Sardou à l’arrière-plan. Vous vous demandez aussitôt si vous lancer dans une carrière dans la chanson ne réglerait pas vous problèmes d’héritage, mais vous repoussez aussitôt l’idée : vous ne savez que massacrer allégrement du Ballavoine ou de vieilles comptines de votre enfance. Vous pourriez plutôt vous lancer dans une palpitante saga de romans fantastiques sur vingt génération de héros, comme cela semble être la mode, mais vous avez pertinemment qu’écrire la même chose finirait très vite par vous lasser et que votre esprit se focalise sur n’importe quelle autre activité hasardeuse pour se changer les idées, comme la peinture sur verre ou le base jumping (ce qui ne risque pas de favoriser votre espérance de vie). Du coup, l’heure grave. Que vous reste-il donc à faire ? Un enfant, comme toutes ces personnes stressées par leur horloge biologique, et en profiter pour forcer cette réplique miniature de vous-même à faire tout ce que vous n’avez pas pu faire, comme jouer du violon ou apprendre le mandarin ? En vous rappelant le fou rire interminable de votre bien aimée lorsque vous aviez un jour mis sur le tapis la question d’avoir éventuellement une descendance un jour (vous la soupçonnez d’ailleurs de croire encore aujourd’hui que vous blaguiez), vous écartez également cette pensée.

    Mince alors, vous voilà bien maraud.

    Fiévreusement, vous essayez de vous rappeler comment ce vieux roublard de Cohen s’en sortait pour rebondir dans un de ses fameux monologues, quand le miaulement incroyablement sonore pour sa taille de petit chat parvient à vos oreilles. Le monstre a faim, là tout de suite, et ne soucie visiblement pas plus du futur incertain de la vie que de littérature française. Le premier n’est sans doute intéressant que parfumé au saumon, et la seconde pour tapisser sa litière. Vous enviez son esprit simple (et le fait qu’il n’ait nul besoin de se raser). S’ajoutent au bruit ambiant les premières notes fluettes d’un tube des Beatles, Sardou ayant finalement déclaré forfait. Comment voulez-vous sérieusement réfléchir à la vacuité de l’existence dans un moment pareil, hein ? Pas étonnant que les philosophes n’aient que rarement eu des compagnes permanentes (ou des chats, à ce que vous en savez). Il est beaucoup plus facile de s’appesantir en angoisses existentielles lorsqu’on est seul.

    Et c’est tout bêtement fort de cette constatation que vous vous mettez soudain à sourire. Déjà, votre main recommence mécaniquement à vous raser tandis que votre esprit s’éclaircit, comme libéré, et que vous décidez… que vous aurez tout le temps de réfléchir à tout ça demain. Vous n’êtes pas à un jour près, après tout.

    Et puis, au fond, vous avez toujours préféré les dialogues."